Ils seraient nombreux, les membres du gouvernement à être sur des charbons ardents. A mesure que la rumeur d’un remaniement ministériel imminent se fait persistante dans la cité. En attendant que le locataire du palais Mohamed 5 ne passe à l’action, on sent des signes de nervosité dans les rangs de l’appareil d’État. Une situation qui se traduit par les coups de semonce du président, qui se multiplient à l’endroit de ses ministres. Donnant l’impression que la transition est en train de s’engluer dans son marais.
Le chef de l’État a profité du dernier conseil des ministres pour rappeler ses collaborateurs à l’ordre, concernant l’anarchie qui entoure l’organisation des cérémonies officielles dans leurs départements respectifs. Ce passage de savon a été une occasion pour le colonel de réitérer l’impérium dont il a investi son Premier ministre, Dr Bernard Goumou.
Ce dernier s’en sortirait ainsi renforcé sur ce coup. Et cela sonne comme un moment de répit pour le Premier ministre qui, il faut le reconnaître, en a soupé des bonnes paroles ces derniers temps.
Certains observateurs ne s’étant pas privés de prédire son départ à l’occasion du remaniement qui serait dans l’air. Au profit d’un nouveau chef de gouvernement issu de l’aile dure de la junte, à défaut d’une ouverture en faveur d’un profil politique issu des forces vives.
En attendant de savoir si les oracles disent vrai ou faux, Dr Bernard Goumou continue de s’agripper à son siège « éjectable ». Dans un climat empreint de défiance et de fébrilité. Quitte à se plier en quatre, pour conjurer le mauvais sort.
La psychose ne serait pas seulement du côté de la primature, encore que rien ne laisse pour le moment entrevoir une fissure dans le couple exécutif.
Chez bien des ministres aussi, on ne dormirait plus que d’un œil. De peur sans doute de se voir éjecté de l’appareil, si jamais les rumeurs du remaniement venaient à se concrétiser.
Jacques Foccart n’avait donc pas tort de dire qu’«Il n’y a pas d’ancien ministre heureux ».
Au-delà de ces querelles de positionnement propres à tout gouvernement, c’est surtout la guerre larvée entre les faucons et les colombes autour du chronogramme de transition, qu’il faudrait désormais craindre.
Le changement de discours observé lors des dernières sorties en disent long sur le côté vers lequel les choses sont en train de balancer dans cette épreuve de force entre colombes et faucons. Les premiers, qui seraient partisans du respect strict du chronogramme de 24 mois, défini d’un commun accord avec la Cédéao seraient face à l’adversité des faucons. Qui, eux, seraient plutôt pour une remise en cause de tous les engagements pris auprès de la communauté internationale. Quitte à ce que le président fasse preuve d’apostasie, en reniant son serment.
Et que la transition continue de s’engluer dans son marais.