« L’argent, c’est le nerf de la guerre », dit un adage populaire. Et c’est ce qui est en train de s’appliquer actuellement à l’Association guinéenne des éditeurs de la presse indépendante (AGEPI). Depuis le partage de la subvention que l’État a accordée aux médias privés, l’Agepi navigue en eaux troubles. Des journaux se plaignant d’avoir été lésés par le partage du « butin » crient au vol. D’où leur décision d’évincer Moussa Iboun Conté, président de l’association. Mais ce dernier nie toute implication dans ce partage de la subvention.
« Les gens n’ont pas travaillé avec les archives de l’AGEPI. Ils ont travaillé avec la Haute Autorité de la Communication (HAC). Toute la situation des dépôts des journaux c’est à partir de la HAC. Mory Fofana, le commissaire de la HAC a participé aux travaux de la commission composée de l’AGEPI et de l’UPLG. Pour une question de transparence, il y a l’affichage de la répartition partout. On a même prévu des cas sociaux. Ce qui n’est pas normal. Quand un journal est recalé, il est recalé. Ils ne veulent même pas que la commission fasse le calcul sur 12 mois. Ils veulent que ce soit sur 8 mois », explique Iboun Conté.
Ces propos sont appuyés par une déclaration lue lundi 25 mars par le Secrétaire général de l’AGEPI, Mamadou Siré Diallo: « l’État des lieux du dépôt des journaux aux archives de la HAC a été effectué en présence de l’équipe dudit service et du commissaire Mory Fofana. Cette commission a procédé à la répartition de la subvention sur la base de cet état des lieux de pourcentage : 50% pour les hebdomadaires, 75% pour les bimensuels et 100% pour les mensuels, dont l’ancienneté est de 12 mois. »
Moussa Iboun Conté estime que la subvention a plutôt fragilisé les journaux, au lieu de les rendre forts: « au lieu qu’elle contribue à la floraison des journaux, la subvention a contribué à éclater, à émietter davantage la presse écrite. C’est pourquoi vous avez une sorte de floraison de petits journaux, des gens qui quittent l’école et ne passent même pas par la période de stage, ils sont directeurs de publication, rédacteurs en chef, secrétaires généraux, agents commerciaux et reporters. Ils n’ont pas de siège et personne ne veut les dénoncer. »
L’actuel bureau exécutif de l’AGEPI a été mis en place en 2015. Donc pour le renouveler, le président, qui n’a pas le droit de présenter sa candidature pour sa réélection, doit convoquer un congrès électif. Moussa Iboun Conté dit qu’il s’y prépare et reste ferme sur la qualité des participants à ce congrès : « L’Agepi, c’est une association où on a une pléthore de journaux, mais chaque année on a que 16 organes qui paient la cotisation. Si on va organiser le congrès on va aller avec les 16. Et bientôt vous allez être convoqués au congrès de l’Agepi et ne seront dans la salle que les organes à jour de leur cotisation. Moi je ne serai pas candidat, mais aucun journal qui n’est pas à jour de sa cotisation ne sera dans la salle. On est ferme là-dessus. »
Mieux, le bureau exécutif dirigé par Moussa Iboun menace de porter plainte contre ceux qui vont ternir l’image de l’Agepi.
« […] En tout état de cause, le bureau exécutif se réserve le droit de poursuivre devant les juridictions guinéennes tout individu qui tentera, illégalement et en violation des statuts et du règlement intérieur de l’Agepi, pour quelques motifs que ce soit, de saper l’image de l’association », a fait savoir le Secrétaire général de la structure, Mamadou Siré Diallo.