“A Kounsitel jusqu’à présent, ce sont les forces de l’ordre qui gèrent les sites. On a vendu quelques tickets mais après ils ont dit que tout orpailleur qui les achètera n’entrera pas dans la mine d’or. C’est ainsi qu’ils nous ont empêché de vendre les tickets”
Après la réouverture de la mine d’or de Toumbobowé, le 25 octobre 2021, à la Commune Urbaine chaque orpailleur doit payer un ticket allant de un million à 1 500 000 GNF pour leurs machines, selon leurs performances. Quant à la commune rurale de Kounsitel, les sites miniers sont encore gérés par les forces de l’ordre.
Interrogé sur le sujet, Moussa Keita, un responsable de de la société civile locale explique : “pour la réouverture de la mine d’or de Gaoual, le maire a appelé le gouverneur de Boké, et certaines autorités de l’administration du territoire et des mines. Quand il était en pleine réunion avec le préfet, le maire a exclu tous les conseillers communaux et le secrétaire général de l’administration en associant les jeunes Tomboloma. Lui et l’ex vice–maire, Aguibou Diallo, décédé récemment sont les gestionnaires de la vente de ces tickets. Ils sont les seuls à donner le nombre exact de tickets vendus.
Le maire a expressément écarté tous les membres de la commune pour son intérêt personnel et égoïste. On peut estimer que le montant issu de la vente de ces tickets s’élève à 3 milliards et quelques francs guinéens”.
Poursuivant, il dira que dans ces 3 milliards, près de la moitié (1,2 milliards) a été prévu pour être distribué comme suit : 100 millions pour les sages, 75 millions pour les forces de l’ordre, 10 millions par conseiller communal, 100 millions pour les femmes, 100 millions pour les jeunes, 400 millions pour les jeunes qui gèrent les tickets, 200 millions pour les surveillants des sites, 20 millions pour le directeur préfectoral de l’environnement, 50 millions pour le directeur préfectoral et communal de la jeunesse.
A en croire à notre source, les sages ont reçu 60 millions, les forces de l’ordre 75 millions, les 21 conseillers communaux chacun 10 millions. Pour sa part, le directeur préfectoral de l’environnement a reçu 20 millions et d’autres structures sous l’ombre ont également bénéficier de cet argent.
Quand au maire de Gaoual, Daouda Diallo, il a affirmé à Guineenews que : “la gestion de cet argent m’incombe tant que je ne donne pas l’ordre il ne sera pas décaissé. Les gens racontent des choses non fondées dans les réseaux sociaux. C’est Moussa Keïta qui en parle. Il s’est servi de la proposition de répartition de cet argent d’un petit groupe que je n’ai pas validé”.
De son côté, le préfet de Gaoual interrogé sur le sujet nous a lancé ceci : “si vous voulez avoir des informations sur ce sujet, la presse militaire a un porte–parole et demandeez une audience chez le gouverneur pour parler de ça”.
Pour Abdoul Goudoussy Baldé, un citoyen de Gaoual précise : “on ne devrait pas partager cet argent car ce ne sont pas tous les fils de Gaoual qui vont bénéficier. Au contraire, si on l’utilisait pour le développement local comme la construction des infrastructures administratives et le reprofilage des routes, c’est tout le monde qui allait profiter”.
Kounsitel, abandonée à elle-même
Le maire de Kounsitel, Cherif Diallo se sent abandonné par sa hiérarchie. “Nous avons confectionné des tickets à Gaoual et à Kounsitel pour les vendre aux orpailleurs. À Gaoual, cette situation a marché mais à Kounsitel jusqu’à présent, ce sont les forces de l’ordre qui gèrent les sites. On a vendu quelques tickets mais après les militaires ont dit que tout orpailleur qui les achètera n’entrera pas dans la mine d’or. C’est ainsi qu’ils nous ont empêché de vendre les tickets.
Après, je suis parti voir le préfet. Il m’a dit qu’on va voir ça mais sans suite favorable. Et j’ai interpellé le commandant du camp, il m’a dit que les militaires qui sont la-bas relèvent de Labé, donc il ne peut rien. C‘est comme s’ils sont tous ensemble.
La population veut se manifester mais les militaires veulent utiliser les orpailleurs contre elle comme l’autre fois. Pourquoi les sites de Kounsitel ne sont pas gérés par la commune comme c’est le cas de Gaoual ? Et le pire ce qu’ils creusent n’importe comment. La route de Kounsitel Koundara et Labé risque de s’effondrer par rapport aux trous souterrains horizontaux et verticaux qu’ils creusent”, accuse-t-il.