Plusieurs enseignants de la préfecture de Guéckédou ont été victimes de détournement de leurs salaires du mois de décembre 2019, par un réseau de petits malins qui leur ont ouvert des comptes fictifs au niveau de la First Bank( devenue Vista Bank), parfois dans ses agences basées à Conakry, en se servant de leurs documents d’identité, pour piquer leur argent virés sur ces comptes fictifs.
C’est le cas de Mamadou N’Diaye, professeur à l’ENI de Guéckédou. Son témoignage est hallucinant: « mon salaire était au billettage au compte de la Direction préfectorale de l’éducation de Dinguiraye. Le 06 janvier 2020, j’ai envoyé mon jeune frère pour prendre et expédier mon salaire. On lui dit que cette fois-ci mon salaire a été viré dans une banque. Alors, il m’a appelé pour me dire que mon salaire est déjà viré. Je dis comment? Moi je n’ai jamais viré mon argent dans un compte. C’est ainsi qu’il m’a communiqué le numéro du compte et la Banque où mon salaire a été viré. Après toute vérification, je constate effectivement que le compte a été ouvert à la banque First Bank (Vista Bank) sise à Madina. Mon salaire est viré le 25 décembre 2019 et le retrait de mon salaire a été effectué le 26 décembre 2019. Le 9 janvier 2020, je suis allé à l’agence First Bank de Madina à Conakry. Après explication au service clientèle, ils me disent qu’ils sont déjà informés. Mais, ces genres de problèmes ne relèvent pas de leurs compétences. Ils m’ont orienté chez le directeur général où on m’a mis en contact avec la Directrice Adjointe. Je lui ai expliqué le problème. Elle me dit que ce n’est pas leurs fautes. Elle me demande de lui communiquer le numéro du compte et elle me fait savoir que lors de l’ouverture du compte, ce sont les documents originaux qu’on leur a présentés dont l’attestation d’enrôlement. Je lui ai demandé si elle pourrait m’appeler le monsieur en question? Elle me répond que cela n’est pas autorisé par leur service. La seule action qu’elle puisse faire pour moi, c’est de bloquer le compte d’abord, tout en pointant un doigt accusateur sur les autorités administratives d’être responsables de ce qui nous arrive », avance le professeur.
Poursuivant son récit, il affirme: « le même jour, je suis allé au ministère du Budget. Ils me font comprendre là, également, qu’ils sont déjà saisis du problème, qu’une réunion sur ce sujet a été organisée. Suite à cette réunion, ils ont adressé une lettre à la direction générale de First Bank pour leur exiger le remboursement de cet argent. Ils déclarent avoir déjà une liste de 175 fonctionnaires victimes de ce vol avant de me promettre que nous serons tous en possession de nos salaires. Ils m’ont aussi rassuré que les documents des fonctionnaires seront sécurisés ».
Pour sa part, Fara Kamano, professeur d’anglais à Guéckédou, dit avoir le même problème : « depuis que je suis engagé à la Fonction Publique, je n’ai jamais viré mon salaire. À mon fort étonnement, pour le salaire de décembre dernier, mon sous-billetteur a envoyé l’argent de tout le monde sauf mon salaire. Il me dit que mon salaire est viré et pourtant, je n’ai jamais ouvert un compte, à plus forte raison viré mon salaire. C’est ainsi que je suis allé à N’Zérékoré à l’agence First Bank. Ils me confirment l’ouverture du compte et qu’un retrait a été déjà effectué dans le même compte le mois de décembre dernier à l’agence First Bank sis à Madina depuis Conakry », témoigne notre interlocuteur.
Qui n’était pas au bout de son calvaire, car « de N’Zérékoré, je me rends à Kissidougou à la Vista Bank, où j’ai trouvé 3 autres victimes du même problème que moi. Tous venus de Dinguiraye. Après explication de mon problème aux travailleurs de la banque, ils ont vérifié et m’ont confirmé de l’ouverture du compte. Ils m’ont même dit que la carte d’identité qui a servi à l’ouverture du compte a été faite au Commissariat Central de Matam, sous mes renseignements (mêmes filiations, mêmes dates de naissance…). Je leur ai demandé de me montrer la photo de l’intéressé. Ils m’ont dit d’aller à Conakry avec toute la documentation à la division solde et à First Bank (Vista Bank) pour toute vérification de documents, ayant servi l’ouverture du compte », a-t-il rapporté.
À rappeler que ces fonctionnaires et leurs familles se demandent actuellement à quel saint se vouer. Car cela dénote la non-sécurisation des documents administratifs en Guinée.
En attendant d’avoir la version de ces banques, il est urgent que le ministère du Budget prenne le taureau par les cornes.