Nous sommes dans la préfecture de Tougué, située à plus de 400 kilomètres de Conakry. Les populations de trois sous préfectures (Koïn, Kollangui et Fatako) partagent la mare de Moukédjigué, une plaine de 180 hectares, qui leur offre, chaque année, deux périodes de récoltes de riz.
Aménagée pour la riziculture en 1956, cette mare développe deux types de riz: une variété précoce et une variété tardive. Thierno Ousmane Baldé leader des paysans à Moukédjigué précise « il y’a de cela 66 ans depuis que nos parents ont réalisé le canal d’évacuation de l’eau dans la mare pour leur permettre de cultiver. La mare fût morcelée en plusieurs parcelles attribuées par famille. Alpha Mamadou Kollagui a semé une variété de riz pour expérimentation. Depuis, ce riz continue à régénérer dans la plaine dont la maturité est tardive« .
Ibrahima Sory Sow, le directeur préfectoral de l’agriculture de Tougué indique que la particularité de cette plaine de Moukédjigué en Guinée « Cette mare bénéficie de l’humus venant des versants pour enrichir le bas-fond. Donc ici, les populations n’ont pas besoin d’engrais pour la riziculture. Les populations y sèment plusieurs variétés de riz: gambiaka, nerica. Le riz est flottant et peut atteindre plusieurs mètres de hauteur. Les paysans attendent que l’eau baisse de niveau dans la mare (fin novembre) pour commencer à récolter le riz précoce. Puis aux mois de février, mars, ils récoltent le riz tardif qui régénère naturellement dans la mare. Les grains de cette variété de riz tombent et sont rassemblés par le balayage« .
Pour améliorer le rendement de l’exploitation de cette plaine, Agrifarm a initié un projet de l’aménagement de la mare pour la riziculture et la pêche. Mais la population s’y est opposée pour un début avant De revenir sur leur décision « Nous nous sommes opposés au projet parce qu’il était question de mélanger toutes les parcelles. Éliminer le droit de propriété. C’est ce que nous n’avons pas accepter. Ici, l’appui dont nous avons besoin, c’est la réouverture du canal, la clôture métallique et la réalisation des forages pour nous permettre de trouver de l’eau pour les cultures vivrières en saison sèche » souligne Thierno Ousmane Baldé.
Il a fallu l’intervention du préfet de Tougué pour ramener les paysans à la raison. « Le problème était entre Koin et Fatako. J’ai convoqué les personnes ressources des deux parties à Tougué. Ça été une mauvaise communication d’une personne qui n’est plus là qui a mis les esprits dans la méfiance. 72 heures après mon compte rendu au gouverneur, une mission d’évaluation est arrivée sur le terrain pour échanger avec les bénéficiaires sur le principe de l’accord « , explique Colonel Ibrahima Soulé Camara préfet de Tougué.
En attendant la fin des travaux de l’aménagement de la plaine, les exploitants de la mare vont faire face aux piqûres des sangsues (des vers de 1 à 20 cm de long qui aspirent une quantité de sang lors des piqûres) car ils ne trouvent pas de produits phytosanitaires pour anéantir définitivement ces vers.