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Gouvernance : silence, Kankan juge le bilan des deux ans du col. Doumbouya !

5 septembre 2021, 5 septembre 2023, cela fait exactement deux ans, jour pour jour que le colonel Mamadi Doumbouya, à l’époque le commandant des Forces Spéciales, s’est emparé du pouvoir en Guinée. A la suite d’une attaque sanglante contre le palais présidentiel de Sékhoutoureya et qui s’est soldée par l’arrestation du président Alpha Condé et le renversement de son régime.

Dès les premières heures de sa prise du pouvoir, le colonel Doumbouya a promis plusieurs choses dont le retour à l’ordre constitutionnel, la lutte contre l’impunité, les malversations financières. Il a prôné la refondation de l’État avec la justice comme boussole.

Deux ans plus tard, que peut-on dire de toutes ces promesses ? Ont-elles été totalement ou partiellement tenues ou encore pas du tout ? Quels sont les points forts et les points faibles de ces deux ans de la gouvernance publique sous l’ère du CNRD, la junte militaire au pouvoir ? Pour répondre à ces questions, nous avons rencontré plusieurs acteurs sociopolitiques de la région de Kankan.

-Sory Sanoh, membre de la section régionale du RPG-Arc-en-ciel : « le colonel Mamadi Doumbouya a fait de nombreuses promesses à son arrivée au pouvoir. Cependant, la plupart d’entre elles, pour ne pas dire presque toutes, n’ont pas été tenues. Néanmoins, on peut saluer la récupération des biens de l’État, le respect des accords internationaux signés et la poursuite des travaux d’infrastructures routières et portuaires initiés sous le règne du président Alpha Condé. Il y a aussi l’organisation du procès du 28 septembre 2009.

En ce qui concerne les points négatifs, il y a d’abord la violation unilatérale et l’imposition de la charte de la transition. Certains acteurs politiques et administratifs sont toujours détenus de manière prolongée sans le moindre procès. Sur les dix activités promises pour le retour à l’ordre constitutionnel, aucune n’a été entamée en deux ans. La criminalité est en augmentation, même avec des militaires au pouvoir. L’administration a perdu de nombreux agents expérimentés, et malgré nos efforts, il est impossible de connaître la liste complète des membres du CNRD, aucun d’entre eux n’a fait la déclaration de leurs biens avant de prendre leurs fonctions. Malgré cela, de nouveaux bâtiments apparaissent, notamment ici à Kankan. En résumé, si vous critiquez les actions des autres et finissez par faire les mêmes erreurs, l’histoire finira par vous rattraper ».

-Sékouba Traoré, coordinateur régional de la plateforme de la société civile, la Maison des Associations et ONG de Guinée (MAOG) : « il y a eu de nombreuses réformes notamment dans le secteur des forces armées, l’assainissement et le rajeunissement de la fonction publique. L’élaboration de l’agenda de la transition est en cours. Bien que cela prenne du temps. Aujourd’hui, l’administration est sous contrôle. Cependant, nous sommes confrontés à une insécurité croissante, en particulier dans la région de Kankan. Nous ne nous sentons pas en sécurité et les effectifs des services de sécurité sont très réduits. Des attaques ont lieu en plein jour dans des quartiers centraux. Certains ministres, en particulier ceux originaires de Kankan, ne sont pas à la hauteur et sont médiocres. En matière de justice, les manifestants pro et anti-CNRD devraient être traités équitablement. Les plaidoyers ne devraient en aucun cas influencer les procédures judiciaires, comme nous le constatons ici à Kankan ».

-Cissé Sékou Aïcha, jeune activiste de la société civile à Kankan : « pour moi, l’un des points majeurs de cette transition au cours des deux dernières années, est le progrès significatif des réalisations à Conakry, notamment les grands chantiers comme la réfection de la route Kankan-Conakry, qui a été un soulagement pour de nombreux citoyens de Guinée et de la sous-région. Il y a aussi des réformes en cours au niveau de l’administration, ainsi que la création de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF), qui gère de nombreux dossiers. Cependant, il faut noter l’inégalité dans la répartition des recettes de l’État où 80% de ces recettes sont utilisés à Conakry, qui ne compte que 20% de la population, négligeant les villes de l’intérieur du pays. De nombreux projets annoncés à l’arrivée au pouvoir n’ont jamais vu le jour comme la première couche de bitume pour la ville de Kérouané, qui n’a toujours pas été réalisée depuis l’indépendance, malgré les promesses. Le CNRD et ses membres semblent avoir du mal à tenir leurs promesses. En ce qui concerne l’octroi de marchés aux entreprises, les entrepreneurs locaux semblent être défavorisés. »

-Adama Kourouma, coordinateur régional du mouvement MPDG Kankan : « nous pensons que des infrastructures routières sont en cours de construction. Actuellement, Conakry est en chantier. À Kankan, certaines routes sont en cours de bitumage, notamment la route de Cimenterie et Kankan-Koura. Ils font de leur mieux en matière d’infrastructures. Sincèrement, il y a aussi eu des progrès en matière de justice, notamment avec l’organisation du procès du 28 septembre 2009. Cependant, le système éducatif est en mauvais état. On a l’impression que le ministre en charge est principalement préoccupé par les examens. Certains acteurs politiques sont emprisonnés sans jugement, et le coût de la vie est élevé ».

-Amadou Secteur Barry, opérateur économique très reconnu à Kankan et président d’un parti politique local, l’Union des Patriotes de Guinée : « j’apprécie les investissements dans les infrastructures routières. Les réformes de l’institution judiciaire, comme la comparution du Ministre devant les juges, sont impressionnantes. Cependant, il y a des préoccupations majeures, notamment le non-respect des principes de la démocratie, l’interdiction des manifestations, la famine, et l’insécurité généralisée en Guinée, avec des attaques se produisant partout. »

-Mamady Kansan Doumbouya, directeur régional de l’information et de la communication de la Haute Guinée : « depuis son arrivée au pouvoir, de nombreuses actions ont été entreprises, notamment la mise à la retraite d’un grand nombre de civils et de militaires, les assises nationales entre différentes corporations, la maîtrise du taux d’inflation, l’assainissement continu du fichier de la fonction publique qui a permis de déceler plus de 1000 fonctionnaires fictifs, l’interconnexion électrique de Nzérékoré, la réforme de la justice avec la création de la CRIEF, la récupération des biens de l’État, la revitalisation de la filière cotonnière, la construction de centres de santé améliorés, et bien d’autres actions. Cependant, le système éducatif est en mauvais état, il n’y a pas de suivi adéquat des personnels soignants en matière de santé, le commerce n’est pas organisé, et il y a des problèmes dans l’octroi de marchés aux entreprises. »

Hadja Mady Kaba, coordinatrice régionale du parti PADES : « la mise en place de la CRIEF est à saluer, tout comme le rajeunissement de l’administration et l’accompagnement des agriculteurs. L’amélioration de l’approvisionnement en électricité à Kankan, bien que minime, est également positive. Cependant, il y a des problèmes à rectifier, notamment le non-respect du calendrier de la transition, l’insécurité croissante, la situation persistante des enseignants contractuels, et le budget pharaonique de 6000 milliards de GNF qui semble indiquer un manque de volonté de revenir à l’ordre constitutionnel ».

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