Une année finit, une autre commence. Durant l’année 2021 qui se termine, le monde culturel aura été partagé entre agonie, résilience et espoir. Une situation liée à la crise sanitaire due au Coronavirus avant que l’espoir ne renaisse.
Cette renaissance fait suite au coup d’Etat survenu le 5 septembre dernier, à la grande satisfaction des artistes et autres promoteurs ou acteurs culturels qui ne vivaient plus, mais survivaient. Ce putsch a été si salvateur pour eux que durant les huit premiers mois qui avaient précédé le renversement du régime d’Alpha Condé, la presque totalité des activités culturelles étaient au ralenti. L’on pourrait même les qualifier d’agonisantes à cause de l’État d’urgence qui a été décrété et ses corollaires de mesures sanitaires assez coercitives.
Le malheur a commencé par l’évènement « La Nuit de la Guinée » de l’artiste Zakiou Deen Camara, plus connu sous le nom de « Oudy 1er ». Alors qu’il avait fini d’aménager l’esplanade du Palais du peuple où était prévu les 16 et 17 février 2021 son événement, il lui a été notifié à la dernière minute l’interdiction de son spectacle. Une décision que l’administrateur du Palais du peuple a justifiée par la publication d’un décret à cet effet.
Et depuis, aucun événement culturel d’envergure ne s’est tenu dans le pays. Eprouvés par la situation, des hommes de Culture réunis au sein de la Fédération des entreprises culturelles et économiques de Guinée ont dépêché une délégation à la Primature le jeudi 19 août 2021, à l’effet d’échanger avec le Premier ministre, chef du gouvernement d’alors.
Au menu de la rencontre entre Ibrahima Kassory Fofana et ses hôtes, les problèmes qui gangrènent leur secteur. A la suite des échanges, un mémorandum a été remis à l’ancien Premier ministre contenant les préoccupations et propositions de solutions des acteurs de l’industrie culturelle.
Peu après, sur instruction du président de la République d’alors, Ibrahima Kassory Fofana a élaboré un plan de riposte économique à cette crise sanitaire, en vue de soutenir l’économie et d’aider le secteur privé à atténuer les chocs induits par le ralentissement prévisible de l’activité économique. Les structures dont les événements étaient programmés ont été recensées à cette occasion.
Dans le sillage des événements qui ont pu se tenir
Sous les auspices du label Meurs Libre Prod’, l’artiste King Alasko s’est produit le dimanche 14 février sur l’esplanade du Palais du peuple. Cela, à travers un concert époustouflant ayant marqué la sortie de son premier album intitulé « Allah nou wali », qui, littéralement traduit en soussou, signifie « Dieu merci ». Pendant près d’une heure d’horloge, King Alasko a offert à son public un show 100% live pour présenter le contenu de son album de 15 titres, auréolés par de featurings avec des artistes de renom.
Désormais institué dans l’agenda culturel guinéen, l’événement « Les 72 heures du livre » de Conakry a tenu sa treizième édition les 23, 24 et 25 avril au Palais du peuple, sous le thème : « Covid-19 en Guinée : la place de la femme, de la jeunesse et de la paix dans le pays dont nous rêvons ». A l’image des précédentes, l’édition 2021 du Salon du livre de Conakry a été marquée par plusieurs activités dont des dédicaces, des signatures, des tables-rondes, des ateliers et des conférences-débats.
Aussi, le public a eu droit à la présentation de nombreux ouvrages gravitant autour des concepts clés de cette thématique retenue comme thème cette année. En amont, les organisateurs de l’événement ont initié un atelier de formation de dix jours à l’intention de dix jeunes filles sur le métier de photographie.
Ces jeunes filles ont fait des portraits de dix femmes modèles qui ont été exposés durant les trois jours du salon, avec la facilitation d’un professionnel de la Biennale de la photographie de Bamako. Aussi, il y a eu un atelier spécialement organisé pour former les nouveaux contributeurs à Wikipédia. Une démarche motivée par le fait que les Guinéens ne sont pas suffisamment sur cette plateforme. Pendant trois jours donc, 20 contributeurs ont été formés pour pouvoir contribuer au Wikipédia.
Le 4 juin 2021, l’enfant prodige du reggae africain a sorti son nouvel album intitulé. Human Supremacy. C’est le troisième (sur les six albums à son actif) que Takana Zion enregistré en Jamaïque, l’île natale de Bob Marley.
A la faveur d’une conférence de presse tenue la veille à son espace culturel de Coyah, Mohamed Mouctar Soumah a déclaré opter pour une nouvelle politique pour la vente de son dernier album. Cette option visait à vendre 200 CD de l’album Human Supremacy aux mécènes et autres chefs d’entreprises, amis et super fans pour accompagner la carrière de l’artiste et faire la promotion de ce disque de 11 titres, en raison de 5.000.000 l’unité.
