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Guinée : Le COCAN accusé d’avoir spolié une société chinoise d’un « contrat » d’une valeur de plus de 160 millions USD

China Machinery Engineering Corporation Ltd. (CMEC) est une entreprise appartenant au gouvernement central de la République populaire de Chine. Ce grand groupe chinois réalise des infrastructures d’envergure dans plusieurs domaines.

Selon le représentant de la société en Guinée, CMEC a été soumissionnaire pour la réalisation des infrastructures sportives suite à un appel d’offres international lancé par le COCAN.

Aux dires de M. Sylla, ledit appel d’offres a été effectué en novembre 2021. Et toutes les sociétés soumissionnaires ont payé leurs cahiers de charges à hauteur de 50 millions GNF.

« Et elles étaient tenues de suivre les directives et autres orientations contenues dans ces cahiers de charges », précise notre interlocuteur tout en précisant que son entreprise a acheté son cahier de charges et fait son offre.

Comme pour asseoir ses propos sur une base, M. F. Sylla ajoute que CMEC a été la première société à déposer son offre au siège du Comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (COCAN 2025).

« Et comme par hasard, lors de l’ouverture des plis par le ministre de la Jeunesse et des Sports, l’offre de la société CMEC a été le premier document à faire l’objet de l’ouverture symbolique et officielle devant toute l’assistance », rapporte-t-il.

Contre toute attente, le représentant de CMEC dit avoir suivi avec attention la signature du contrat commercial sur le site de Kankan des lots 1, 2 et 3 qui étaient déjà attribués à sa société, dans le cadre de la réalisation des infrastructures sportives et villages CAN de COCAN 2025, approuvé par le Comité suite aux informations de dépôt des dossiers des sociétés signataires des contrats.

« Or, notre société, déjà soumissionnaire à l’appel d’offres international lancé par la République de Guinée pour le compte de la CAN 2025 dans le cadre de la construction des infrastructures sportives et du village CAN,  a participé à toutes les négociations d’exigences du COCAN, en tenant compte de tous les paramètres du cahier de charges, mais également des négociations à deux reprises en BE TO BE entre les autorités compétentes et décideurs du COCAN. Et notre société a été retenue compte tenu de son expérience récente en termes de construction de deux grands stades de 20.000 places chacun et de six autres stades d’entraînement au Cameroun, tous certifiés par la CAF », enseigne M. Sylla.

A la suite des négociations préalables, China Machinery Engineering Corporation, Ltd dit  avoir été officiellement notifiée de l’attribution du marché du site de Kankan, notamment les lots 1, 2 et 3, le 20 avril 2022.

« Nous avons été notifiés par le COCAN par un ordre de service, afin que CMEC se mette en rapport avec le gouverneur de la région administrative de Kankan pour entamer l’exécution desdits travaux dès réception de la présente notification », nous confie le représentant de l’entreprise chinoise.

CMEC « injustement » expropriée du contrat

Récemment, lors de la signature du contrat commercial, CMEC, après que des cadres lui aient notifié l’attribution du marché à une société portugaise qui n’était même pas soumissionnaire pour le site de Kankan, la société CMEC se dit avoir été trichée.

« Et cela, en violation fragrante de tous principes d’appel d’offre international et de passation de marché aux ayants droit », s’offusque son représentant. Car, pour lui, la magouille autour de l’expropriation du contrat de CMEC est assimilable à une corruption flagrante d’attribution du marché gré à gré à des sociétés qui n’ont ni participé à l’appel d’offre et qui n’ont pas été soumissionnaires non plus dans un site.

« De nos jours, ces sociétés sont signataires d’un contrat commercial que nous appelons , un contrat de gré à gré attribué à ces sociétés dans le processus d’un appel d’offres international ouvert. Et jusqu’à présent, aucune de ces sociétés n’a débuté les études. Alors, il faut se poser la question , comment une société peut-elle lever un fonds dans une institution financière lorsqu’aucune étude n’’a été faite, surtout les études d’impact environnemental qui sont au compte du maître d’ouvrage qui décline ou viole sa propre règle ? », tente de savoir Faouly Sylla appuyé par M. Wen Yao, chef projet de la société CMEC.

Réaction du mis en cause

Dans le souci d’équilibrer l’information, nous avons tenté d’entrer en contact avec le président du COCAN 2025, par ailleurs ministre de la Jeunesse et des Sports. Au bout du fil, Lansana Béa Diallo a préféré nous rabattre sur le Directeur des Opérations du Comité, M. Molota Camara qui aurait suivi toute la procédure d’attribution des marchés.

« Et comme ça, ils vont vous expliquer exactement ce qui s’est passé au niveau des contrats et pourquoi finalement CMEC n’a pas été prise comme entreprise. Ce n’est pas moi qui ai géré cela », a-t-il coupé court.

Chez M. Molota Camara, nous avons été mis en rapport avec M. Siaka Sylla, architecte Administration et Contrôle des Grands projets, service au compte duquel il appuie le COCAN dans le volet technique.

D’entrée, cet autre répondant a tenu tout d’abord à situer la situation dans son contexte. A en croire M. Sylla, ce processus technique a été amorcé au depuis mai 2021, après la mise en place d’une commission ad hoc avec pour mission, l’élaboration d’un cahier de charges pour la sélection des entreprises.

