Le gouvernement est pris de panique. Il confond visiblement vitesse et précipitation. A moins qu’il ne se préoccupe aucunement des difficultés des populations comme du cadet de ses soucis pour court-circuiter l’Assemblée Nationale qui semble aussi ignorer ses prérogatives.
L’augmentation du prix des carburants est une décision névralgique que l’exécutif ne peut et ne doit décider unilatéralement sans consultation des élus du peuple. Pourtant, ceux-ci se sont laissé damer le pion sans réagir depuis ce 1er juillet. Ignorance ou incompétence, allez savoir.
Au temps du général Lansana Conté, avant toute augmentation, il y avait consultations à tous les niveaux pour un accord sur la structure de tous les prix qui impactent la vie socio-économique du pays. Les commerçants, les transporteurs savent les marges et les limites à respecter, tel n’est pas le cas, cette fois.
Le gouvernement a décidé tout seul de tout, aucune consultation n’a été envisagée avec les syndicats muets et bifides, avec la Société civile, qui veut réagir à l’emporte-pièce et en rangs dispersés, étant bicéphale, avec le patronat, également à deux têtes et avec l’association des consommateurs, qui a accepté de consommer la décision à pleine bouche.
Si le gouvernement a pu museler tout ce beau monde, on se pose la question de savoir à combien les miniers, les ambassades, EDG et la SEG doivent acheter leur carburant pour leur fonctionnement sans impacter leur fonctionnement. On pense que si EDG et la SEG sont frappées de la même augmentation, il faut s’attendre à des remous sans fin, d’autant que Kaléta a calé, et que l’étiage risque de continuer au-delà de juillet, vu le réchauffement climatique et la a raréfaction des pluies, comment EDG pourrait continuer à fournir l’électricité avec le thermique ? Et sans électricité, des milliers ou des millions de personnes verront leurs activités économiques en arrêt.
Pour rappel, en 2016, la structure des prix pour les secteurs exonérés était fixée comme suit :
Marché minier – gasoil : 5 800 GNF
Ambassades – essence : 5 500 GNF ; gasoil : 4 700 GNF ; pétrole : 4 500 GNF.
Soutage international- gasoil : 3 900 GNF.
Marché EDG- gasoil : 5 100 GNF.
Marché SEG- gasoil : 5 100 GNF.
Qu’en est-il pour cette année ? Quel sera l’impact général ?
On a ouïe dire que le pain sera à 4000 fg la baguette ; la viande avait profité du ramadan pour se fixer définitivement entre 40 et 50 000 fg. Et le gaz de cuisine ? Et le riz, l’huile, le sucre, l’huile et autres ? Déjà, les transporteurs de Conakry ont majoré de 500 fg par tronçon, sans mot d’ordre des syndicats, par manque de petites coupures et jetons. On ne peut pas dire que l’économie guinéenne se porte comme un charme, puisque la monnaie se porte mal, contrairement à ce que les économistes veulent faire entendre aux enfants du Bon Dieu, qu’ils prennent pour des canards sauvages.
Avec cette augmentation unilatérale et sauvage pour rattraper les gaps financiers, pour complaire au FMI et autres institutions financières internationales, on ne peut pas dire que la Guinée sera parée pour la monnaie unique de la ZMAO, en dépit du boom dans le secteur minier, dont les politiques se vantent.
Mais en dépit de tout, il est possible que la hausse des prix des carburants soit revue à la baisse, dans les jours à venir, d’autant qu’il n’y a pas péril immédiat. Certains pays producteurs de pétrole semblent toujours tergiverser pour augmenter leur quota de production et les difficultés économiques de la Russie vont freiner cette ardeur pour garder le prix du baril au-dessus des 60 dollars. Moscou a besoin de se rattraper des sanctions occidentales, ne voilà-t-il pas une occasion pour la Russie de leur rendre la monnaie ?
Mais à 60 dollars le baril, quel sera le prix du litre à la pompe, à Conakry ?