Les membres du Conseil national de la Transition (CNT) se sont réunis ce 29 juillet 2022 en plénière pour adopter deux résolutions dont celle portant sur la promotion de textile guinéen. La Guinée, c’est entre autres le leppi, le ngara, le kendely, la forêt sacrée, des tissus qui font la fierté nationale. Mais de nos jours, beaucoup de ces tissus sont contrefaits et vendus sur le marché national. Une situation qui choqué l’opinion et le ministre du Commerce et celui de l’Artisanat ont fait récemment un communiqué conjoint pour condamner l’importation et la vente de ces tissus contrefaits. D’où l’importance de la résolution du CNT qui vise à promouvoir et à protéger le travail des artisans guinéens.
Pr Hassan Bah président de la Commission Santé, éducation, affaires sociales, art, sport et culture, a indiqué que ce textile a une double importance : «L’adoption de cette résolution permettra la valorisation de notre identité culturelle. Sur le plan culturel, le respect de la tradition ancestrale, le respect de nos coutumes, la promotion de notre patrimoine culturel. Sur le plan économique, elle va permettre à nos artisans de vivre du fruit de leur travail, de créer de la richesse, de créer de l’emploi, de rehausser notre économie, de développer notre pays. Cette résolution est bénéfique pour notre pays et favorable à l’émergence de l’artisanat, à la valorisation de notre culture et au développement économique. »
Le Conseiller national, Sékou Doré est revenu sur ce qu’était la filière teinturière dans les années 60. Il a d’abord rappelé que «l’art, la culture et l’artisanat ont contribué incontestablement à marquer la présence de notre pays dans le concert des nations. Cette réputation a permis à notre Etat d’être identifiée comme un pôle d’excellence par le développement culturel. A cette époque, les pionniers de notre indépendance, par une meilleure politique culturelle, se sont investis pour mieux vendre l’image de la guinée à travers les meilleures expressions de sa culture, de son artisanat et de son textile. »
Plus loin, il a rappelé que des Maliennes, Libériennes et Sierra léonaises venaient apprendre en Guinée la teinture : « Pour rappel, la première coopérative de teinturières de l’Afrique de l’Ouest fut créée en 1960 en Guinée sur proposition de feue Hadja Jeanne Martin Cissé. Cette coopération a accueilli des femmes maliennes, sierra-léonaises, libériennes qui sont venues apprendre les techniques de base de la filière teinturière. Depuis 1960 jusqu’au début des années 90, la Guinée occupait jalousement la première place de la filière teinturière de la sous-région ouest africaine. »
Mais, regrette Sékou Doré, le manque de soutien de l’Etat et la privatisation de l’usine de textile de Sanoyah ont réduit considérablement la production du textile guinéen.
Présent à cette plénière, Alpha Soumah, ministre de la Culture, de Tourisme et de l’Hôtellerie, a dit que l’adoption de cette résolution par le CNT va pousser le Gouvernement à aller plus vite dans la promotion, mais aussi la protection du textile guinéen qui, selon lui, doit être l’ADN du patrimoine culturel guinéen : « Au niveau du Gouvernement, nous faisons tous les jours des efforts pour nous conformer à cette décision que vous venez de prendre et vous nous avez poussés à aller plus vite, parce que le textile ce n’est pas seulement ce qu’on met sur le corps, ça contient aussi notre patrimoine, l’ADN de notre patrimoine culturel y réside aussi. Ça veut dire que quelque part, la prise de conscience qui est en cours doit envahir nos esprits, de nous pousser à nous approprier notre patrimoine qui a tendance à être oublié. »