« A l’issue de la première activité, cette commission a jugé utile de faire des visites sur chaque site, à l’intérieur du pays, à l’effet de toucher du doigt la réalité du terrain en vue de mieux élaborer le cahier de charges. Cela a permis de présenter le rapport diagnostic qui nous a permis d’obtenir le portefeuille des projets que nous avons séquencé en deux étapes : une première étape qu’on a appelée le programme fonctionnel concernant spécifiquement les infrastructures sportives (stades de compétition, stades d’entraînement et villages CAN, c’est-à-dire, les infrastructures d’hébergement des délégations sportives) », a placé Siaka Sylla à l’entame de sa communication.

« Le 24 septembre 2021, poursuivra-t-il, nous avons lancé un appel d’offres international qui a connu beaucoup d’engouement. Au total, il y a 20 entreprises qui ont acheté les cahiers, dont 15 ont fait des offres. Ensuite, il y a eu une commission technique mixte composée d’architectes, d’ingénieurs, de financiers et de juristes, pour évaluer les capacités techniques et financières de chacune de ces entreprises. Donc, un travail de fond a été abattu ».

Selon notre interlocuteur, à l’issue de tout ce travail, il a été procédé à un classement par site pour chacune des entreprises pour les 17 lots ayant fait l’objet d’appel d’offres, avec trois lots sur chaque site, à part Conakry qui n’en compte que deux ; à savoir : Boké, Kindia, Labé, Kankan et N’zérékoré.

« Ensuite, une seconde commission a été mise en place, composée des mêmes types de spécialistes qui ont aussi fait des négociations techniques et financières. Parce que nous sommes en mode EPCF. Tout un processus : après les offres, il faut évaluer les capacités techniques et financières et les clôturer par des négociations techniques et financières également », a expliqué l’architecte Sylla.

Spécificité de la procédure d’attribution des marchés 

Selon Siaka Sylla, le COCAN s’est inscrit dans un type de procédure dans lequel aucune entreprise n’est éliminée d’office. Et que c’est un processus continu. « Mais l’entreprise CMEC dont vous parlez n’a jamais eu de contrat avec le COCAN. Et d’ailleurs, aucune entreprise n’avait eu un contrat avant la finalisation de cette activité. Parce qu’avant cette activité de discussions, on avait fait des attributions provisoires où on avait fait une première sélection des entreprises qu’on avait pressenties comme étant celles avec lesquelles nous pouvions partir », a-t-il soutenu.

Poursuivant, M. Sylla a tenu à préciser que tant que les contrats ne sont pas signés, aucune entreprise n’est définitivement sélectionnée. « C’est pourquoi on a dit attributions provisoires. Donc, les entreprises qui ont été sélectionnées ne l’ont été que provisoirement », a-t-il clarifié.

Aux dires de Siaka Sylla, tout au début sept entreprises avaient été provisoirement notifiées et qu’au fil des discussions, le COCAN s’est rendu compte que les discussions étaient difficiles avec certaines entreprises.

CMEC mise à l’écart sur la base d’un certain nombre d’incompréhensions

En outre, M. Sylla a rappelé que certaines entreprises ont commencé ces discussions tardivement, soit six à sept jours après. Notamment l’entreprise CMEC.  « Et quand on a commencé les discussions, il y avait un certain nombre de points bloquants. Parce que nous, on a fait les discussions dans l’intérêt supérieur de la nation. Donc, on ne pouvait pas s’engager sur des points qui n’étaient pas à l’avantage du pays. Tout comme ces entreprises : elles défendaient, elles aussi, leur position. Chacun étant dans sa position, il y a eu deux entreprises avec lesquelles on ne s’était pas compris. Il y avait des entreprises, comme CMEC, qui demandaient la mise en place d’une contrepartie de financement de 15% comme condition préalable de démarrage du processus de financement« , a-t-il révélé.

Et pour finir, l’architecte Sylla a confié qu’il y a une convention qui doit être signée très bientôt, à l’issue de laquelle chaque entreprise va proposer au COCAN des partenaires qui vont faire les financements.

« Dans cette convention, au cas où on ne se comprendrait pas avec une entreprise, et que les conditions posées ne soient pas à l’avantage du pays, nous pourrions prendre une entreprise back-up, malgré la signature du contrat. Alors, je ne comprends pas pourquoi CMEC qui n’a même pas signé de contrat avec nous spécule », a-t-il conclu.

Toutefois, la société CMEC ne s’avoue pas vaincue d’emblée dans ce contentieux. Mais elle n’entend pas non plus engager de bras de fer avec la Guinée à travers le COCAN, ni non plus saisir les juridictions guinéennes et même supranationales, pour être rétablie dans ses droits. Non !

Et cela, à cause des relations de coopération existant si heureusement entre  la République populaire de Chine et la République de Guinée.  Sinon, elle réserve le droit de saisir la CAF à travers un courrier dénonçant « la magouille » orchestrée autour de cette affaire et l’informant que la société qui a reçu le Vice-président et sa délégation sur le site de Kankan a été injustement expropriée du contrat.

Ledit contrat porte sur un montant global de plus de 160 millions 400 mille dollars US.

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