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Guinée-Mali-Burkina : Regards croisés sur trois transitions qui déchaînent les passions 

En Afrique de l’Ouest, trois pays sont dirigés par des militaires transitaires, suite à des coups d’Etat perpétrés contre des présidents qui ont été pourtant démocratiquement élus. Comment se portent ces pays ? Quels sont les agendas prévus ? Quelles ambiances depuis plusieurs mois après les départs d’Ibrahima Boubacar Kéita, d’Alpha Condé et Roch Marc Christian Kaboré ? Le retour au pouvoir des civils dans ces pays, dont certains ont écopé de sanctions, c’est le cas de la Guinée et du Mali, de la part des institutions internationales, notamment  la CEDEAO, à laquelle ils appartiennent, est-il envisageable à l’état actuel ?

La Guinée, le Mali et Burkina-Faso, trois États de la sous-région ouest-africaine, trois pays membres de la Communauté Economique de l’Afrique de l’Ouest. Avec cependant une particularité. Ces pays ont à leur tête des juntes militaires. L’Afrique de l’Ouest a vu donc se succéder les coups de force des colonels et lieutenants colonels en moins de deux ans. Le premier survient le 18 août 2020 à Bamako. Nouveau fait accompli parachevant le premier le 24 mai 2021, puis le 5 septembre 2021 à Conakry. A Ouagadougou les militaires sont arrivés au pouvoir le 21 janvier 2022.

Aux affaires depuis lors à Bamako, les militaires ont adopté une nouvelle loi électorale et annoncé le retour à l’ordre constitutionnel pour mars 2024.Les chefs d’Etats de la CEDEAO, réunis en juillet dernier ont levé les sanctions qui incluent la fermeture des frontières, le gel des avoirs maliens et la suspension des échanges commerciaux et financiers. Les sanctions financières qui ciblent les dirigeants de la junte sont en revanche maintenues. Le Mali jusqu’ici reste donc suspendu  des instances de la CEDEAO.

En Guinée, le CNRD au pouvoir depuis le 5 septembre 2021, avait décrété une période de transition de 36 mois, comme durée de la refondation de l’Etat. Cependant la CEDEAO a estimé que ce délai « déraisonnable est inacceptable ».

Thomas Yayi Boni, le médiateur désigné par l’instance régionale africaine, qui est plusieurs fois venu ici à Conakry pour ramener la transition guinéenne à un maximum de 24 mois, n’a pas encore obtenu gain de cause. Les autorités guinéennes qui pensent que le délai de 24 mois est court, quant au calendrier de la « Refondation » proposé : le recensement général, la mise à jour du fichier électoral, la mise en place nouvelle constitution, le procès des évènements du 29 septembre 2009 au Stade du 28 Septembre de Conakry, le dialogue amorcé pour ne citer que ceux-là. Le colonel Doumbouya et ses amis ne voient pas la raison qui les pousserait à la précipitation.

Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a quant à lui, pris le pouvoir à la suite du renversement de l’ex-président Roch Marc Christian Kaboré par l’armée le 24 janvier 2022. La CEDEAO et les autorités burkinabè sont tombées d’accord début juillet sur la transition de 24 mois avant le retour au pouvoir de civile.

Trois juntes militaires, trois fortunes diverses. A quand le retour définitif des civils au pouvoir ?

C’est vrai, des juntes qui sont arrivées au même moment, exception faite à celle du Burkina qui converge avec la CEDEAO, le Mali et la Guinée ne convergent avec l’instance sous-régionale. Pour certains observateurs, rien n’est encore perdu. Et qu’il va falloir attendre de voir. Comme quoi ? Nous sommes en 2022, attendons après 2024. Le Burkina a validé les deux ans, le Mali a pris un décret dont on connaît la date. C’est pour la Guinée qui inquiète ces observateurs qui pensent qu’il y a encore « la confusion ».

Le président de la transition, Mamady Doumbouya,  avait annoncé les 36 mois en mai dernier et le CNT l’a validé au mois de juin suivant. La question que beaucoup se posent, c’est de savoir si les trois ans vont être comptabilisés à partir du 5 septembre 2021 ou à partir de l’instant ça été annoncé. Ainsi, ils jugent la « situation guinéenne préoccupante ». Comparativement au Burkina et au Mali donc, bon nombre d’observateurs de la scène politique guinéenne pensent qu’il n’y a aucune visibilité dans le Palais Mohamed V.

Alors, que doit-on espérer de ces trois juntes militaires ? Les avis sont partagés..Pour beaucoup de personnes, rien à espérer. Ces gens pensent qu’au Mali, les Jihadistes continuent de régner dans leurs zones et se permettent souvent le luxe de faire des incursions dans les villages situés dans les zones sous contrôle gouvernemental. Goita et ses hommes calés dans le camp de Kati ont tendance à se préoccuper de la France-Afrique et des 46 militaires ivoiriens arrêtés à Bamako.

 Quant au Burkina, certains pensent que le coup d’Etat du 24 janvier n’a encore rien apporté. Le Burkina subit le même sort que le Mali qui reçoit les visites surprises des Jihadistes. Et pourtant, ces deux pays ont connu des coup d’Etat à cause des attaques jihadistes.

En Guinée tout semble encore flou. Le délai de la transition incertain, les prisonniers politiques libérés les premières heures repris et ramenés en prison, les leaders politiques qui se sont fait exilés, les anciens dignitaires qui croupissent en prison. Le dialogue qui piétine. Tout ceci bloque la situation.

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