Le projet d’exploitation du plus riche gisement de fer au monde, Simandou Nord avance à grands pas depuis la prise en charge du projet par SMB Winning dirigé par le très dynamique PDG guinéen Fadi Wazni – invité cette semaine à l’émission «Sans Concession» de Guineenews – celui-là même qui est passé d’une société de logistique au rang de premier exportateur de bauxite en Afrique en l’espace de quelques années.
Après l’avoir « gélé » pendant des années et des disputes, contre disputes sur les Tribunaux internationaux qui ont fait la manchette de la presse spécialisée, le géant Rio Tinto se rend à l’évidence que SMB Winning alliés à des géants chinois Shandong Weiqao et le transporteur maritime Winning Shipping et la guinéenne UMS sont en train de réussir ce que Rio n’a pas pu ou a refusé de faire : construire le chemin de fer et commencer l’exploitation de Simandou. Selon des sources minières, le projet a obtenu le soutien du tout puissant Comité Economique Stratégique du Parti Communiste au pouvoir en Chine.
Cette situation a poussé Rio Tinto à réexaminer les alternatives qui toutes aux dires des experts ne semblent pas conformes à son plan stratégique : soit s’allier avec SMB-Winning pour au moins les infrastructures, soit jouer le temps et utiliser la pression anglo australienne pour ralentir le projet jusqu’à ce que le rapport lui soit plus favorable. Pour le moment, la coopération est la piste officiellement envisagée par Rio, selon son PDG Jakob Stausholm qui a déclaré à l’agence CaiXin, que Rio veut fédérer les infrastructures pour transporter le minerai. En effet, l’un des grands défis du projet est de poser 650 kilomètres de rails pour acheminer le minerai de fer depuis Simandou à Beyla jusqu’au port maritime en eaux profondes de Benty dans Forécariah. Et l’infrastructure est très coûteuse et difficile à construire. S’allier avec les Chinois est une logique économique aux yeux des experts.
Il faut noter aussi que des évènements géopolitiques jouent en faveur de la Guinée mais avec des risques inhérents aux petits états face à la bagarre des grands : la tension Etats-Unis vs Chine pour la suprématie économique que la Chine est en voie de gagner vu son immense population.
Pris dans l’engrenage de cette dispute, l’Australie, pays libéral démocrate a pris fait et cause pour ses cousins « anglo saxons » pour ralentir l’avancée chinoise et a intensifié les critiques sur le plan des droits de l’homme contre la Chine et des critiques sur le virus Covid-19 qui a fait des ravages en Chine avant d’affecter le reste du monde.
La réaction chinoise ne se fit pas attendre et après une revue stratégique, les autorités de Beijing ont décidé de jouer la pression économique en resserant les exportations australiennes vers la Chine. Notamment, en passant en revue le minerai de fer qui représente plus de 60% des importations chinoises dont 800 millions de tonnes par an du minerai de fer de Pilbara en Australie que détient Rio Tinto.
Depuis 2019, les choses s’accélèrent, le plus grand producteur chinois d’acier Baowu groupe s’intéresse au projet et le Conseil Economique National du Parti Communiste Chinois met le projet Simandou parmi les « priorités stratégiques » de la Chine garantissant le potentiel financement par les banques chinoises du projet de l’ordre de 15 milliards de dollars.
Le gouvernement guinéen quant à lui insiste sur le chemin de fer transguinéen qui partira de Simandou Nord jusqu’à un port en eaux profondes à Forécariah, une injection économique qui transformera économiquement la Guinée de facon fondamentale.
Comme plusieurs fois dans le passé, la Guinée se trouve devant une parfaite opportunité de lancer ce projet, mais plusieurs experts demandent la prudence étant donné la situation éonomique mondiale toujours incertaine avec la pandémie du Covid-19 et surtout ne pas sous-estimer la capacité et la détermination du bloc anglo-australien de contrer la tentative de la Chine de se désserer de la dépendance en fer de l’Australie.
Un sommet Chine – Afrique est prévu cette année 2021 à Dakar et plusieurs experts anticipent que Simandou fera l’objet d’une annonce.
SMB-Winning s’est engagé à exporter la première tonne de fer de Simandou en 2025. Les Guinéens retiennent leur souffle pour cause de projets auparavant non réalisés malgré les promesses. D’autres se lamentent du fait qu’il s’agira d’exporter de la terre sans la transformer en acier en Guinée ce qui aurait pu crééer une plus grande valeur ajoutée et diminuer la dépendance de la Guinée envers les ressources cycliques.
A l’allure où vont les choses, nombreux observateurs et experts du secteur minier estiment que la Guinée et ses partenaires sont sur la bonne voie de réalisation de ce gigantesque projet dont les Guinéens attendent depuis des lustres.
L’avenir proche nous édifiera !