Les élections législatives du 16 février 2020s’annoncent sans enjeu majeur, vu qu’elles vont se jouer entre amis. Le parti au pouvoir n’aura en effet, face à lui, que ses satellites. Au train où vont les choses, le RPG arc-en-ciel pourrait remporter la majorité des sièges au sein du futur parlement, les doigts dans le nez.
Foulant au pied les différentes réserves émises par l’opposition et les frondeurs de son institution, Me Salif Kébé, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) fait preuve, aux yeux de maints observateurs, d’un entêtement et d’un jusqu’auboutisme aveugle, dans sa volonté de dérouler le chronogramme électoral.
Dans cette logique jusqu’au-boutiste, tout porte à croire que les élections législatives du 16 février vont se tenir à date. Sans bien sûr l’opposition plurielle, regroupant les partis politiques membres du Front national pour la défense de la constitution (Fndc).
Ces formations politiques qui ont opté pour le boycott du vote, ont dans une déclaration rendue publique le 23 décembre, dénoncé « de graves manquements dans le déroulement des opérations d’enrôlement des électeurs. Dont entre autres, l’enrôlement massif des mineurs, l’exclusion d’un grand nombre de citoyens… »
Ils posent comme conditions de leur participation à ce scrutin, « l’assainissement du Fichier Électoral, conformément aux recommandations du rapport d’audit; le parachèvement du processus des élections locales du 4 février 2018, conformément au Code électoral et au Code des collectivités locales; le choix d’un Président de la CENI compétent, neutre, indépendant et impartial ; le renoncement définitif et officiel au projet de troisième mandat. »
Cet appel de l’opposition semble tomber dans des oreilles de sourds. Puisque la Ceni a bouclé la liste des participants aux législatives du 16 février.
Me Salif Kébé et ses fidèles sont en train de mettre la dernière main aux préparatifs du scrutin. Bénéficiant sans doute de l’onction de l’exécutif.
Quand on sait que le chef de l’État a consacré un volet de son discours de l’an à la tenue de ces législatives.
Dans cet extrait, Alpha Condé voit l’avenir en rose et tient à en partager les délices avec ses compatriotes.
D’où cette invite pressante faite aux Guinéens: « L’avenir est à notre portée. Notre pays s’apprête à organiser le 16 février 2020, des élections législatives pour renouveler la représentation nationale, c’est un moment important de l’histoire de notre pays. C’est pourquoi, j’invite chacun d’entre vous à prendre part au vote et exprimer son droit et son devoir, c’est cela la démocratie… »
Des propos qui sonnent comme une détermination à toute épreuve pour Alpha Condé. Un président qui, depuis 2010 est resté le véritable maître du jeu électoral guinéen.
Une opposition en désordre de bataille
Certains partis politiques membres du FNDC ont fait fi du mot d’ordre de boycott de l’élection, pour prendre position dans les starting-blocks. Prêts à se mettre sur les rangs. C’est le cas du parti Geci de Fodé Mohamed Soumah, de l’Ufd de Mamadou Bah Badiko et de l’Udg de Mamadou Sylla.
Le pouvoir en quête de légitimation du vote est soupçonné d’avoir soudoyé les partis membres du Cercle des acteurs pour république (Car) aussi, pour leur participation à ces législatives controversées. En attendant de connaître les contours de ce prétendu « deal », il faut déjà dire que Boubacar Sidigui et ses collègues se disent partants pour le 16 février.
Leurs détracteurs qualifient le poids de ces partis d’assez faible, pour tenir la dragée haute au RPG Arc-en-ciel. A cette allure, ce scrutin sans enjeu, ne sera qu’une simple promenade de santé pour le parti au pouvoir.
Un parti au pouvoir en plein psychodrame, à cause de ses primaires qui n’auraient été qu’une mise en scène, savamment orchestrée par des lobbys. C’est du moins ce que déplore la base du RPG, plus que jamais désabusée par ce jeu de dupes. Avec des ministres et autres favoris du palais, comme candidats de substitution à ceux choisis par la base.
Tout ça remet en doute la crédibilité de ce scrutin. Et c’est notre démocratie qui en prendrait un sérieux coup. D’autant que lors de la 5ème réunion du Comité Inter-Parties (CIP) qui s’est déroulée récemment à Conakry, en présence des parties prenantes au processus électoral, Paul Amegakpo, directeur résidant du NDI en Guinée avait déclaré devant la Ceni que « les élections sans la transparence ne servent à rien ».
Une formule qui a malheureusement laissé Salif Kébé de marbre.