Lors des manifestations organisées les 28 et 29 juillet 2022 à Conakry, des morts, des blessés et des arrestations ont été enregistrés. À la suite de ces événements, le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, Mory Condé, a dissous, le 6 août, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). Cette décision, faut-il le rappeler, a été annoncée à la télévision nationale le 8 août.
Une semaine après cette dissolution, le 15 août exactement, Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a écrit au Colonel Mamadi Doumbouya. Dans ce courrier, elle a demandé au président de la transition et à son gouvernement de libérer les détenus, d’engager des poursuites contre les auteurs des assassinats et d’annuler la décision de dissolution du FNDC.
« Je vous écris pour vous faire part de mes profondes préoccupations face à l’évolution récente de la situation des droits de l’homme en République de Guinée. Selon les informations que j’ai reçues, le recours à la force par les forces de sécurité lors des manifestations des 28 et 29 juillet 2022 a entraîné un certain nombre de morts et de blessés. De telles actions pourraient constituer des violations des droits de l’homme, y compris des droits à la vie et à l’intégrité physique. J’encourage votre Gouvernement à diligenter des enquêtes sur ces incidents malheureux et à traduire leurs auteurs en justice.
Je suis également préoccupée par les informations faisant état d’un grand nombre d’arrestations de manifestants, y compris des membres de l’opposition politique et de la société civile. De telles actions pourraient constituer des violations des droits à la liberté d’association et de réunion pacifique. Je demande instamment au gouvernement guinéen de veiller à ce que les personnes détenues pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique soient libérées et que leurs droits fondamentaux soient protégés de manière adéquate.
J’ai été informée de la décision prise par votre gouvernement le 9 août courant de dissoudre le Front National pour la Défense de la Constitution, un collectif de partis politiques d’opposition, syndicats et organisations de la société civile, qui a été à l’initiative des manifestations des 28 et 29 juillet dernier. Une telle mesure constitue une atteinte grave au droit à la liberté d’association et de réunion pacifique. J’en appelle à votre gouvernement à revenir sur cette décision et à garantir à tous les Guinéens les libertés fondamentales contenues dans la Constitution guinéenne et conventions internationales relatives aux droits de l’homme auxquelles la République de Guinée est partie. »
Michelle Bachelet a ensuite demandé aux autorités de privilégier le dialogue pour résoudre problèmes politiques et de promouvoir et respecter les droits de l’homme pour garantir l’avènement d’un état de droit dans le pays. Elle affirme que son Bureau est disponible pour leur apporter l’assistance technique nécessaire.