Globalement, Mamadi Doumbouya a fait peu d’erreurs dans les choix dans la composition des membres du gouvernement. Mais, la nomination d’Ibrahima Abé Sylla comme ministre de l’Energie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures pose de sérieux problèmes, en raison du conflit d’intérêt flagrant car l’homme politique est également PDG (président directeur général) et fondateur de la Société AIS International, qui est sous contrat avec EDG (électricité de Guinée).
En effet, depuis le 29 décembre 2016, la société de Abé Sylla est liée à la compagnie nationale d’électricité EDG par une convention de concession par laquelle la guinéenne d’électricité lui achète de l’énergie fournie par les installations de Kaloum 3.
Pire, EDG, non satisfaite des prestations de la société d’Abé Sylla, trop coûteuses et ne parvenant pas à dépasser les 60% de la capacité minimale de puissance, avait demandé la résiliation de la convention le 22 février 2021 « pour manquements multiples graves de la Convention de Concession et du Contrat d’Achat d’Energie pendant ces trois dernières années d’exploitation. »
En réponse, la Compagnie d’Abé Sylla envoie le 10 mars 2021 au ministre de l’énergie une lettre de menace dont Guinéenews© détient une copie, signée par lui-même, dans laquelle il exige une indemnisation de la bagatelle de plus de 133 millions de dollars, si EDG résilie son contrat.
Appelé à la rescousse pour arbitrer, Alpha Condé aurait donné des instructions à sa ministre de l’énergie Bountouraby Yattara de calmer le jeu, le temps de trouver une solution moins coûteuse que les prestations de la société de Abé Sylla. C’est dans cette attente que le coup d’Etat survint le 5 septembre et Abé Sylla devint ministre de l’Energie pour, sans aucun doute, continuer à forcer EDG de payer les factures salées de sa société.