Quatre jours après l’annonce, la recette de Takana Zion avoisinait déjà le milliard. Puisqu’après Oudy 1er et Baïdy Aribot, Mamadou Antonio Souaré a commandé 150 CD, pour un montant global de 750.000.000 GNF.
A l’initiative de la structure Koumakan, la troisième édition du spectacle d’art oratoire dénommé « La Grande nuit du conte » s’est tenue le vendredi 10 décembre 2021, à Conakry. Dans une complicité des plus parfaites, le conteur guinéen Moussa Doumbouya, « Petit Tonton » a percé le secret de la parole avec ses confrères du Sénégal, Dr Massamba Gueye, du Burkina Faso, KTG Conteur et du Togo, Al Sidi, entremêlée de chants comme pour établir une connexion mémorielle avec les ancêtres.
Aussi, l’année 2021 aura été marquée par la tenue – samedi 18 décembre – de la troisième édition des Victoires de la Musique guinéenne. L’événement récompense les artistes et autres mécènes guinéens qui se sont illustrés durant l’année en cours, dans plusieurs catégories.
2021, une année funeste musicalement
L’année 2021 s’en va après avoir endeuillé la famille artistique guinéenne. Notamment à travers la mort du reggae man Abdoul Karim Diallo, célèbre sous le sobriquet de ‘‘Abdoul Jabbar’’. Il a tiré sa révérence dans la matinée du vendredi 5 février 2021, à l’hôpital de l’amitié sino-guinéenne où il était sous soins.
Une triste nouvelle qui plongera la grande famille artistique et culturelle dans l’émoi total. Des amis qui ont connu et côtoyé le défunt de son vivant ne tarissent pas d’éloges à son égard. C’est le cas notamment de RasCondel, un ami avec lequel Abdoul Jabbar a travaillé sur plusieurs projets. C’est d’ailleurs à ce titre que celui-ci, au lendemain de l’hospitalisation de son frangin, a ouvert une ligne de solidarité pour venir en aide au patient qui ne se relèvera pas de son mal malheureusement.
« Abdoul Jabbar est l’un des artistes les plus créatifs de la Guinée. Et malheureusement, ces dix dernières années, il n’a pas fait de productions. Je retiens de cet ami un homme humble et pétri de talent », confiait, la gorge nouée, RasCondel à Guinéenews.
Restons sur cette page nécrologique pour rappeler la mort tragique de l’artiste Abraham Macauley, plus connu sous le petit nom de « Navigator ». L’auteur des très adulés tubes « Ragga Tonsèh, Meya go born et Bandit nan n’na » a péri, broyé, dans un accident de la circulation avec un de ses proches avec lequel il se trouvait sur une moto, à Dabompa.
Deux ministres se succèdent à la Culture
Les populations du centre-ville de Kaloum ont été réveillées par des crépitements d’armes automatiques le dimanche 5 septembre 2021. Les soldats d’élite issus des rangs du Groupement des Forces Spéciales venaient de renverser le régime d’Alpha Condé. Au lendemain du très contesté scrutin qui lui a octroyé un troisième mandat, Alpha Condé avait constitué un gouvernement au sein duquel il avait confié le portefeuille de la Culture et du Patrimoine historique à Sona Konaté. Celle-ci est restée sans siège jusqu’à la chute du régime.
Arrivé au pouvoir le dimanche 5 septembre, la junte militaire a dissout le gouvernement et les institutions républicaines. Elle a également suspendu la Constitution, avant d’initier une série de concertations avec les acteurs sociopolitiques et autres partenaires au développement. Les acteurs culturels ont été reçus le 20 septembre à l’Hémicycle du Palais du peuple.
Quelques temps après, l’on a assisté à la nomination d’un acteur issu du domaine culturel à la tête du département en charge de la Culture. L’auteur du titre ‘‘Sogolon’’, Alpha Soumah (Bill de Sam) est bombardé ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat.
Distinctions
Nominée dans trois catégories au All Africa Music Awards (Afrima) du Nigeria, l’artiste Djélikaba Bintou s’est tirée de la compétition avec deux prix honorifiques. Notamment le sacre de « Meilleure révélation de l’année » et celui de « Meilleure artiste féminine d’Afrique de l’Ouest ». Elle était en compétition avec des confrères et consœurs africains de renom, notamment Yemi Alade, José, Tiwa Savage et Aya Nakamura
Nominations
Outre ces sésames acquis sur le toit de l’Afrique de l’Ouest, Djélikaba Bintou Kouyaté est nominée au Africa Entertainment Awards prévu aux États-Unis, dans la catégorie Meilleur clip vidéo, au compte de son célèbre tube « La patronne ».
Aussi, il faut rappeler la participation de Saran Bah à la compétition Miss Monde. En 2021 verra également le retour d’exil de Djanii Alfa après près de deux passés hors du pays… Un retour facilité par l’avènement du CNRD au pouvoir avec à sa tête, le Colonel Mamadi Doumbouya.