La liste du nouveau gouvernement guinéen a été rendue publique le 26 mai dernier. C’est une équipe de 34 ministères, qui se démarque nettement des précédentes avec la création de deux nouveaux départements en son sein. Il s’agit du ministère en charge des Investissements et du Partenariat Public-privé (PPP) et celui des Hydrocarbures. Deux importants départements dans la nomenclature du gouvernement dont les Guinéens doivent pouvoir s’y habituer désormais.
S’il est vrai que les gens sont quelque peu familiarisés avec la dénomination du ministère des Investissements et du Partenariat Public-privé pour avoir été logé depuis sa création en 2014 à la Présidence et dirigé par Kassory Fofana jusqu’au 21 mai 2018, date à laquelle il a été nommé nouveau locataire de la Primature, il faut rappeler, en revanche, que le ministère des Hydrocarbures est une nouvelle trouvaille de l’actuelle équipe gouvernementale dont la singularité est de n’avoir jamais existé dans aucun autre gouvernement depuis que la Guinée est indépendante.
En raison des enjeux et défis innombrables qui se posent à la Guinée dans ces deux secteurs, l’attelage exécutif a dû opérer un choix jugé des plus judicieux et des plus rationnels dans la désignation des titulaires devant diriger ces deux portefeuilles ministériels stratégiques. Gabriel Curtis pour le ministère des Investissements et du Partenariat Public-Privé et Diakaria Koulibaly aux Hydrocarbures.
S’agissant du choix de ce dernier, il est important de rappeler qu’il s’agit du couronnement logique d’un parcours aussi lumineux et remarquable d’un jeune au génie exceptionnel dont le destin aussi singulier a commencé à se forger il y a environ 20 ans chez Total-Guinée, un des fleurons de l’industrie pétrolière française voire mondiale.
Après une brève escale à la Société Guinéenne d’Electricité (Sogel), actuelle Electricité de Guinée (EDG) entre juin 1999 et septembre 2001 comme Contrôleur de gestion, Diakaria Koulibaly, fort de cette expérience dans le suivi de gestion, entrera à partir d’octobre 2001 dans l’écurie de Total-Guinée pour occuper le poste, oh combien stratégique de Responsable Comptabilité générale.
Grand bosseur, discret, humble, ingénieux et rompu à la tâche, Diakaria Koulibaly,’’Koul’’ pour ses intimes, ne tardera pas à étaler son immense talent dans le travail et la responsabilité qui était la sienne au sein de cette compagnie pétrolière.
Séduite par la rigueur et la qualité de la prestation du jeune économiste, pur produit de l’université Gamal Abdel Nasser, la direction de Total-Guinée n’hésitera de lui renouveler sa confiance en le nommant en octobre 2006 comme Contrôleur de Gestion. Une charge qu’il portera avec dextérité jusqu’en janvier 2011.
Ses efforts exceptionnels à ce poste ont été hautement appréciés par le conseil d’administration du groupe TOTAL à Paris qui lui a attribué des actions gratuites en 2008, 2009 pour, dit-il, sa contribution personnelle au développement au Groupe.
Après trois ans de retraite partielle de la vie active, et alors que la Guinée commençait à sentir durement les conséquences d’une longue désorganisation systémique de son secteur névralgique pétrolier, le président Alpha Condé fera appelle en mars 2014 à l’expertise de M. Koulibaly comme Conseiller auprès du ministre du Commerce et dont la redoutable mission est de redresser à souhait le secteur pétrolier guinéen.
En effet, les brillants résultats auxquels le département est parvenu grâce aux conseils éclairés du jeune cadre en seulement trois mois, lui suffiront pour être nommé en juillet 2014 par le président de la République à la tête de la Direction Nationale des Produits Pétroliers et Dérivés (DNPPD), toujours au sein même ministère.
