Lors de l’adoption du Projet de Loi de Finances Initiale (PLFI) exercice 2025 par le Conseil National de la Transition (CNT), ce mardi 31 décembre 2024, le rapporteur général de l’institution, N’Gouamou Fabara Koné est revenu sur les recommandations formulées par le CNT lors des sessions budgétaires.
En effet, elles partaient sur des dysfonctionnements majeurs à corriger d’une part et d’autre part, sur la nécessité d’améliorer, de qualifier davantage ou d’innover dans la gestion et la gouvernance des services de l’Etat pour répondre aux aspirations légitimes des populations.
Selon lui, sur un total de 57 recommandations, 16 ont été effectivement prises en compte (28%), 20 partiellement prises en compte (35%) et 21 n’ont pas été prises en compte (37%).
Il s’agit du manque d’enseignants et de salles de classe dans certaines localités du pays. Face à cette situation préoccupante, le Conseil National de la Transition (CNT) a rappelé qu’aucun projet de développement durable ne peut prospérer sans un système éducatif solide et inclusif.
Le CNT a recommandé l’accompagnement de l’Agence de Gestion des Catastrophes Humanitaires (ANGUCH) dans l’exécution de son budget. « Pour l’exercice 2024, cette agence n’a pas pu effectuer de décaissement de sa subvention budgétaire, limitant ainsi sa capacité à répondre efficacement aux urgences », a-t-il indiqué.
Par ailleurs, de commun accord avec le ministère du Budget, le CNT a procédé aux amendements suivants pour renforcer les capacités de l’agence : Acquisition de 41 motos pour équiper les agents dans les 33 préfectures et 8 régions administratives : 500 millions GNF Acquisition de 3 véhicules pour la direction : 2 milliards GNF ; Revue à la hausse du budget de fonctionnement : 2 milliards GNF ; Montant global de l’amendement : 4,5 milliards GNF.
En ce qui concerne la garantie décennale conformément aux orientations de la lettre de cadrage du Premier ministre concernant le volet dépenses, le CNT a invité l’ensemble des ordonnateurs et Personnes Responsables des Marchés Publics (PRMP) d’intégrer la garantie décennale dans tous les contrats liés aux projets de grandes envergures. « Cette disposition vise à garantir la durabilité de ces projets en renforçant leur qualité et leur maintenance », a-t-il précisé.
Parlant de la santé animale et de l’appui conseil pour lutter efficacement contre les maladies animales et favoriser le développement du secteur de l’élevage, le CNT a invité le gouvernement à mettre en place une centrale d’achat de produitsv étérinaires pour les officines privées.
Autres choses, de l’achèvement des infrastructures des fêtes tournantes le CNT a souligné que des investissements significatifs ont été réalisés dans
ces initiatives, et ces fonds ne doivent pas rester sans résultat. « Il est donc impératif d’effectuer un audit complet des chantiers en souffrance, de situer les responsabilités et de lancer un programme national pour achever ces projets afin de répondre aux attentes des populations », a-t-il dit.
Pour la fourniture des populations en eau potable, le CNT, en accord avec le ministère du Budget, a alloué un crédit supplémentaire de 24 milliards GNF au
SNAPE dont 15 milliards pour la construction d’au moins 150 forages et 9 milliards pour l’acquisition
de trois ateliers de forages.
« A ce titre, il est aussi important de rappeler que le déficit actuel dépasse 19 000 points d’eau pour l’ensemble du territoire national. Au regard de ce besoin immense et de la nécessité vitale pour les populations d’accéder à l’eau potable, le CNT recommande la réalisation d’au moins 1000
forages par an », a-t-il rappelé.
Plus loin, le CNT invité également le gouvernement à s’engager, dès le premier trimestre 2025, dans une vaste campagne de réparation et de maintenance des forages existants.
« Par ailleurs, afin de répondre aux besoins en eau des populations du Grand Conakry, le CNT exhorte le gouvernement à accélérer la mise en œuvre du quatrième projet d’eau, dont le coût est estimé à 540 millions de dollars », a-t-il signalé.
Pour le désenclavement des zones de productions agricoles, le CNT a dénoncé l’insuffisance de pistes rurales construites en 2024 par la Direction Nationale du Génie Rural (DNGR), seulement 122 km.
Pour l’apurement de la dette intérieure, le CNT a exprimé ses vives inquiétudes concernant le rythme lent de l’apurement de la dette intérieure. Sur une prévision de 500 milliards de GNF dans la LFR 2024, seulement 231 milliards ont été
effectivement payés. « Il est important de rappeler que le stock audité de la dette intérieure s’élève à 5000 milliards GNF, dont 2000 milliards validés mais toujours impayés », a-t-il affirmé.
En ce concerne l’acquisition de bus pour le transport public depuis l’exercice 2023, le CNT à travers sa Commission des Affaires Économiques et du Développement Durable, avait recommandé à l’État l’acquisition de 100 bus pour renforcer le
transport urbain et interurbain. « En 2024, une dotation de 50 bus a été prévue à cet effet. Cependant, 12 mois après et malgré la disponibilité des fonds, aucun bus n’a encore été acquis », a-t-il déploré.
