Les robins ont mis à profit leur passage devant le colonel Doumbouya à profit, pour confesser avec contrition leurs péchés mortels commis sous le régime défunt. Ce sont des gens de robe, quasiment gênés aux entournures qui ont reconnu avoir été empêchés de dire le droit, à cause de l’interférence de l’exécutif dans le champ judiciaire.
Les chassés croisés se poursuivent devant le président du Conseil national du rassemblement et du développement (Cnrd), au palais du peuple, dans le cadre des consultations nationales avec les forces vives. Chacun y vient avec sa petite musique, dans l’espoir de taper dans l’œil des nouveaux maîtres du pays.
De tous ceux qui se sont relayés pour le moment devant ce « mur des lamentations », la prestation des gens de robe a été celle qui a retenu le plus l’attention de l’opinion. Pas à cause de leur talent d’orateur, loin s’en faut, mais plutôt pour la confession de leurs péchés mortels. Des péchés commis durant le règne du pouvoir déchu. Un règne qui fut marqué par des tueries d’opposants, des arrestations arbitraires, et des scandales de corruption. Le tout sous l’œil bienveillant d’une justice aux ordres.
Ces actes de contrition de ces « petits juges », qui n’ont pas manqué de choquer l’opinion, sont déshonorants pour notre système judiciaire. Tout en mettant la puce à l’oreille du colonel Doumbouya, afin qu’il soit sur ses gardes face aux gens de robe.
Certes le chef de l’Etat a dans sa réponse à ces jérémiades de remettre à plat le système de gouvernance, à la faveur de cette nouvelle ère qui s’annonce. Il a sollicité dans la foulée l’implication de la robe dans le processus de refondation de la république. Aussi bien pour l’adoption d’une nouvelle Constitution, que dans le vaste chantier des réformes de la justice guinéenne, qui sera lancé dans cette dynamique.
Mais bien des gens attendent que ceux qui ont brillé par leur incurie par des décisions liberticides contre des citoyens innocents soient à leur tour sanctionnés à la hauteur de leur indélicatesse. N’est-ce pas eux-mêmes qui ont fourni des verges pour se faire fouetter ? Alors mon colonel, que votre main ne tremble surtout pas, en lavant à grande eau Notre Dame Thémis. Afin de lui rendre ses traits plus doux.
Dura lex, sed lex.