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Guinée – Affaire 3ème mandat : Washington ménage la chèvre et le chou

Le message subliminal délivré par Tibor Nagy, le secrétaire d’État adjoint aux Affaires africaines, lors de son passage sur les antennes de RFI, vendredi dernier continue de défrayer la chronique dans la cité. C’est comme si le   « Monsieur Afrique » de Donald Trump, qui s’est mis dans un exercice consistant à ménager la chèvre et le chou, n’avait pas été bien compris des acteurs du landerneau politique guinéen.

Avec une  majorité présidentielle qui pense avoir décroché la timbale. Claironnant partout que le pays de l’Oncle Sam vient enfin d’adouber son « champion », dans son projet « controversé ».

Ce qui serait pourtant loin d’être le cas. Car M. Tibor Nagy Junior s’est plutôt dit très préoccupé par ce qui se trame en ce moment en Guinée, avec le changement constitutionnel que le pouvoir voudrait coûte que coûte imposer aux Guinéens. Ce, malgré une opposition farouche exprimée par le Front national pour la défense de la constitution (Fndc). Une plateforme qui fédère en elle, plus du tiers de l’électorat guinéen.

Le secrétaire d’État adjoint aux Affaires africaines a voulu sans doute ménager les susceptibilités des uns et des autres, dans sa sortie sur RFI.

Il a d’ailleurs reconnu avoir connu Alpha Condé, quand celui-ci était détenu dans les geôles de Lansana Conté, entre 1998 et 2001, alors que lui était ambassadeur des Etats-Unis en Guinée.

Tout en se disant ‘’personnellement touché’’ par les velléités du locataire de Sékhoutouréa.

C’est dans cette foulée qu’il martèlera, sans aucune volonté d’ingérence, je cite: « nous considérons que chaque pays a le droit de décider quel est son système politique et quelle est sa Constitution. Dans notre propre histoire, nous avons un président qui a fait quatre mandats, puis nous avons limité à deux mandats. C’est une chose de modifier sa Constitution en donnant la parole au peuple et en suivant un processus clair. Mais là où nous avons un problème, c’est quand les dirigeants changent une Constitution uniquement pour se maintenir en place », a-t-il souligné.

Quant à savoir si c’était le  cas aujourd’hui en Guinée, il rétorque: « je ne sais pas. Nous surveillons cela de très près. Il y a eu des évènements très inquiétants, avec des violences, des manifestations violentes et une répression violente. Notre ambassadeur est très impliqué et, à Washington, on regarde également cela de très près », a-t-il mentionné.

Le diplomate américain a dans la même dynamique, approuvé la position de Paris dans cette crise.

La France il faut le rappeler, a par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian émis des réserves sur ce projet de réforme constitutionnelle, qui à son avis: « ne paraît pas être obligatoirement partagée, ni par sa population ni par les voisins de l’État guinéen ».

Le représentant du pays de l’Oncle Sam a tenu toutefois, pour clore, à nuancer son propos, pratiquant ainsi la langue de bois, contrairement à M. Le Drian qui a jeté un gros pavé dans la marre de l’exécutif guinéen.

« On dit exactement la même chose. Le peuple de Guinée est le fondement de la souveraineté nationale et du pouvoir d’État. Si le processus est soutenu par le peuple, alors il est acceptable. S’il ne l’est pas ou s’il est manipulé, alors il n’est pas approprié. Dans ma position, il est très inconfortable de dire : ceci peut avoir lieu ou pas, ceci est bien ou mal. Car au bout du bout, ce n’est pas aux autres pays ou à quiconque d’autre de décider, c’est au peuple. Le pouvoir doit rester au peuple», a-t-il atténué.

En tout état de cause, il faut reconnaitre que ce discours du « Monsieur Afrique » de Donald Trump ne souffre d’aucune ambigüité, face à la crise qui secoue notre pays, depuis un certain temps.

Les Américains n’ont en effet pas du tout varié. On se rappelle encore de ce message de Mike Pompeo, le secrétaire d’Etat américain à l’endroit du président Condé, lors de son long périple effectué aux Etats-Unis en septembre 2019.

Message qui réitérait « le ferme soutien des Etats-Unis à des transitions de pouvoir régulières et démocratiques, qui donnent plus de responsabilité, des institutions plus fortes et moins de corruption».

Last but not least, la sénatrice californienne Karen Bass viendra ensuite porter le coup de grâce. En tançant en décembre dernier, les autorités de Conakry pour leur volonté de « tripatouiller » la constitution. Ce qu’elle trouve inadmissible.

Toutes ces mises en garde n’empêcheront cependant pas ceux qui occupent les avenues du pouvoir, de faire preuve d’un nationalisme cocardier. Comme c’est toujours le cas en Guinée. Avec des dirigeants prompts à porter des œillères, pour masquer leurs turpitudes, dès qu’ils sont l’objet de critiques sur leur gouvernance.

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