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Hommage : « C’est Abdoulaye Bah qui vous parle » – Par Jacques Lewa Leno

Excusez. Pour une fois, je vais utiliser le je. Je m’exprime au singulier parce que les prochaines lignes n’engagent que ma personne dont vous n’entendrez plus la voix. Alors au nom de Guinéenews©, je vous parle. Je ne sais pas si vous m’écoutez, mais, ne me donnez aucune occasion de crier. Je n’en ai pas l’habitude. Je ne veux rien improviser. Et pour un lendemain de fête, ma joie ne peut qu’être immense.

Je vous parle de Kaloum, sur l’avenue de la République. Je n’ai aucun complexe de vous le dire, je suis à proximité des cambistes les plus rusés de notre belle capitale. Détrompez-vous, je n’ai aucun dollar à convertir. Les convertisseurs sont dévêtus depuis que la caisse unique a été créée par notre cher président.

Je vous parle des dernières nouvelles. Les nouvelles du premier ministre ? Elles sont bonnes. Il vient d’initier une vaste opération d’assainissement de la ville de Conakry. L’opération a lieu la nuit quand tout le monde part se coucher. Je vous parle du rond-point de Matoto. Des lives, je vais vous en donner suffisamment. Je vous donnerai les détails des travaux en cours. Ah ! vous saurez que les déchets sont immenses et ne veulent pas se faire ramasser. Je ne les ramasserai pas pour vous. Je vous inciterai plutôt à les dégager de ce grand marché épargné des incendies épisodiques.

Je vous parle avec courage, parce que s’exprimer auprès de cette puanteur, c’est décider du tout pour le tout. C’est travailler pour être mal payé. Je ne suis pas payé pour curer les caniveaux. Je suis payé pour écrire et vous faire rire. Je ne suis pas assuré. Mais je me contente du peu qu’on me donne à la fin du mois. Je ne fume pas. La chicha, droguée soit-elle, l’alcool ne m’intéresse pas. Mes dents ne sont certes pas blanches comme neige, mais je vous les montre pour que vous soyez convaincus de mon enthousiasme d’être à côté des commis de l’Etat.

Je vous parle de mon parrain. Ah non, je vous parle du nouveau ministre des travaux publics. Il est là avec moi. Il y a peut-être un décalage horaire inédit, mais il est 4 heures du matin. Je ne parle pas que de lui. Je parle aussi des ministres de la jeunesse et de la ville, ils sont là. Auprès des ordures et de Sory Camara, le directeur de l’agence de la salubrité publique. Je vous parle des femmes, les vaillantes vendeuses de légumes. Vous, vous continuez à dormir comme des fils à papas, mais elles sont déjà là. Protégées contre la chaleur. A cette heure, si vous avez froid, c’est que vous avez des provisions pour vos enfants.

Je vous parle maintenant de l’hôpital de l’amitié sino guinéenne. Je vois du monde, je ne sais pas pourquoi, mais je suis simplement peiné de voir ce beau monde défiler. Qu’y a-t-il de si étonnant lorsque les fêtards bien nés vous percutent avec les véhicules de leurs pères trop bien élevés ? Je ne suis pas choqué. Les larmes qui inondent les tempes et joues sont sûrement celles des citoyens qui veulent sauver des vies. Il n’y a aucune vie à sauver, moi je m’en vais à Dinguiraye. Chacun à son berceau. Et pour respecter la tradition, je repars à la source pour me reposer. Je vous laisse votre Conakry et ses ordures et ses caniveaux bouchés. Je bouge jeudi. Je passerai par Linsan. Je prendrai pour vous l’image de ce pont qui préoccupe mon ami Naité. Ah Linsan de Fatou. Elle a laissé une chanson que j’aime bien réécouter : Jombamma, ça me rappelle le jour de mon mariage avec ma tendre Nen Mariama Louise Bah Prenez soin d’elle, je l’aime bien. Je vous aime tous.

Par Jacques Lewa Léno, journaliste au groupe Hadafo Médias

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