C’est avec un optimisme chevillé au corps que le président de la transition a lancé au pas de charge, les travaux des assises nationales mardi, à l’occasion d’une cérémonie solennelle qui s’est déroulée au palais Mohamed V. S’exprimant avec la foi du charbonnier, lors de son discours d’ouverture de ces assises, le colonel Mamadi Doumbouya, tout en revisitant le sombre passé de la Guinée, à travers un réquisitoire assez sévère, a invité ses compatriotes à saisir cette opportunité pour faire leur catharsis. Un exorcisme, devenu un passage obligé pour chasser une fois pour toute, les vieux démons d’un pays, qui continue d’être à la croisée des chemins, après plus de soixante ans d’indépendance.
C’est sans doute pour ne pas briser la promesse faite aux Guinéens de tenir des assises nationales en ce mois de mars, que le colonel Mamadi Doumbouya a tenu à lancer le train de ces concertations, au pas de charge. Sans service avant-vente, ni termes de références (TDR) ventilés à temps, à l’attention des participants. C’est comme si les autorités de la transition avaient été prises de court.
Il n’en fallait pas plus pour que certains observateurs, trop tatillons, parlent d’assises tirées par les cheveux.
De quoi mettre de l’eau au moulin de ceux qui pointent du doigt le caractère inopportun de ces assises. Dans ce lot se retrouvent quasiment les contempteurs de la junte, constitués d’une cinquantaine de formations politiques. Ces partis qui semblent voir midi à leurs portes, préfèrent un cadre de dialogue inclusif, pour débattre des élections, à des assises, organisées par une junte dont ils doutent de la légitimité.
Même si le colonel Mamadi Doumbouya, a démontré à travers son discours, que peu lui en chalait, de tous ces états d’âme.
Car pour lui, ‘’l’enjeu est comment assumer notre histoire dans toute sa grandeur et sa facette la moins lumineuse, pour avancer.’’ Tout en martelant dans la foulée que ‘’les Assises nationales sont au-dessus de toutes les considérations politiques, ethniques et religieuses de notre nation.’’
De ce pas, il ‘’en appelle à l’implication des acteurs politiques, culturels, religieux et socio-professionnels pour conférer à cet évènement toute la réussite qu’il mérite.’’
Mamadi Doumbouya a tenu à rappeler que sa détermination à servir la nation est totale et qu’il ne reculera pas. Postulat dont il avait fait mention dans son adresse à la nation du 31 décembre dernier.
Comme semble le croire le président de la transition, ces Journées de Vérité et de Pardon devraient servir de processus de sanctification des Guinéens. Exorcisme sans lequel, nous ne verrons pas le bout du tunnel de sitôt. Avec toutes ces victimes de ces régimes liberticides qui continueront de nous hanter, au fil du temps.