«Nous avons parlé de la conjoncture Internationale et d’un problème de protocole. Mais très malheureusement, lundi, on ne nous a pas montré la structure des prix ni le protocole. Au niveau de notre organisation, nous avons été très catégoriques. Nous avons dit à la ministre de surseoir à toute augmentation en cette période et surtout de retravailler sur la structure des prix. De demander aux importateurs, à la chambre des commerces de publier la masse de commerce. »
À quelques mois du début du jeûne musulman et chrétien, le ministère du Commerce a procédé lundi, 30 janvier 2024 à la fixation des nouveaux prix des denrées alimentaires de grande consommation en Guinée. Cette décision des autorités est intervenue à un moment où la population est frappée de plein fouet par la cherté de vie. Du côté des structures de défense du droit des consommateurs en Guinée, cette décision n’est pas la bienvenue. Pour elles, il s’agit d’une décision qui représente un danger pour le peuple, y compris le gouvernement.
Interrogé sur la question par Guinéenews, M’bany Sidibé, président de l’Union pour la Défense des Consommateurs de Guinée, a martelé son opposition face à cette décision. Il dénonce n’avoir pas connu le contenu du protocole avant sa signature.
«Nous avons été convié le lundi passé à une réunion avec le ministère du Commerce à la demande de madame la ministre. Nous avons parlé de la conjoncture Internationale et d’un problème de protocole. Mais très malheureusement, lundi, on ne nous a pas montré la structure des prix ni le protocole. Au niveau de notre organisation, nous avons été très catégoriques. Nous avons dit à la ministre de surseoir à toute augmentation en cette période et surtout de retravailler sur la structure des prix. De demander aux importateurs, à la chambre des commerces de publier la masse de commerce. Au niveau de l’État aussi, de voir les impôts et taxes pour avoir une fiscalité intelligente afin que le prix soit revu à la baisse. Au lieu de ça, il a été revu à la hausse. Ils nous ont fait comprendre qu’il y a eu une augmentation de 20% sur les exportations et que cela a modifié les choses. Mais nous, nous pensons que c’était du côté du riz. Nous sommes très surpris que cela soit le sucre et les autres produits. Cela veut dire que c’est un très mauvais signe non seulement pour nous les consommateurs mais aussi pour le gouvernement. Donc nous, nous avons refusé d’assister hier à la cérémonie de signature. Parce qu’on ne connaissait pas le contenu », a-t-il révélé.
Selon M’bany Sidibé, les prix augmentés par les autorités sont inacceptables et discriminatoires. « Le contenu qui nous a été transmis est très révoltant. Parce que le gouvernement est en train de promouvoir les prix discriminatoires. Imaginez-vous dans un même État on essaye d’avoir des prix différents dans les préfectures et sous-préfectures. Ce n’est pas normal. Parce qu’il y a une loi qui règle les questions de prix en Guinée et elle est très catégorique que : “le consommateur doit acheter le bien ou le service à un prix unitaire TTC uniforme sur l’étendue du territoire national.” Cela veut dire que si c’est 340.000 GNF à Conakry, ça doit être le même prix sur toute l’étendue du territoire. Donc dès maintenant que nous avons commencé les démarches, nous allons officiellement demander une renégociation de ce protocole. Afin de revoir les prix à la baisse. Parce que nous rejetons forcément les augmentations à cette période et nous souhaitons que le gouvernement essaye d’écouter. Parce que nous, nous attendons à ce que le prix du riz soit dans les 310.000 et 320.000 mais nous avons été très surpris qu’on parle de 340.000 », a-t-il interpellé.
Une interpellation qui s’accompagne, par ailleurs, d’une menace de manifestation pacifique au cas où l’État ne revenait pas sur sa décision. « Nous allons nous battre par tous les moyens pacifiques et légaux. À commencer par les recours, la dénonciation. Au pire des cas, aller vers des protestations pacifiques », a-t-il laissé prévenu.