Dans la nuit du samedi 21 mars 2020, la veille du double scrutin législatif et référendaire alors que deux groupes de jeunes s’affrontaient, les commerçants par peur de voir leurs boutiques et magasins attaqués, ont pris l’initiative et avec l’accord des autorités de monter la garde dans le marché pour protéger leurs biens.
Mais cette garde n’a pas été profitable pour neuf d’entre eux qui se sont vus interpeller par les agents des services de l’ordre qui patrouillaient cette nuit du samedi pour disperser les deux groupes de jeunes qui s’affrontaient à coups de pierres.
Face à cette situation, les membres du bureau de la chambre de commerce de Fria et les commerçants très inquiets du sort de leurs collègues ont décidé de se réunir ce mercredi 25 mars 2020 pour trouver une issue à ce problème.
Mamadou Aliou Bailo Bah, le trésorier de ladite chambre et port parole revient sur les circonstances de ces arrestations : « A l’approche des élections, nous les responsables nous nous sommes réunis pour adresser une demande à madame, le préfet, pour sécuriser le marché parce qu’à chaque élection, il va y avoir la patrouille. Donc, nous avons décidé de sécuriser le marché. Nous avons constaté que plusieurs marchés ont été brûlés ailleurs. Et comme nous ne voulons pas que notre marché soit brûlé.
Notre requête a été prise en compte et l’autorité a instruit la police et la gendarmerie de nous épauler afin de mettre une stratégie en place pour protéger les biens des commerçants. La gendarmerie nous a demandé de dresser une liste de dix responsable avec leurs contacts qui vont passer la garde pour identifier les commerçants. Par malheur, ils se verront pris dans la patrouille et moi-même je faisais partie des dix responsables. Mais pendant ce temps, les autres commerçants étaient à l’intérieur du marché devant leurs boutiques.
A 18 heures, trois agents ont été mis à notre disposition dont 2 policiers et 1 gendarme. La nuit du samedi, les dix responsables étaient repartis dans les dix secteurs du marché. A 00 heure autour du thé, on a entendu des cris des jeunes qui jetaient des cailloux. Nous avons essayé de les sensibiliser mais hélas, on a fait recours aux services de sécurité qui les ont dispersés. Et à notre tour nous avons pris les tables pour barrer les entrées du marché. Quelques instants plus tard, un autre groupe de jeunes venants d’un autre secteur du marché nous demandaient d’enlever les barricades pour s’introduire dans le marché, on leur a répondu par la négative.
Parmi eux, un nous a accusé d’avoir payé des jeunes pour faire de la pagaille en ville. Je lui ai répondu que nous sommes ici pour sécuriser nos biens, on s’est mis à discuter et trois jeunes parmi eux ont forcé pour enlever la barricade et sont allés prendre deux commerçants assis devant leur boutique, je leur ai dit de les laisser.
Ils ont refusé et les ont trimbalés jusqu’au niveau de la route. Ils ont décidé de les embarquer et je leur ai dit si vous tenez à les embarquer vous allez m’embarquer moi aussi. Les policiers m’ont demandé de les laisser les déposer à la police. J’ai dit que j’irai avec eux et nous sommes tous rendus au commissariat et nous y avons passé la nuit. », explique-t-il, l’air mécontent.
Pendant qu’il démarchait entre la préfecture, le commissariat de police, pour la libération de ses collègues, Mamadou Aliou Bailo est surpris par un coup de fil que ces collègues ont été déférés à Boké.
« Le matin, le commissaire a demandé de me voir et m’a dit pourquoi ils m’ont enfermé je lui ai dit que se sont vos agents qui en ont décidé ainsi. M’ayant reconnu dans le bureau du préfet comme un responsable, il a demandé de me libérer et de venir après les élections que les deux autres commerçants seront à leur tour libérer.
Au lendemain des élections, nous nous sommes rendus chez le préfet la remercier de nous avoir aidé à sécuriser le marché, nous sommes aussi rendus à la gendarmerie qui nous a rassuré qu’ils seront libérés. Car ils reconnaissent que ce sont des commerçants et non des bandits.
Le mardi nous sommes rendus au commissariat pour la libération de nos collègues. Et le commissaire à son tour me demande d’aller sensibiliser les commerçant parce qu’il aurait entendu qu’ils veulent venir s’attaquer au commissariat et libérer leurs collègues.
Je me suis retourné au marché et rien de ce que je viens d’entendre de la bouche du commissaire, j’ai encore été le voir pour lui dire que les commerçants n’ont jamais pensé à de tels actes. Il m’a aussi rassuré qu’ils seront libérés.
A ma grande surprise, j’apprends qu’ils seront déférés à Boké. Nous sommes allés voir le secrétaire général chargé des collectivités décentralisées lui expliquer la situation. A son tour, il nous répond pourquoi le commerce n’a pas ouvert. Nous lui avons dit que nous sommes en train de calmer les parents des détenus, du coup on nous appelle que nos collègues ont été déférés à Boké », ajoute-t-il
Dans le souci de la préservation de la paix dans la cité, les membres du bureau du marché continuent d’entreprendre des démarches pour et la réouverture du marché et la libération de leurs collègues.
« Maintenant que nos collègues sont déférés, nous avons rencontré les parents des détenus, les sages, les autorités communales, les responsables du marché pour ouvrir le marché. Mais nous demandons à notre tour aux autorités de faire tout pour libérer nos collègues car nous voulons la paix ici à Fria. »
Une rumeur fait état d’une attaque imminente de la prison civile. C’est pourquoi, ces commerçants ont été transférés à Boké.