Le barreau de Guinée va déposer une plainte au Conseil supérieur de la magistrature contre les magistrats qui ont fait prêter serment à 11 nouveaux avocats le 16 septembre dernier. Parmi ces magistrats, le premier président de la cour d’appel Mamadou Aliou Dramé. « Ils ont fait prêter serment à des postulants obnubilés par le désir de prêter serment sans se soucier des conséquences… Ils ont créé un précédent malheureux », a dénoncé le bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Djibril Kouyaté.
En plus de cette plainte, les avocats boycotteront les audiences de la Cour d’appel durant une période de deux semaines et les audiences du président Aliou Dramé durant une période d’un mois à compter de lundi 23 septembre.
Concernant les 11 nouveaux, le conseil de l’ordre a interdit à tous les avocats de leur donner le stage à leur cabinet. Le conseil de l’ordre des avocats se veut légaliste. Il est donc prêt à faire prêter serment les 11 avocats au cas où la Cour suprême arrivait à confirmer l’arrêt de la Cour d’appel sur leur situation (des jeunes). En fait, il a fallu un arrêt de la Cour d’appel pour faire prêter serment ces 11 qui étaient déclarés non admis par le jury du concours organisé en 2018 – pour les membres du conseil de l’ordre, les 11 avaient bien 12 de moyenne, mais ne pouvaient pas être parmi les 35 admis au regard des résultats obtenus par les autres candidats.
Les avocats ont indiqué avoir pourvu en cassation contre cet arrêt de la Cour d’appel rendu le 5 juillet 2019. Contre le même arrêt, ils auraient également introduit une requête pour fin de sursis. Ils estiment alors que la cour d’appel ne devrait pas laisser l’affaire pendante devant la Cour suprême pour faire prêter serment les onze.
« Nous tenons à l’indépendance du barreau. Nous ne pouvons donc pas accepter que ce soit la Cour d’appel qui déclare des personnes admises des personnes recalées par le jury », a dit Me Zézé Kalivogui, membre du conseil de l’ordre, qui a par ailleurs indiqué que la prestation de serment relève strictement des prérogatives du bâtonnier. « Nous estimons que la Cour d’appel est en train de s’immiscer dans les affaires du barreau et est en train de piétiner les prérogatives qui lui sont reconnues par la loi », estime-t-il.