Quand un gouvernement par ses déclarations défensives et intimidantes se met à ce point contre les priorités de son président, il y a pour le président de la République, une question d’intérêt national à résoudre, un défi gigantesque à relever, un arbitrage à faire entre les intérêts de la population et ceux d’une minorité qui n’a que faire de bonnes pratiques en matière de gestion orthodoxe du bien commun. Ou c’est lui, le président de tous les Guinéens, le maître des lieux ou ce sont eux, ces quelques membres du gouvernement, rattrapés par l’angoisse du lendemain et l’incertitude du sort après la réélection du président Alpha Condé.
Au lieu d’ouvrir une enquête indépendante pour tirer au clair les indices probants et concordants sur le détournement présumés des milliards des pauvres populations et de diligenter des actions judiciaires dignes de ce nom à l’encontre des mis en cause, on s’évertue parce qu’on peut encore mettre la justice aux ordres, de s’attaquer aux médias qui donnent l’alerte dans le strict respect des lois de la République. Très curieusement, les lanceurs d’alerte deviennent les coupables à abattre, et les présumés responsables, des victimes à protéger. Le monde à l’envers. C’est bien cela, le paradoxe dans le petit monde « mafieux » de la corruption : le silence ou la mort ! Cette mafia a toujours été l’ennemi des présidents y compris celui en exercice en ce moment. Elle se sert de lui comme elle s’est servie d’autres avant lui et les membres de cette mafia connus par tous vont retourner leur veste dans le futur, selon la direction de leurs intérêts personnels, souvent maléfiques.
Les Guinéens qui connaissent bien ces manœuvres dilatoires ne sont ni naïfs ni ignorants de ces méthodes d’un autre âge. Dr Youssouf Boundou Sylla, le coordonnateur général de votre quotidien électronique Guineenews© vient de recevoir une invitation à comparaître comme témoin dans le cas du détournement présumé de la somme de 200 milliards de nos francs par la ministre Zenab Dramé. Une convocation qui tombe comme un couperet sur sa tête et demain sur la tête d’un autre individu ou d’un autre média indépendant, sérieux et crédible….qui sait ? Ceux qui se sentent morveux sont donc en train de se moucher, faisant feu de tout bois. Il s’agit pour cette minorité recyclée, de museler la presse dans son rôle d’informer le public sur les agissements répréhensibles de certains dirigeants corrompus.Or, la logique la plus élémentaire aurait pourtant voulu que des accusations de calomnies, s’il y en a, puissent être seulement portées en cas d’infirmation par la justice déjà saisie d’accusations de détournement de fonds publics. Seule la présumée victime, lorsqu’elle sera innocentée par la justice est en droit d’intenter cette action.La juxtaposition malencontreuse de ces deux procédures est la preuve de la diversion choisie par cette minorité agissante et prête à tout contre le décret D/2017/219/PRG/SGG, de président de la République portant promulgation de la loi L/2017/041/AN du 04 juillet 2017 relative à la lutte contre la corruption en République de Guinée. Cette Loi dans son article 100 institue une protection d’État contre toute intimidation et représailles à l’encontre des lanceurs d’alerte.
Ces courageux dénonciateurs bénéficient même d’une prime versée l’Etat. La même Loi dans son article 101 étend la protection d’Etat à « toute personne qui divulgue des informations objectives désintéressées et qui pensait raisonnablement, au moment de la divulgation, que ces informations indiquent ou tendent à indiquer qu’une entité publique ou privée, une société mixte publique ou privée, un directeur ou le responsable désigné agissant en cette qualité a commis une infraction aux lois et règlements qui pourrait exposer ladite entité ou société à des risques ou à des passifs réels et éventuels, ou qui porterait préjudice aux intérêts de cette entité ou société ».