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Guinée: un an après l’ouverture du procès du 28 septembre, la peur d’un long arrêt hante toutes les parties

Le 28 septembre 2022, s’ouvrait à Conakry le procès sur le massacre de plus de 150 personnes au stade de Conakry. Un an après, les victimes commémorent cet évènement douloureux avec la crainte de voir le procès s’arrêter pour une longue période en raison du bras de fer entre le ministre de la Justice et les magistrats.

Le procès reprendra-t-il, comme prévu, le 3 octobre prochain ? C’est la principale question que se posent les parties à ce procès (ONGs de défense des droits de l’homme, avocats de la partie civile et avocats de la défense), pendant qu’on commémore ce jeudi le 14ème anniversaire de l’événement. D’autant plus que depuis plusieurs semaines, rien ne va entre le ministre de la Justice et des magistrats qui dénoncent entre autres, la violation des textes à travers la suspension de plusieurs magistrats de leurs fonctions et la publication sur les réseaux sociaux des actes de suspension. Ces derniers ont alors décidé de procéder à un débrayage, puis il y a eu un sit-in et pourraient passer à la grève dès ce vendredi 29 septembre.

OGDH et les avocats des victimes entre crainte et espoir

Pour l’Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme (OGDH), la situation est très préoccupante. Elle craint surtout que le droit à être jugé dans un délai raisonnable ne soit respecté pour les accusés. « La reprise du procès est un moment important pour nos organisations et les victimes qui luttent pour obtenir justice dans cette affaire depuis plus de 13 ans maintenant. Bien sûr que oui, la grève en cours des magistrats est quelque chose qui nous préoccupe en tant qu’organisation des droits de l’homme dans la mesure où cela impacte sur le fonctionnement normal des cours et tribunaux. Comme vous le savez, le droit d’être jugé dans un délai raisonnable figure parmi les droits fondamentaux de chaque citoyen. Avec l’approche de la reprise du procès alors qu’aucune issue n’a encore été trouvée à cette situation, cela constitue pour nous une préoccupation dans la mesure où comme vous le dites, cette situation peut perturber la tenue normale des audiences. Toutefois, nous osons croire que la même volonté politique qui a conduit à la création des conditions pour ouvrir ce procès emblématique dans un contexte de transition pour juger des crimes aussi graves que celles commises le 28 septembre 2009, salué par l’ensemble de la communauté nationale et Internationale, va prévaloir et que les autorités vont travailler pour anticiper toutes les situations qui pourraient perturber  la reprise des audiences », a confié Alseny Sall de l’OGDH a un reporter de Guinéenews.

Me Alpha Amadou DS BAH, un des avocats de la partie civile, craint également des impacts négatifs du débrayage des magistrats sur le déroulement du procès. « Si le renvoi devait être ordonné parce que les magistrats sont en grève, cela aurait certainement des conséquences. Puisque les victimes attendent que soit rendue. Il y a la crainte que cette affaire ne se poursuive et que le renvoi ne soit systématique », a exprimé l’avocat. Croyant aux médiations en cours, notamment celle menée par le barreau, Me BAH espère qu’on n’en arrivera pas à ce niveau. « Je pense que les gens auront raison garder pour que cette affaire ne soit pas renvoyée […] Nous croisons les doigts et nous pensons qu’il n’y aura pas de renvoi et que le Garde des sceaux et les magistrats trouverons une solution à cette crise qu’il ne faut pas minimiser parce qu’il concerne une Institution judiciaire qui est primordiale et régalienne d’un Etat de droit », espère l’avocat.

 Pour l’avocat, la justice étant incontournable dans un pays, il faut absolument que cette situation soit réglée le plus vite que possible pour qu’il n’y ait plus de renvoi et que cette affaire judiciaire puisse connaître son épilogue.

La défense n’est pas non plus pour un renvoi…

Comme ses confrères de la partie civile, Me Abdoulaye KEITA, avocat de l’accusé Moussa Tiegboro CAMARA, n’est pas pour un arrêt du procès. Pour lui, pas question d’en rajouter à la souffrance des accusés qui vont déjà très mal en prison. « Si on dit qu’il n’y a pas d’audience, ça va beaucoup fatiguer nos clients. Ils sont en prison depuis combien de temps alors que les audiences ne se tiennent pas ? Cela va énormément jouer sur eux si on renvoie. Quand on renvoie, la défense du Colonel Tiegboro va prendre la parole pour s’y opposer. Parce que cela va causer énormément de difficulté non seulement à nos clients mais va jouer sur d’autres programmes que nous avons. Tout ce que je peux dire, les magistrats et le département doivent revoir leur position ; s’entendre sur quelque chose pour que nous puissions vraiment continuer les audiences. C’est tout ce que nous voulons », a dit l’avocat.

La crainte des parties va-t-elle se concrétiser le 3 septembre ? On pourrait déjà avoir une réponse dès ce vendredi, à l’issue de l’assemblée générale extraordinaire de l’Association des Magistrats de Guinée.

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