Le projet initial du président Doumbouya était un simple remaniement ministériel qui se préparait calmement, mais les événements vont se bousculer ce lundi 19 février 2024, précipitant la décision présidentielle.
Tout est parti des injonctions ordonnées par le ministre de la Justice Charles Wright interdisant la sortie du territoire à tous les DAAF de tous les départements ministériels et à tous les directeurs des EPA. Le Premier Ministre Bernard Gomou avait très mal pris cette décision de son ministre, estimant que la question devait être discutée au préalable en conseil des ministres. Charles Wright, dans une réplique cinglante, refusa d’obéir aux consignes données par le Premier Ministre.
Conséquence: Bernard Gomou obtint difficilement à la Présidence des ordres de mission pour certains fonctionnaires concernés par l’interdiction de Charles Wright et qui devaient participer à Dubai, à la Table ronde des bailleurs de fonds, devant financer les projets de la Transition . Le Premier Ministre Gomou, qui présidait cette réunion aux Émirats Arabes Unis, vécut très mal cette situation, tout au long de son séjour à Dubaï. Arrivé à Conakry le dimanche 18 février dans l’après-midi, il fonça le lendemain très tôt dans son bureau pour signer un arrêté suspendant le ministre de la Justice Charles Wright de ses fonctions. Il demanda à un de ses proches collaborateurs d’aller faire enregistrer son arrêté au Secrétariat Général du Gouvernement. C’est le Secrétariat Général du Gouvernement qui informa la Présidence du projet du premier ministre de suspendre Charles Wright.
Le PM voulait suspendre Charles Wright
Surpris, le Général Amara Camara, Ministre Secrétaire Général à la Présidence, tenta de faire raviser le premier ministre Gomou, sans succès. Et comme, celui-ci avait déjà réussi à obtenir un numéro d’enregistrement pour son arrêté, il décida de le notifier par un de ses collaborateurs à la Primature à Charles Wright en main propre, pour éviter les fuites sur les réseaux sociaux.
Mais, Charles Wright avait déjà été informé par le secrétaire général du Gouvernement Abdrahmane Sikhé Camara, venu plus tôt à son bureau, lorsqu’il était en audience avec des responsables de presse.
En représailles, Charles Wright, très irrité, fit sur-le-champ une nouvelle injonction au procureur général de Conakry afin de mettre aux arrêts immédiatement le Premier Ministre Gomou, pour entrave à la justice. Mais, Wright, avant de transmettre son injonction au procureur général, prit soin d’appeler à la Présidence pour les informer de sa décision.
Charles Wright voulait faire arrêter le PM
Alerté, le président Doumbouya appelle Bernard Gomou et Charles Wright et leur donne l’ordre de surseoir à toutes leurs actions. Une réunion d’urgence a eu lieu dans la foulée, entre le cabinet présidentiel et les membres du CNRD. Vu la menace de chienlit, l’option de la dissolution du gouvernement a été choisie plutôt qu’un remaniement. Et la décision a été prise de la diffuser immédiatement, sans attendre le journal télévisé de la RTG, pour devancer une éventuelle fuite de la décision de Gomou ou celle de Wright. On connaît la suite.