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Guinée – Culture : Que sont-ils devenus ? Zoom sur le Doyen Lènkè Condé, malade alité à la maison

Entre honneur et hommage, nous adoptons sans répit le second vocable. N’attendons pas que des coups de pelle, recouvrent par des buttes des grandes âmes, ensuite orner leurs cercueils du drapeau national, pour enfin verser des larmes en les magnifiant par des discours inutiles.

Ils sont nombreux ces gloires impérissables du secteur des arts, de la culture et des sports de notre pays qui vivent dans un dénuement total.

La rubrique ‘’Que sont-ils devenus’’ va s’intéresser à la vie, aux œuvres et si possible au carnet de santé de tous ces acteurs qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes à la patrie Guinée.

Né en 1940, Lènkè Condé est ex-inspecteur du commerce, guitariste soliste, membre fondateur de l’orchestre national Kèlètigui et ses tambourinis.

Il est fils de feu Lansana et de feue Thierno Fatoumata Sylla. Ce charmant guitariste est marié à deux femmes : Hadja Kady Soumah et Hadja Marie Bangoura. Il est père de neuf (9) enfants.

Le parcours musical de Lènkè Condé est immense. Brièvement abordé, c’est en 1960, aussitôt après la création du Syli orchestre en 1959, que Lènkè fut séduit par la musique moderne. Incité par la guitare de feu grand Papa Diabaté des virtuoses Diabaté, célèbre guitariste, il a vite opté pour cet instrument à six cordes.

Fonctionnaire en service à Siguiri, chargé du bureau de la solde, il fut muté à Conakry au ministère du Commerce au titre d’Inspecteur du commerce, prix et conjonctures, poids et mesures. Dès son arrivée, il a été recruté sur la liste des artistes par le ministre, feu Docteur Saïdou Conté.

La véritable longue histoire d’amour entre une guitare et un homme naissait. Lènkè Condé s’est retrouvé à la Paillote dans les années 1961-1962

Il a commencé à aiguiser ses armes auprès de la formation orchestrale dénommée ‘’Les déménageurs africains’’ composés de musiciens de nationalités différentes.

L’éclatement du Syli orchestre, qui était composé de plus d’une trentaine de musiciens, a donné naissance aux orchestres ‘’le climat de Guinée’’ et ‘’ l’orchestre de la paillote’’.

Le Doyen Lènkè Condé, soucieux de poursuivre et de parfaire sa formation, évoluera non pas titulaire au sein du climat de Guinée et auprès de son maitre grand Papa Diabaté.

Cette formation orchestrale réunissait en son sein de grands musiciens tels, Mamady Kourouma (chef d’orchestre), feu maitre Kèlètigui Traoré, feu Souleymane Sylla ‘’Souley’’, Mamadouba Gueye dit le ‘’Grand’’, Mamadouba Hanga dit ‘’Tollo’’ et autres.

Suite à une incompatibilité d’humeur entre artistes, Lènkè repartira en compagnie de Maitre Kèlètigui Traoré à la ‘’Bonne Auberge’’.

A la Bonne Auberge, feu Cossa Bounama, musicien de renom d’antan, trouvera des instruments pour créer un ensemble sextet.

Ce sextet composé de Maitre Kèlètigui, Lènkè Condé, Durango, JK Sylla, Labilé et Bignè Doumbouya, évoluera à la Bonne Auberge à la satisfaction générale de tous les mélomanes amoureux de la musique guinéenne et étrangère.

Finalement, le destin conduira l’artiste définitivement à la Paillote en compagnie de l’ensemble sextet de la Bonne auberge et la fusion fut faite avec l’orchestre les déménageurs africains.

Après le départ des artistes étrangers, cet ensemble orchestral sera dénommé ‘’L’orchestre de la Paillote’’ pour enfin se revêtir de ce grand nom emblématique Kèlètigui et ses Tambourinis.

Cet éminent fidèle et effacé guitariste soliste, aux doigtés mélodieux, a un parcours entièrement lié à celui de l’orchestre Kèlètigui et ses Tambourinis. Un ensemble orchestral qui a créé un style musical reconnu aujourd’hui comme un classique.

En mettant en évidence les racines africaines du jazz, du blues et de la musique cubaine, tout au long de leur carrière, Kèlètigui et ses Tambourinis a sorti plusieurs albums.

A l’écoute de toutes les œuvres musicales à succès produites par cet ensemble (…soundiata, famadenkè, n’nadia, madéri, miri magnin, toubaka…), les sonorités de la guitare solo de Lènkè Condé aux marques inaltérables, continuent de résonner et rendent nostalgiques.

Depuis plusieurs années, Lènkè Condé est gravement malade, paralysé et alité à domicile.

Il a été admis en décembre 2013 dans une clinique d’ophtalmologie (Lyota) à Bamako et soumis à tous les examens réalisables. La cécité confirmée, Lènkè  restera éternellement dans le noir.

La pitié nous domine et le frisson gagne le corps, en prononçant le mot aveugle ou non-voyant, qui pourtant, qualifie exactement l’actuel état de santé du Doyen Lènkè Condé.

Paralysé, en plus de son état de non-voyant, le Doyen Lènkè Condé est aussi atteint de la maladie de Parkinson, maladie héréditaire, dit-il, qui gagne du terrain.

Ce moustachu homme d’antan, aux cheveux blancs surélevés par un inséparable chapeau Borsalino, troque le tout aujourd’hui en faveur du destin. Le seul destin qui l’alite et qui lui fait attendre le grand article réservé à tout mortel.

Ils étaient nombreux ces talentueux artistes au sein de l’orchestre Kèlètigui et ses Tambourinis. D’une actuelle diction difficilement déchiffrable, pieux, Lènkè Condé dans son lit rends grâce à Dieu. Des bénédictions ou ‘’douas’’ pour le repos éternel des âmes de ses illustres compagnons ont fait couler les larmes.

Qu’elle sait bien décimer cette mort. Ils sont tous à l’au-delà : Maitre Kèlètigui Traoré, Bignè Doumbouya, Kerfalla Camara, JK Sylla, Manfila Kanté ‘’Dabadou’’, Babadian Kaba, Talibè Traoré, Momo Wandel Soumah, Abdoul Karim ‘’Tchuck Berry’’, Diély Moussa Koita. Paix aux âmes des illustres disparus.

Dans cette embarcation de Kèlètigui, qui a fait honneur à la Guinée sur le plan musical, nous pouvons compter au bout du doigt et par la grâce de Dieu ceux qui sont encore vivants. Peu ou pas fonctionnels, Lènkè Condé, Papa Kouyaté, Kandet Sylla, Bemba Dioubaté, Bossely Kéita sont de ceux-là.

Pratiquement, c’est fini entre Lènkè et la guitare. Le tremblotement en général est évident. Nous sommes persuadés malgré tout que dans son cœur, la guitare restera éternellement son prestigieux compagnon.

Une des dernières volontés de Lènkè Condé exprimées, est bien le souci de produire ses dernières œuvres. Dans sa besace, se trouve un album de huit (8) titres sur propre composition, en compagnie d’un module de l’orchestre Kèlètigui et ses Tambourinis new-look.

Lènkè Condé a perdu sa santé pas pour gagner de l’argent et par la suite, quel argent il va perdre pour refaire sa santé ? Allez y comprendre.

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