A en juger par sa sortie sans filtre, en prélude aux menaces proférées par le Front national pour la défense de la constitution (FNDC), qui appelle à des actions de désobéissance civile, à compter de ce lundi 13 janvier, c’est un ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation à cran, qui considère dorénavant la posture des opposants au projet de changement constitutionnel comme un casus belli.
Le ministre Bouréma Condé est donc monté sur ses grands chevaux pour voler dans les plumes du FNDC.
Ce grand commis de l’Etat qui ne s’est jamais départi de ses manières impérieuses n’hésite pas à qualifier les opposants de seigneurs de guerre.
« Les Seigneurs de guerre, comme ils se font désormais appeler, n’hésitant même pas à déclarer ce qu’ils appellent le Djihad qui, précisons-le, n’est fait que par des djihadistes, les Seigneurs de guerre dis-je, reviennent sur leurs menaces incendiaires destinées au pacifique peuple de Guinée et à ses partenaires, en s’arrogeant le droit d’interdire aux uns de se déplacer, d’être à leurs lieux de travail, de s’approvisionner quotidiennement dans les marchés, de se rendre dans les hôpitaux et aux autres d’exploiter leurs mines et carrières, d’ouvrir leurs stations de carburant, ou pour être plus bref, de ne plus vaquer à leurs préoccupations quotidiennes », fulmine Bouréma Condé.
Annonçant au passage que ‘’son gouvernement ne tolérera aucune dérive anarchique de nature à compromettre la quiétude sociale, la paix, l’Unité Nationale et l’intégrité territoriale en République de Guinée.’’
Le ministre invite pour finir ‘’les paisibles populations guinéennes à se rendre chacun à son travail et donne l’assurance qu’il veillera jusque dans les moindres détails au maintien de l’ordre public et à leur sécurité.’’
Avec ce discours sans filtre du chef du département de l’Administration du territoire, on est en droit de se dire qu’un cap nouveau a été franchi dans cette épreuve de force.
C’est comme si le dialogue n’était plus possible entre les deux camps antagonistes. Quand on sait que le FNDC a, dans une déclaration publiée récemment, appelé ‘’le Peuple de Guinée à se mobiliser massivement et partout en vue de grandes manifestations républicaines pour exprimer son opposition totale au projet de troisième mandat, tout en demeurant vigilant afin de ne pas céder aux éventuelles provocations et intimidations.’’
Dans un autre communiqué qui vient en appoint à la sortie du ministre Bouréma Condé, le gouvernement guinéen accuse les opposants de velléités de ‘’subversions’’.
Et que ‘’la puissance publique s’exercera dans toute sa rigueur envers ceux qui veulent troubler l’ordre public et nier aux autres guinéens le libre exercice de leurs droits fondamentaux.’’
Certains observateurs admettent que tous ces discours sont à mettre sur le compte de la politique des effets de manche. Surtout pour ce qui est du gouvernement, déjà sous les tirs croisés du SLECG (syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée), des travailleurs d’EDG (électricité de Guinée) entre autres. Et qu’il ne sert donc à rien de faire dans la surenchère, par ces moments qui courent. Mais qu’il serait plutôt mieux de faire profil bas, afin d’éviter que le pays ne bascule dans des violences indescriptibles.