C’est comme si le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) est dorénavant dans la roue du Conseil national du rassemblement pour le développement (CNRD), marquant la junte à la culotte. C’est le moins qu’on puisse écrire. Vu la promptitude avec laquelle ce mouvement de la société civile, devenu le poil à gratter des autorités de la transition, a répliqué au communiqué de la junte, réitérant l’interdiction des manifestations de rue, tant qu’aucune garantie d’encadrement de ces marches ne serait pas réunie.
Le FNDC a profité de cette fenêtre de tir, pour inviter les militants prodémocratie à se mobiliser pour une reprise éventuelle des actions de désobéissance civile.
A voir la causticité qui caractérise les passe d’armes entre la junte et ses détracteurs, dont le G58 et le FNDC, on a l’impression que les deux camps antagonistes jouent à se faire peur. Chacun brandissant ses biceps, dans un tour de chauffe, en attendant que les choses sérieuses ne commencent. Qu’ils n’en viennent au corps à corps, la surenchère verbale se poursuit.
C’est dans ce jeu de l’équilibre des terreurs, que le CNRD a réitéré la mesure d’interdiction des manifestations de rue, à travers un communiqué diffusé à la télévision nationale dans la soirée du mardi. Une réaction perçue comme une réponse à l’appel que venait de lancer la veille le Haut-commissariat des Nations Unies, en faveur de la levée de cette interdiction. Considérée par l’institution onusienne comme liberticide.
Le CNRD qui a saisi cette opportunité pour marteler que ‘’rien ne saurait justifier les marches en cette période sensible de la vie nationale où les Guinéens ont repris à se parler en frères, précise dans la même foulée qu’aucune marche ne sera autorisée aussi longtemps que les garanties d’encadrement ne seront pas réunies.»
De quoi jeter davantage l’effroi dans les rangs des défenseurs des droits humains. Même si certains analystes futés, voient plutôt dans cette démarche du CNRD, un appel d’air, destiné à détendre l’atmosphère politique.
Une lecture que ne partage d’ailleurs pas la Coordination nationale du FNDC qui s’est aussitôt fendue d’une réplique en flétrissant ce qu’elle qualifie ‘’d’attitude dictatoriale du CNRD qui, en dépit de toutes les dénonciations et les mises en garde des ONG de défense des droits de l’homme et des institutions internationales sur les éventuelles conséquences de cette décision sur la bonne marche de la transition, décide de restreindre l’exercice des libertés publiques.’’
Le Front réitère à son tour ‘’avec fermeté son refus catégorique de se soumettre à cette interdiction illégale et inopportune.’’
N’y entrevoyant comme ultime recours que la reprise des manifestations de rue, pour ‘’empêcher la confiscation du pouvoir par le CNRD et d’exiger un retour rapide à l’ordre constitutionnel’’, selon la Coordination.
Une Coordination qui serait dans l’esprit du G58, ce regroupement hétéroclite de partis, dont l’envie d’en découdre avec les autorités de la transition, est devenu un secret de polichinelle. Deux entités qui auraient de plus en plus de mal à ronger leur frein, contre une junte qu’elles entendent défier sur le terrain.