Au vu des réformes réalisées dans le secteur en un temps record et de la nécessité de construire une expertise nationale apte à dynamiser la recherche pétrolière et à gérer le futur pétrolier de la Guinée, le gouvernement, sous la conduite éclairée du Professeur Alpha Condé a jugé utile de créer en août 2015 une structure fédérative de l’ensemble des structures administratives dans le secteur pétrolier, dénommée ONAP (Office National des Pétroles) en charge de gérer l’amont et l’aval du secteur pétrolier en Guinée. En janvier 2016, monsieur Koulibaly est nommé Directeur Général de la nouvelle entité.
L’exercice de cette fonction hautement sensible lui confère des responsabilités additionnelles à savoir celles de Président du Conseil d’Administration de la Société Guinéenne des Pétroles (SGP); de Président du Comité des Operations Pétrolières (CDOP) ; de Président du Comité d’importation des Produits pétroliers et de Président du Comité Paritaire en charge de l’élaboration des structures des prix des carburants.
En synergie avec ses collaborateurs, monsieur Koulibaly réalise d’importantes réformes en un temps record à savoir :
–La réalisation du forage pétrolier FATALA en partenariat avec Hyperdynamic et Sapetro.
–La réalisation d’une campagne d’acquisition sismique 2D avec le partenaire TGS en vue d’une évaluation du potentiel hydrocarbure de la Guinée.
–La réalisation d’une étude de faisabilité pour la construction d’un dépôt pétrolier dans la perspective de la délocalisation du dépôt pétrolier de la société guinéenne des Pétroles (SGP), actuellement située en agglomération à Conakry.
–La signature des conventions dans le domaine de la formation et de la coopération technique et scientifique avec l’institut français du pétrole (IFP), l’Office National des Hydrocarbures et Mines du Maroc (ONHYM), le cabinet français Beicip Franlab, suivie des séminaires de formation en faveur d’une soixantaine d’employés de l’ONAP au Maroc, en France et l’académie de mer à Abidjan.
–L’assainissement du processus d’appel d’offres et d’attribution du marché de fournitures de la Guinée en produits pétroliers entraînant une baisse sensible de la marge du fournisseur étranger 50 USD/TM à 28 USD/TM pour le produit blanc ( essence , gas-oil et Jet ), et de 34 USD/TM a 19 USD/TM.
–La stabilisation de l’approvisionnement du pays en carburant.
Ainsi en décidant de créer, à la faveur du remaniement de fond du gouvernement survenu le 26 mai dernier, un ministère en charge des Hydrocarbures, le chef de l’Etat ne pouvait pas ne pas jeter son dévolu sur Diakaria Koulibaly.
Un choix qui est, selon certains observateurs, l’expression ou la marque d’une confiance au vu de la qualité du travail et des résultats satisfaisants obtenus dans le secteur pétrolier depuis 4 ans. Il constitue en outre, estiment d’autres, le sacre d’un engagement politique et d’une loyauté sans faille de l’homme vis-à-vis du président Alpha Condé dont la vision et les idéaux politiques ont largement bercé voire profondément influencé sa vie scolaire et estudiantine comme nous le rapportent certains de ses condisciples depuis le collège Donka dans les années 90.
Donc, c’est ce natif de la charmante bourgade de Dialakoro, dans la préfecture de Mandiana, qui aura dorénavant, du haut de ses 42 ans, marié et père de trois enfants, la lourde et exaltante mission de conduire le tout nouveau département des Hydrocarbures en Guinée.
Déjà au cours de son installation le 2 juin dernier, il a donné sommairement les couleurs des défis majeurs qui interpellent son département. C’est-à-dire l’impérieuse nécessité d’avoir la maitrise de la filière pétrole qui passe, a-t-il indiqué, par la recherche, le développement, la production, le raffinage et la distribution…
Pour y arriver donc, le ministre Koulibaly mise sur ses collaborateurs et la mutualisation de leurs efforts pour booster l’exploration en vue d’une découverte pétrolière en Guinée. A l’image de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Ghana ou de la Mauritanie qui intègrent aujourd’hui le club restreint des pays producteurs de pétrole dans le golfe de Guinée. Tout un challenge !