Tôt ce matin, la police a dispersé les centaines de mendiants qui ont, des années durant, littéralement élu domicile sur les deux trottoirs qui bordent la rue devant la grande mosquée Fayçal. Aux dires des témoins, cette opération a été menée avec tact et professionnalisme.
Elle s’est déroulée sans heurts et sans violence. A aucun moment, son déroulé n’a nécessité l’usage de gaz lacrymogène. Peut-on d’ailleurs imaginer d’y avoir recours, face à des citoyens très vulnérables qui sont plutôt à protéger, qu’à violenter?
Toujours est-il que ce modus operandi a permis à la police de déguerpir sans dommages, cette grande population comprenant des hommes et des femmes, de tous âges, démunis et fragiles. Pour l’essentiel, elle a eu affaire à des infirmes et à des éclopés, à mobilité réduite.
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Ce déguerpissement d’un genre particulier, aussi spectaculaire ou étonnant qu’il a pu paraître, ne semble pas avoir surpris grand monde, d’autant que l’endroit était devenu, du jour au lendemain, comme le lieu de rassemblement de tout ce que Conakry compte de mendiants. Et cette tendance ne faisait que s’accroître. Elle est montée d’un cran, surtout, depuis la rénovation de la grande mosquée et ses environs. Les deux trottoirs qui bordent la route séparant ce lieu de culte et l’enceinte de l’hôpital Donka ont été remis à neuf. La chaussée a été bitumée et matérialisée. Curieusement, c’est tout comme si ce renouveau a plutôt servi à davantage attirer les mendiants, que les véhicules en circulation. L’attroupement et le désordre en ces lieux ont atteint un seuil qui défie tout entendement.
De l’autoroute au carrefour Donka, les deux trottoirs étaient devenus comme un véritable marché, grouillant de mendiants, installés là, à demeure. Avec les ordures produites chaque jour, les blocs de pierres servant à marquer la place ou à soutenir les parasols et enfin, la mauvaise image affichée. Certains observateurs estiment que le mois saint de ramadan est, en partie, une explication de cette tendance. L’aumône périodique que font des personnes physiques ou morales à la grande mosquée, n’est pas en reste dans l’attrait que ce lieu exerce sur les mendiants. Pour rien au monde, ces derniers ne veulent manquer l’opportunité de bénéficier de ces dons généreux.
Si, tout cela est parfaitement compréhensible, il n’en demeure pas moins que la grande mosquée n’est pas à considérer comme un lieu de regroupement permanent pour tous les mendiants de la capitale.
Loin de toute idée de rejet d’une catégorie de nos concitoyens ou de mépris pour elle, il n’y a pas à douter du bien-fondé de ce déguerpissement effectué. Malgré tout ce qu’on peut en dire ou penser. Ce lieu de culte, le plus grand de notre pays, mérite bien qu’on fasse place nette devant lui. Pourvu que la mesure soit pérenne et qu’on n’ait plus à y revenir !