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Guinée, le défi de l’alternance ethnique

Un constat crève les yeux en Guinée, le défi de l’alternance n’est pas démocratique, il est ethnique. Il existe dans ce pays une sorte de coalition ethnico géographique qui caractérise dans sa substance le jeu politique, ce qui est un véritable gâchis pour ce que les générations précédentes laissent en héritage aux générations suivantes. C’est la preuve que notre démocratie s’est très mal construite et qu’elle fonctionne mal. Au lieu de favoriser l’émergence d’un jeu politique fondé sur le projet de société, elle a plutôt favorisé l’émergence des forces ethniques porteuses des germes de conflictualité et des risques d’exclusion de l’autre supposé étrange.

Or, la politique selon ce qu’on en sait universellement dans une société démocratiqueest autre chose qu’une stratégie de conquête ou de conservation de pouvoir fondé sur unmélange savant de considérations ethniques et de régionales. La politique faut-il le rappeler est un moyen d’organisation de la société et de la conduite de ses affaires dans l’intérêt général.

Une élection sans débat

La situation politique de la Guinée d’aujourd’hui est le résultat d’une évolution historiquechaotique sur le plan démocratique. Depuis longtemps, la combinaison ethnico géographique a largement dominé le jeu politique avant de le prendre en otage. Cette combinaison a finalement pris une tournure inquiétante pour la cohésion sociale ettransformé les rendez-vous électoraux en unchamp de bataille pour la recherche de l’alternance ou du statuquo ethnique. Pour preuve, les deux grands leaders qui se démarquent dans la compétition au compte de la présidentielle de 18 octobre, Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo sont majoritairement soutenus par leurs ethnies respectives.

Ces deux candidats n’ont pas eu le moindre débat public en dix ans pour permettre aux votants de se faire une idée d’eux. Personne ne sait ce qui les différencie ou ce qui lesrapproche notamment sur le plan économique, social et culturel. L’appel à un débat contradictoire n’apparaît pas non plus comme une réclamation forte chez leurs partisans, moins portés un débat contradictoire, qui de toutes les manières ne changerait pas grand-chose aux opinions des uns et des autres.Pourtant, il y a tellement à demander sur leurs bilans et perspectives.

Le vote ethnique et ses suites…

Dans un pays où il n’existe pas de statistiques ethniques, pratique d’ailleurs interdite par la loi, pour connaître le nombre effectif des peuls et des malinkés, surtout ceux parmi eux qui sont en âge de voter, il serait difficile de prévoir un le gagnant ou le perdant en se fondant sur le seul critère du vote ethnique. L’effet différentiel de ce vote étant lui-même limité, on voit ces deux grands partis aller à la recherche des voix supplémentaires dans d’autres espaces ethnico géographique

Les autres leaders qui sont dans la compétition ou qui n’en font pas partie mais issus d’ethnies moins grandes en nombre auront dans ces conditions très peu de chances pour s’imposer. A moins que prochainement, en poursuivant jusqu’au bout la logique ethnico géographique, les ethnies minoritaires se coalisent à leur tour pour créer en leur faveur l’effet du nombre. On assistera ainsi à un véritable morcellement ethnico géographique du territoire national pour des fins électorales. La pire chose qui puisse arriver au pays.

A l’allure où vont les choses, rien n’interdit de penser que celui qui sera porté au pouvoir principalement par la force de son ethnie n’aura pas autre choix que d’agir, sauf miracle, selon les vœux de son ethnie. Le risque donc pour le président guinéen après le 18 octobre d’être l’otage de son ethnie dans un pays qui compte plus d’une cinquantaine est alors très grand.

Pour casser la bulle…

Aussi longtemps que le jeu politique en Guinée sera dominé par le couple ethnico géographique utilisé dans son sens le plus vicieux et non le plus vertueux, on assistera à la répétition du même cycle. Les hommes vont se succéder à la tête de l’Etat au cœur du même système qu’on condamne lorsqu’on n’en fait pas partie, au plaisir des uns et au malheur des autres. Mais jamais dans leur ensemble, les guinéens n’auront droit à la prévalence de l’intérêt général dans la conduite des affaires politiques. De même, le sentiment qu’un président élu est par une majorité celui d’une autre majorité persistera de toute sa force.

D’où la nécessité de casser cette bulle par une révolution des esprits, qui permettra aux guinéens de s’interroger sur le sens qu’ils entendent donner à la vie commune en sociétésur la terre de leurs ancêtres à tous, loin des visons microscopiques commandées par la posture ethnique.

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