Comme nous l’avions annoncé, les gardes pénitentiaires ont suivi leur mot d’ordre de grève ce mercredi 21 juin 2023. Fortement mobilisés à la maison centrale, ces gardes annoncent que cette grève durera jusqu’à la satisfaction des points de revendications de l’accord signé, le mois de juin passé.
Il s’agit de « l’application du statut particulier du personnel pénitentiaire du 31 octobre 2016; la prise en charge de 135 bénévoles ayant suivi la formation commune de base, la libération immédiate et sans délai des gardes pénitentiaires injustement arrêtés; la finalisation des démarches pour l’acquisition des moyens logistiques pour les établissements pénitentiaires; l’engagement des 135 bénévoles à la fonction publique ; l’augmentation de 500 000 GNF sur le salaire de chaque agent en guise de compensation du ravitaillement en riz, l’attribution du statut de gardes à l’ensemble du personnel à la fin de la formation commune de base des 262 gardes pénitentiaires« .
Selon le président du comité de suivi et de discipline du personnel de l’administration pénitentiaire de Guinée, Mamady 2 Camara, « c’est un accord dont le chef de cabinet d’alors et le président de la commission et de suivi que je suis avons signé. Mais aujourd’hui, le ministre de la justice et des droits de l’Homme me dit que cet accord n’a pas de valeur et que cet ancien ministre là nous a trompés. Pour nous l’administration c’est une continuité. Aujourd’hui, si on dit que cette commission est bafouée, on montrera à l’opinion nationale que chaque groupement a une organisation. Nous sommes paramilitaires, on ne grève pas mais on demande notre droit et le droit s’arrache, donc nous sommes là jusqu’à la satisfaction totale de ces points qu’on a énumérés. Tant que ce n’est pas fait, la grève sera maintenue. »
À lire aussi
Poursuivant, il a dénoncé le traitement « pitoyable » réservé à l’administration pénitentiaire guinéenne. » Nous avions eu des grades qui sont entrés en vigueur depuis le 1er janvier 2023. Mais jusque-là, aucun franc n’a été ajouté à notre salaire à la valeur de ces grades. (…) ils refusent d’accorder le statut particulier du garde pénitentiaire pourtant signé depuis le 31 octobre 2016. Cela ne nous donne pas une carrière administrative. Même si je meurs tout de suite, on bloque mon salaire, il n’y a pas d’accompagnement à la famille alors qu’on a perdu plein d’années », a-t-il déploré.
Pour ce qui est de l’incarcération de certains gardes pénitentiaires suite aux évasions, Mamady 2 Camara exige leur libération ainsi que la reprise de ceux qui sont suspendus depuis des mois. Selon lui, la faute ne leur est pas imputable. « Il n’y a même pas de prison en Guinée. Nous n’avons que des coins, où on a transformé de vieux magasins du temps colon en prison. Et quand il y a évasion, on ne cherche pas, on culpabilise et on sacrifie le régisseur ou les gardes. Or, s’il y a une prison dignement construite, il n’y aura pas de problème », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, selon le plan d’action des grévistes, aussi longtemps que durera la grève, l’administration pénitentiaire ne reçoit pas, ne libère pas, et il n’y aura pas d’extraction, pas d’ordre de mise en liberté, que ça soit provisoire ou définitive ou sous contrôle judiciaire. Cependant, disent les grévistes, « celui qui finit sa peine, il lui sera établi un certificat d’extraction de peine d’emprisonnement signé par le régisseur et l’intéressé est libéré parce que la liberté n’a pas de prix ».