De la relance des unités industrielles, le CNT a relevé une faible progression dans la relance effective des unités industrielles,
principalement en raison de défis tels que l’insuffisance d’électricité, le manque de matières premières de qualité, l’insuffisance de routes d’accès adaptées ou encore de ressources financières.
Face à ces obstacles, il a invité le gouvernement, à travers le ministère de l’Industrie, à intensifier et accélérer les démarches déjà engagées, tout en veillant à leur aboutissement rapide. Une
attention particulière doit être portée à la résolution de ces problématiques pour favoriser le développement industriel et soutenir la croissance économique.
Pour la situation de la décharge de la minière, le CNT a recommandé au gouvernement de prendre des mesures fortes pour accélérer la mise
en œuvre du projet Baritodé devant aboutir au transfert de cette décharge.
Sur la situation des structures sanitaires, le CNT a invité le ministre en charge de la santé à élaborer un rapport diagnostic complet, faisant état du fonctionnement
actuel de la situation des infrastructures de ce secteur. Ce rapport devra également inclure une analyse du niveau d’exécution des financements extérieurs en cours d’achèvement dans le département.
De la rénovation et achèvement des stades, le CNT a attiré l’attention du gouvernement sur l’urgence de finaliser la rénovation et
l’achèvement des stades du 28 septembre et Général Lansana Conté de Nongo selon les standards requis en vue de leur homologation.
De la réhabilitation et de l’aménagement des plaines et bas-fonds
stagnent, tandis que d’importantes plaines n’ont jamais fait l’objet d’aménagement.
Sur la question, le CNT a recommandé au gouvernement d’apporter des solutions adaptées à chaque situation et à veiller à ce que toutes les zones aménageables soient pleinement valorisées et préservées dans
l’objectif d’assurer une exploitation optimale des ressources agricoles du pays.
Pour la situation des sous-préfets le CNT, en commun accord avec le ministère du Budget, a accordé une enveloppe de 155 milliards GNF GNF destinée à l’acquisition
de 365 véhicules pour ces administrateurs.
« De plus, leur budget de fonctionnement a été triplé, et un projet ambitieux visant à revaloriser leurs primes est en cours. Ces mesures traduisent la volonté de valoriser et de renforcer les capacités des sous-préfets dans l’accomplissement de leurs missions », a-t-il laissé comprendre.
Dans le même sillage, le CNT dit avoir constaté avec préoccupation que sa recommandation relative à la mise en place des CA des organismes publics (Sociétés publiques et EPA) demeure sans effet, en violation de la législation en la matière.
« Ceci va à l’encontre de la refondation et de la rectification institutionnelle prônées par le Prédisent de la République. Au vu du rôle imminemment important que joue les CA dans le fonctionnement de ces organismes et de la nécessité d’une gouvernance financière vertueuse, le CNT a recommandé vivement au gouvernement à travers le
Premier Ministre de veiller à la mise en place d’ici la fin du premier trimestre 2025 des CA de tous les organismes concernés tels que l’ANAFIC et l’ANGUCH.
En ce qui concerne l’insuffisance des effectifs de magistrats et Greffiers dans les cours et tribunaux, le CNT dit avoir constaté une
insuffisance de magistrats et de greffiers dans les cours et tribunaux du pays. Ce qui entrave, selon lui, le bon fonctionnement de l’appareil judiciaire.
« A titre illustratif, selon le ministère de la Justice, la Guinée dispose d’un ratio de 1 magistrat pour 35 143 habitants alors que la norme est de 1 pour 10 000. Quant aux greffiers la Guinée a seulement 212 greffiers pour 413 magistrats, alors que la norme requiert 2 greffiers par magistrat. À ce faible ratio, il faut ajouter le vieillissement du personnel, les décès et la vague de retraites à venir (75 magistrats et 15 greffiers entre 2025 et 2027).
Le CNT recommande de planifier le recrutement de 711 magistrats et 602 greffiers d’ici 2031 pour combler les déficits actuels, rééquilibrer les effectifs entre les juridictions, renforcer notamment la Cour d’appel de Kankan, qui est actuellement en sous-effectif et poursuivre l’effort d’intégration des femmes, qui représentent seulement 15 % des magistrats et 29 % des
greffier », a-t-il expliqué.
Selon le CNT, l’inexistence d’un Centre de Conférences International oblige l’État à louer des salles dans des hôtels, engendrant des coûts récurrents et exorbitants tout en limitant la capacité de la Guinée à accueillir des événements internationaux d’envergure.
Le CNT a recommandé à nouveau au Gouvernement l’inscription d’un projet de construction d’un Centre de Conférences International à Conakry, en explorant des partenariats public-privé (PPP) pour garantir une réalisation rapide et efficace.
Du Secrétariat Général des Affaires Religieuses (SGAR), le CNT dit avoir constaté le manque de services déconcentrés du Secrétariat Général des Affaires Religieuses. Il recommande la mise en place de ces services conformément au cadre organique du SGAR ainsi que la construction de son siège.
Du statut particulier du corps paramilitaire des conservateurs de la nature, le CNT a indiqué avoir constaté la non application du Décret D/2011/295/PRG/SGG du 06 Décembre 2011 portant statut particulier du corps paramilitaire des conservateurs de la nature. Par conséquent, il a recommandé l’application des dispositions dudit décret.