Au rythme où se propage le coronavirus en Guinée, l’esprit de cohérence exigerait du président Alpha Condé qu’il traduise ses inquiétudes dans une forme d’engagement plus responsable, créatif et dynamique.
Présentement, les citoyens guinéens voient un président très inquiet, qui en appelle même à une fédération des bonnes volontés, alors que sur le terrain, ce sont le manque de transparence, le manque de créativité et le coronavirus qui imposent les règles du jeu. Ainsi, une certaine incohérence affecte lourdement l’attitude du président Alpha Condé. Qui le conseille en matière de santé publique ? Comment sont coordonnés les différents plans de riposte qui pullulent au sein de son gouvernement ? À quelle fréquence sont évalués l’efficacité et les résultats des mesures sanitaires mises en place il y a maintenant un mois ? En fait, il ne suffira pas d’imiter ce qui se passe ailleurs en élaborant des plans de riposte économique qui, fort probablement, resteront dans les tiroirs de la primature. Si le président et son gouvernement veulent éviter qu’une hécatombe vient se greffer à une crise politique devenue chronique, donc s’ils ne veulent pas que s’aggrave cette situation de comorbidité dans laquelle se trouve le pays, il faudra privilégier une attitude active et sérieuse face à cette crise de la COVID-19.
Pour Conakry qui est l’épicentre du coronavirus en Guinée, il s’agira d’élaborer un plan draconien qui permettra de limiter les risques de contamination communautaire, devenue la principale source de transmission. Les autorités guinéennes pourraient déployer, en fonction des ressources humaines et matérielles disponibles, une stratégie, un plan d’action pour chaque commune de Conakry. Mais avant, comme il a été rappelé ailleurs, il sera impératif d’avoir des données sur la commune qui représente le foyer principal de la contamination.
Ensuite, il y a lieu de se questionner sur la structure et le fonctionnement des dispositifs mis en place pour organiser la riposte contre la COVID-19 en Guinée : L’ANSS et le Conseil scientifique. En l’état actuel de la propagation du virus au sein de la population, il y a lieu de croire que ces dispositifs ont montré leur limite. Non pas par manque de ressources financières, mais parce que le mode de gestion de la crise sanitaire n’intègre pas toutes les ressources technologiques et organisationnelles nécessaires pour relever le défi posé la COVID-19. Pourquoi ne pas mettre à contribution la créativité technologique des jeunes guinéens pour accélérer la prévention contre la COVI-19 ? L’efficacité du Comité scientifique serait davantage renforcée si la compétence des jeunes ingénieurs et médecins guinéens, à jour sur les nouvelles données technomédicales, était sollicitée. L’urgence devrait conduire le président à privilégier le savoir-faire et l’innovation dont fait la jeunesse guinéenne à travers le monde.
Sur le plan organisationnel, il va falloir s’inscrire dans une logique de partage des tâches si l’on veut gagner cette guerre contre la COVID-19. Le défi sera de rompre avec le piège de la centralisation afin que chaque commune de Conakry dispose d’un administrateur sanitaire qui aura pour fonction de faire un suivi sur les cas testés positifs et leurs personnes -contacts pour cette commune. Cette stratégie de lutte décentralisée pourrait alléger le travail du Centre de traitement des maladies infectieuses de Nongo.
Enfin, si l’on veut freiner une catastrophe à venir, les stratégies de lutte contre le coronavirus gagneraient à être soumises à une évaluation chaque fin de semaine. On ne gagne pas une guerre sans faire une révision et une actualisation des modalités du combat contre l’ennemi. Mais pour cela, il faudra prendre l’ennemi très au sérieux. Et sur cette voie, les Guinéens à travers le monde ont déjà proposé des mesures, des conseils et des stratégies. Il serait temps que le président Alpha Condé donne de la valeur aux ressources humaines que sont les citoyens guinéens à travers le monde, en mettant au service de la cause sociale leur qualité intellectuelle et leur génie. Il n’est pas nécessaire toujours de se tourner vers les partenaires extérieurs.