Dans la foulée des festivités d’un an de la prise du pouvoir par le Colonel Mamadi Doumbouya prévues dans trois semaines, un nouveau gouvernement sera nommé, selon plusieurs sources proches du Palais Mohamed V.
La transition a besoin d’une rectification, et Doumbouya semble s’en être de plus en plus convaincu. Surtout qu’en Guinée, toutes les transitions militaires se sont faites en deux temps, avec leurs rectifications. C’est ainsi que Lansana Conté a fait d’abord le gouvernement du CMRN, avant de le corriger plus tard par le gouvernement du CTRN. Ensuite, il y’a eu en fin 2008 le gouvernement de transition de Dadis Camara, qui a été rectifié un an plus tard par le gouvernement de Sékouba Konaté, nous rappelle-t-on.
Si l’identité du futur premier ministre du gouvernement de rectification n’est pas clairement connue d’abord, on annonce quelques départs, mais surtout beaucoup de permutations des ministres.
Quant à la primature, l’identité de son locataire dépendra de l’évolution de la médiation de Yayi Boni et surtout de la nature de la décision que les chefs de l’Etat ouest-africains prendront contre la Guinée en visioconférence dans les prochains jours. Le profil du premier ministre choisi dépend selon qu’il y’ait des sanctions légères, des sanctions sévères, ou pas de sanction, nous informe-t-on.
En attendant, plusieurs noms circulent.
Mohamed Béavogui : Bien que ses détracteurs l’aient déjà enterré, alors qu’il est en train de se soigner à Rome, Mohamed Béavogui a encore la confiance du Colonel Doumbouya. Si ce n’était pas le cas, rien n’empêche Doumbouya de le limoger, s’il avait fui ou s’il n’était pas malade, comme le prétendent les détracteurs de Béavogui, apprend-on.
Me Abdoul Kabèlè Camara : le nom de cet avocat, homme politique et diplomate revient avec insistance. Il fut ministre des affaires étrangères en 2007 dans le gouvernement de Lansana Kouyaté, il devint également ministre de la défense nationale et plus tard celui de la sécurité lors du premier mandat d’Alpha Condé. Il est réputé avoir un énorme carnet d’adresses et être très influent en Guinée et ailleurs. Il connait bien l’administration, l’armée, la police et la classe politique guinéennes. And the last, but not the least: c’est lui qui aurait signé en 2011 l’arrêté d’enrôlement de Mamadi Doumbouya dans l’armée guinéenne.
Moussa Cissé : l’actuel ministre du budget et natif de Kindia est réputé être un homme compétent, rigoureux et sérieux. En dépit d’un contexte politique national et international difficile, ses réformes et mesures ont permis une certaine appréciation durable du franc guinéen par rapport aux devises étrangères. Grand connaisseur des arcanes de l’administration guinéenne et des finances internationales, Moussa Cissé, ancien élève de l’ENA, est un homme apprécié par le Colonel Doumbouya, au point qu’il est cité parmi les potentiels occupants de la Primature.
Kalifa Gassama Diaby : ce juriste quinquagénaire était déjà pressenti pour la primature, avant que le Colonel ne jetât son dévolu sur l’actuel locataire du Palais des Colombes. Compétent, sérieux et intègre,
il est respecté à la fois par toute la classe politique guinéenne et les milieux diplomatiques. Il peut être un bel atout pour tirer, le cas échéant, la junte militaire de son mauvais pas.
Oury Bah : Ce banquier, homme politique et ancien ministre de la réconciliation nationale est très respecté par les autorités actuelles, apprend-on. Il connaît parfaitement la classe politique guinéenne. Il peut jouer un rôle majeur comme premier ministre pour l’apaisement des tensions sociopolitiques.
Makalé Traoré : Docteure en droit, ancienne ministre, ancienne membre du CNT, activiste de la société civile, cette dame de 60 ans dirige un parti politique qui a été candidat à la dernière élection présidentielle. Son intelligence, son ardeur au travail, lui donnent des atouts certains pour le job.
Quant à l’actuel premier ministre intérimaire Bernard Gomou, nos sources nous disent que ses chances de conserver la fonction sont faibles, tant le personnage est évanescent et translucide. A moins que cela ne soit considéré comme des qualités pour diriger le gouvernement de rectification