N.B. Ce papier a été publié pour la première fois le 15 mars 2018 : voir le lien : Guinée_ les panneaux solaires, ces puissants palliatifs du manque d’électricité dans le pays _ Guinéenews). Nous venons de le republier !
En Guinée, l’accès aux services sociaux de base telle que l’électricité, demeure un véritable casse-tête pour les populations et plus singulièrement pour celles de l’intérieur du pays. A Kankan, dans la région de la Haute Guinée, l’électricité produite à partir des centrales thermiques, est distribuée par EDG, une société publique aux consommateurs aux abonnés chaque un jour sur deux pour une durée de 6 heures, soit de 18heures 30 mn à minuit 30mn.
Les douze communes rurales que compte la préfecture de Kankan ne sont pas, quant à elles, interconnectées faute de réseaux de transport et de distribution du courant produit. Une situation qui fait de l’électricité dans ces zones rurales un véritable luxe pour les habitants.
Au niveau de Balandou, une commune rurale située à dix kilomètres de Kankan, les panneaux photovoltaïques, communément appelés panneaux solaires, constituent l’une des solutions d’accès la plus prisée des populations pour faire face à leur besoin en électricité.
Yacouba Diakité, la cinquantaine révolue, est un des rares citoyens qui dispose d’une installation de panneaux solaires dans sa maison depuis plus de 5 ans. Et depuis, il estime être totalement autonome du point de vue accès à l’électricité.
«C’est en 2013 que j’ai installé le panneau solaire chez moi. Et depuis ma famille a le courant 24 heures sur 24. Nos téléphones sont régulièrement chargés. Mes enfants surtout les filles, sont toujours à la maison devant le poste téléviseur si elles n’ont rien à faire. Avec l’installation de l’antenne parabolique, je suis toujours les informations sur les chaines étrangères de télévision comme TV5, France24, Espace TV et les championnats de football Européens, etc.», raconte ce privilégié de la localité.
Parlant de la différence entre les deux sources de production de l’électricité (centrales thermiques et les panneaux solaires), en termes d’économie, notre interlocuteur estime qu’il y a un écart d’océan entre elles.
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«Avec les panneaux solaires, hormis quelques rares petites pannes techniques et le renouvellement des batteries, je ne fais aucune dépense. Alors qu’avec le groupe électrogène, outre les nuisances sonores et les pannes du moteur, il faut chaque jour acheter de l’huile et du carburant. Et pour faire tourner le groupe pendant 4 heures de temps, il me faut au moins 3 litres d’essence par jour », explique-t-il.
Par ailleurs, le gouvernement guinéen a, depuis 4 ans, initié l’implantation, à l’échelle de tout le pays, aussi bien dans les communes urbaines que rurales, des lampadaires photovoltaïques pour assurer l’éclairage des voies de circulation et autres lieux publics.
Dans le cadre de ce vaste programme gouvernemental national, la sous-préfecture de Balandou a reçu 75 lampadaires. Ce qui a permis d’éclairer quelques endroits publics et d’y favoriser l’épanouissement de certaines activités exécutées par des jeunes et des femmes.
Pour Lamine Diallo et Kalil Diallo, tous deux enseignants à Balandou-centre, les lampadaires solaires sont à l’origine d’une mutation profonde de leur localité. «Avec l’éclairage public, les vols surtout de bétail, ont drastiquement diminué. Beaucoup d’élèves profitent de ces points lumineux pour réviser leurs leçons pendant la nuit », explique Lamine Diallo.
Quant à Kalil Diallo, les lampadaires solaires ont fortement contribué à l’animation du village pendant la nuit. Selon lui, avec l’éclairage des lieux publics et certaines artères du village, les jeunes veillent la nuit alors qu’avant, tout le village dormait dès la tombée de la nuit.
Des constats largement partagés par Hadja Diakité et Penda Diallo, toutes deux tenancières de bar restaurant sur place. «L’éclairage de ces lampadaires m’a permis de me défaire, une fois la nuit tombée, des lampes à pétrole, des torches ou des bougies. Aussi, avec cette lumière, je vends plus longtemps et sans crainte », s’est réjouie Penda Diallo, une vendeuse d’attièkè et de haricot.
Rappelons enfin que la question d’accès à l’électricité se pose avec acuité en Guinée en dépit des fonds importants investis dans le secteur par le gouvernement et ses partenaires. En effet, selon une récente statistique fournie par la Primature, il n’y a seulement que 18% des Guinéens dont 2,5% en milieu rural, qui ont accès à l’électricité.
La ville de Kankan, considérée comme la deuxième plus importante ville de la Guinée, n’a le courant que 6 heures de temps par jour. Une desserte qui est aussi assurée par rotation entre les 27 quartiers de la commune urbaine. Le projet de Parc solaire de 8 mégawatts dont la première pierre a été posée en octobre 2015, a du mal à sortir des terres pour pourvoir atténuer un tant soit peu l’énorme besoin des populations en électricité dans cette grande ville.