L’Inspection Générale de l’Etat (IGE) a récemment publié son rapport sur l’état de la gouvernance financière et de reddition des comptes en Guinée. Ce rapport met en évidence plusieurs cas de dépenses irrégulières impliquant des institutions telles que la BNIG, l’ACGP et des cadres de l’ARPT. Ces dépenses, souvent sans pièces justificatives adéquates, soulèvent des préoccupations majeures quant à la transparence et à la responsabilité dans la gestion des fonds publics.
Dépenses irrégulières à l’Administration et Contrôle des Grands Projets (ACGP)
Le rapport de l’IGE souligne l’absence de pièces justificatives concernant les dépenses effectuées par l’ACGP au cours des cinq derniers exercices (2017, 2018, 2019, 2020 et 2021). Selon l’Inspection générale de l’Etat, les paiements effectués au compte de l’ACGP par rapport aux cinq exercices s’élèvent à 125 milliards 710 millions 281 mille 598 GNF, y compris 95 milliards 541 millions 150 mille 443 GNF au titre des subventions.
Malgré les demandes de l’IGE, aucune pièce justificative n’a été fournie, ce qui conduit à considérer ces dépenses comme irrégulières. De plus, l’IGE a constaté l’inexistence de pièces comptables relatives à la gestion du fonds d’études de l’ACGP, soulevant ainsi des préoccupations quant à la transparence et à l’utilisation de ces fonds.
Défaut de justificatifs à la Banque Nationale d’Investissement de Guinée (BNIG)
Le rapport révèle également que sur les 106 chèques émis par l’Administration de la BNIG en 2020 et 2021, 29 chèques d’une valeur totale de GNF 3 milliards 970 millions 547 mille 44 ne sont soutenus par aucune pièce justificative.
L’analyse des pièces de dépenses fournies à la mission de l’IGE pour les exercices 2019, 2020, 2021 et 2022 (jusqu’au 30 juin) a révélé que près d’un tiers des dépenses, soit 33,85% (équivalant à GNF 2 834 063 712), ne sont pas justifiées par des pièces probantes. Ce constat soulève de sérieuses préoccupations quant à la gestion financière inappropriée au sein de la BNIG.
Un autre élément troublant concerne l’absence de justifications relatives au poste des « frais d’établissement ». La mission d’inspection n’a pas pu obtenir les justifications nécessaires pour un montant de GNF 10 526 448 192 (soit 1 000 000 USD) lié à ces frais au sein de la BNIG. Normalement, ces dépenses devraient couvrir les travaux d’étude de faisabilité et la constitution du dossier de demande d’agrément de la BNIG par Afriland First Group Management.
De plus, l’IGE souligne que la dette de Afriland First Group Management, d’un montant de GNF 8 507 000 000, est enregistrée comme passif de la BNIG. Cette dette représente, selon l’inspection générale, le montant restant à payer pour les « frais d’établissement ».
Indemnités contraires à la loi pour les membres du CNRPT et les cadres de l’ARPT
Le rapport de l’IGE révèle que les membres du Conseil National de Régulation des Postes et Télécommunications (CNRPT) ainsi que les Directeurs Généraux et Adjoints de l’Agence de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT) ont perçu des indemnités et avantages en contradiction avec la loi. La résolution n°001/CNRPT/2018, émise par les membres eux-mêmes, octroie des indemnités contraires à l’article 14 de la loi n°/2015/018/AN, qui prévoit la nécessité d’un décret pour définir ces indemnités et avantages. Le montant total indûment perçu s’élève à GNF 4 691 763 438.
Les dépenses irrégulières constatées à l’ACGP, à la BNIG, ainsi que les indemnités contraires à la loi perçues par les membres du CNRPT et les cadres de l’ARPT, soulèvent des inquiétudes quant à la transparence et à la responsabilité dans la gestion des fonds publics.