En termes d’électricité, la production du parc énergétique guinéen est actuellement estimée à plus de 600 mégawatts. Sur cette production, plus de 400 mégawatts sont issus des centrales hydroélectriques et solaires, repartis entre 150 sites inventoriés. Une capacité de production qui est aujourd’hui largement en deçà des besoins des populations. Car, ils sont seulement, indiquent des statistiques officielles, 18% des Guinéens, tant bien en zones urbaine que rurale, à avoir accès à l’électricité.
Pour résorber ce déficit colossal, le gouvernement guinéen s’active, dans le cadre d’une politique commune énergétique sous-régionale basée sur la valorisation du potentiel existant, à construire plusieurs barrages hydroélectriques.
Pour ainsi camper cette nouvelle option du gouvernement en matière des énergies renouvelables, nous avons rencontré Lansana Don Soumah, le Coordinateur national de l’énergie durable. Par ailleurs et toujours dans le même sillage, nous avons été en haute banlieue de Conakry notamment dans le Centre médical communal les Flamboyants à Ratoma puis à Manéah pour voir, toucher et comprendre les incidences des panneaux solaires autrement appelés les énergies solaires photovoltaïques sur la vie de certains usagers dans ces localités.
Pour résorber son énorme déficit énergétique, la Guinée investit massivement dans les énergies renouvelables
A en croire M. Soumah, cette politique nationale qui s’inscrit dans la vision sous-régionale des énergies renouvelables à l’horizon 2030, contribue à l’amélioration des conditions de vie des citoyens.
«En Guinée, nous avons quatre grands potentiels énergétiques. Il s’agit de l’énergie hydroélectrique, les énergies solaires, Eoliennes et l’Energie marémotrice. Actuellement, la Guinée, à l’image des autres pays de la sous-région, a mis en place une politique nationale énergétique qui est axée sur le développement du potentiel existant. Il faut souligner que notre pays regorge de beaucoup de cours d’eau. Par rapport à cette initiative, nous avons mis en valeur 150 sites hydroélectriques qui produisent de 1 à 400 Mégawatts (MW). Ces sites existent en micro, mini et macro barrages. Avant l’élection du président Alpha Condé, la capacité énergétique du pays était de 272 mégawatts dont 128 en énergies renouvelables, c’est-à-dire en hydroélectricité. Mais avec la réalisation du barrage Kaléta de 240MW, la capacité énergétique guinéenne à sensiblement augmenté. Ce qui porte la capacité du parc énergétique à 600MW dont l’essentiel provient de l’énergie renouvelable. Une option qui a des retombées positives non seulement sur le plan économique mais aussi sur le plan environnemental. Parce l’importation du carburant a diminué. Il en est de même pour l’émission du gaz carbonique qui a largement baissé. En plus, à la longue, le coût de l’énergie va diminuer au profit des citoyens. Donc, selon la politique gouvernementale, tous les Guinéens auront accès à l’électricité d’ici 2030 et ceci en énergie renouvelable », a expliqué Lansana Don Soumah, le Coordinateur national de l’énergie durable pour tous.
L’énergie solaire, un gigantesque potentiel mais largement sous-exploité
En dehors de l’hydroélectricité, la Guinée dispose d’un important potentiel en énergie solaire dont la moyenne est de 2,8 Kilowatts par heure par mètre carré par jour (2,8KW/H /M2/ jour). Mais jusque-là, à part l’éclairage public avec les lampadaires solaires, il n’y a pas pour le moment une politique nationale clairement définie devant permettre l’exploitation de l’énergie solaire à grande échelle. Toutefois, depuis quelques années, des particuliers voire certains services publics en ont recours, certes à une échelle moindre et dans divers domaines, a-t-on appris.
Panneaux solaires, comme palliatifs des délestages récurrents et intempestifs
Au Centre Médical Communal (CMC) les Flamboyants dans la commune de Ratoma, en haute banlieue de la capitale Conakry, les panneaux solaires sont comme du pain bénit. Là, l’installation de ces sources énergétiques renouvelables, constitue un réel motif de soulagement et de satisfaction pour la Directrice dudit centre. Parce que, selon la cheffe du centre, les panneaux solaires facilitent non seulement le travail du personnel, permettent d’économiser, mais surtout atténuent la souffrance des riverains qui viennent s’approvisionner en eau potable dans l’enceinte de cette structure sanitaire.
