Le Premier ministre, Bah Oury, ne pourra bénéficier confortablement et longtemps de la trêve sociopolitique traditionnellement accordée à chaque locataire de la Primature. Après son installation ce jeudi 29 février au Palais de la Colombe (le nom de la Primature en Guinée), le terrain et ses nombreuses et dures réalités : la formation du nouveau gouvernement, la lutte contre la cherté de vie, l’épineux problème de ravitaillement du pays en carburant après l’incendie du principal dépôt pétrolier de Coronthie. Le compte à rebours a bien commencé pour sortir la Guinée du marasme économique et de l’impasse sociopolitique. Cet objectif qui, pour le général Mamadi Doumbouya et pour les Guinéens, est non négociable. Fort de son expérience politique doublé du technocrate qu’il est, Bah Oury, a pris dès sa nomination, l’engagement devant le Chef de l’État de mettre en œuvre promptement toutes les instructions.
Si le pari est grand et mobilisera, à coup sûr, les énergies et les attentions, la situation politique actuellement délétère, n’occulte pas les autres chantiers ouverts et les défis qui attendent. Aussi, le futur gouvernement devra se mettre à la tâche pour accélérer la mise en œuvre du programme «une Guinée solidaire». Il vise à consolider les acquis des deux dernières années et à accélérer le processus de transformation structurelle de l’économie nationale. Ce programme de société a pour objectif premier, l’amélioration des conditions de vie des populations comme aime à le dire le Chef de l’État. « Nous accordons une attention particulière au traitement diligent des préoccupations des populations sur toute l’étendue du territoire ».
La lutte contre la vie chère est l’un des leviers importants pour être au plus près des préoccupations des populations. L’exécution de ces programmes comporte des exigences pour chaque futur membre du gouvernement à travers la réalisation de projets concrets qui se traduisent en termes de consolidation des indicateurs sociaux du pays.
Le général Doumbouya n’a jamais cessé d’appeler » le gouvernement à plus d’actions, à davantage de résultats et à faire preuve d’ingéniosité créative pour répondre chaque jour encore mieux, aux attentes des populations « . Il réaffirme ainsi la place de l’homme au cœur de cette ‘’Guinée solidaire’’.
Dans un contexte mondial marqué par la hausse des prix de certains produits de grande consommation, le nouveau gouvernement qui sera mis en place doit renforcer la lutte contre la cherté de vie et surtout poursuivre les efforts pour répondre efficacement à la problématique de la sécurité alimentaire.
Pour ce faire, il faut le plafonnement des prix des denrées de première nécessité ; l’interdiction, sauf autorisation du ministre du Commerce et du chargé de l’exportation des produits vivriers de grande consommation notamment afin de garantir la desserte des marchés intérieurs. Les nouvelles autorités doivent appuyer financièrement les acteurs du secteur du vivrier afin de faciliter l’approvisionnement des marchés ; lancer la campagne d’introduction et de vérification des instruments de mesure, sans oublier l’affichage des prix des produits réglementés. Penser enfin à la réalisation des marchés de gros à Conakry, à Boké, à Kankan, à Labé et à N’Zérékoré. En un mot, le futur gouvernement doit adopter des mécanismes de nature à augmenter, de façon durable, l’offre de produits agricoles et de protéines animales et halieutiques afin de couvrir les besoins des populations. Il s’agit de la modernisation de l’agriculture et de la production animale et halieutique avec le recours à la mécanisation, à l’irrigation et aux engrais, afin d’assurer la disponibilité en toute saison des produits vivriers
Le gouvernement que Bah Oury mettra en place les jours à venir, devra donc travailler au développement des chaînes de valeur intégrées dans trois domaines spécifiques qui sont : l’alimentation et les ressources halieutiques ; le numérique et le développement d’une économie de services et l’industrie.