«Des partenaires, des institutions internationales et ONG nous ont dotés de plusieurs panneaux solaires qui servent à alimenter la maternité ainsi que tous les autres services du centre de santé. Grâce à cette énergie photovoltaïque, nous parvenons à faire des accouchements à tout moment, y compris la nuit lorsqu’il n’y a pas délestage. En plus, elle nous permet de stériliser le matériel que nous utilisons, d’envoyer nos statistiques quotidiens au ministère de la Santé en utilisant nos ordinateurs, d’éclairer tout le centre. En outre, ces panneaux nous permettent d’alimenter en eau et en abondance toute la structure. Au point que les riverains du centre qui sont en proie à une grave pénurie d’eau, viennent faire leur provision de cette denrée. Le courant ainsi produit, assure le pompage d’eau du forage pour la stocker dans les cuves à partir desquelles s’approvisionnent les citoyens. C’est en tenant compte de tous ces avantages que nous considérons l’énergie solaire comme étant celle qu’il faut pour les pays pauvres parce qu’elle est moins polluante et moins coûteuse», a témoigné Dr. Fatoumata Binta Diallo, la Directrice du CMC les Flamboyants.
Le génie créateur d’un Chercheur aux services de la lutte contre la pollution et la pauvreté extrême
Âgé de la vingtaine, Sadio Diallo est chercheur en environnement. Il est spécialisé dans le transfert et la vulgarisation des technologies de l’environnement. Aujourd’hui, à travers les produits de son génie créateur (fours et réchauds fabriqués à base de l’aluminium recyclé et d’origine), ce jeune chercheur parvient à faire face non seulement aux besoins courants de sa petite famille, mais aussi contribue un tant soit peu à atténuer les effets des activités de l’homme sur l’environnement.
«Je fabrique des fours solaires avec des matériaux d’origine, mais aussi avec des matériaux recyclables pour des besoins de l’énergie domestique. Pour les fours fabriqués avec le matériel recyclé, on utilise de l’aluminium qu’on récupère des emballages de thé. Cela comme on peut le constater, aide à l’assainissement. Avec ces fours ou réchauds, on peut cuir des œufs, faire du poulet rôtis, du poisson, des grillades, chauffer de l’eau et même préparer du riz. On peut cuir un repas pour 60 personnes sur le réchaud solaire grâce au reflet des rayons solaires qui chauffent la marmite. Le temps de cuisson dépend de la performance du four ou du réchaud qui peut varier de 1H30mn jusqu’à 3 heures.
En ce qui concerne la parabole solaire, il faut rappeler que l’étude d’un expert allemand a révélé que si celle-ci est utilisée dans une famille moyenne en Afrique pendant un an, permettrait d’éviter de consommer deux tonnes de bois défrichés sur une superficie d’un quart d’hectares et stopper l’émission de quinze tonnes de gaz carbonique. Depuis que j’ai commencé à fabriquer et à utiliser ces fours et réchauds solaires, je ne suis certes pas devenu un multimilliardaire ou multimillionnaire, mais j’arrive à subvenir aux besoins de ma famille. Ce qu’il faut surtout préciser, c’est que cette technologie facilite la tâche aux ménagères et allège le poids leur travail.
Pour la petite anecdote, il y a juste quelques jours, une mère de famille vivant à Coyah, une localité située à environ 50Km de Conakry, m’a félicité après lui avoir installé une parabole solaire pour elle. C’est pourquoi nous devons profiter au maximum de ce potentiel naturel. Parce que l’énergie solaire est non seulement un moyen de lutte contre la dégradation de l’environnement, mais aussi permet d’économiser avec le coût de l’énergie fossile est extrêmement chère», a fait savoir cet expert environnementaliste.
Pour réellement comprendre l’incidence de l’utilisation de ce réchaud solaire sur la vie de cette mère de famille susmentionnée par Sadio Diallo, ce jeune environnementaliste et inventeur dudit réchaud, nous sommes allés à la rencontre de madame Manè, née Mabinty Bangoura.
Mère de cinq enfants dont trois filles, Mme Manè vit à Maneah, une commune rurale de Coyah, située à environ 50 kilomètres de Conakry. Dans cette bourgade, Mabinty Bangoura tient son petit commerce d’œufs qui la permet de subvenir aux besoins de ses enfants.
Selon ses témoignages, depuis qu’elle a commencé à utiliser ce réchaud solaire, elle a vu ses bénéfices s’accroître substantiellement. «Avec ce réchaud, je cuis aisément mes œufs et réalise de plus en plus de bénéfices alors qu’auparavant, j’utilisais du charbon de bois qui me coûtait énormément cher surtout en période hivernale », nous a-t-elle confiés.
Il faut signaler que dans le cadre de la mise en œuvre de cette initiative sous-régionale d’exploitation du potentiel énergétique naturel, le président Alpha Condé a, depuis son élection à la magistrature suprême du pays, entrepris la réalisation de nombreux projets hydroélectriques.
Après l’inauguration du barrage Kaleta dont la capacité est de 240MW, le président guinéen a lancé, il y a deux ans, les travaux de construction du barrage Souapiti, 450KW dont EXIMBANK de Chine vient d’approuver le financement à hauteur de 1,3 milliards de dollars. Et au mois de janvier dernier, le chef de l’Etat a posé les premières pierres de deux autres barrages, Amarya et Koukoutamba ayant chacun 300MW de capacité.
NB : Cet article est une rediffusion de celui du 15 mars derniers.