L’ancien président français était dans le collimateur de la justice de son pays, il n’est pas le seul, puisqu’en son temps on ne dissociait pas de cette affaire de financement de l’élection 2007 celui d’Éric Woerth. Le trésorier de campagne de Nicolas Sarkozy avait été cité par la comptable des affaires de l’héritière de l’Oréal Liliane Bettencourt. Selon Claire Thibaut, mise hors circuit depuis pour faux témoignage par la machine judiciaire, Éric Woerth avait reçu des enveloppes de Liliane Bettencourt plus d’une fois devant les employés de jardin. C’est elle qui a mis fin au charme de François-Marie Banier, un confident et ami trop proche de Liliane pour ses abus de faiblesse et qui lui extorquait des sommes d’argent et des objets de valeur. Ce dernier est toujours dans le grappin de la justice. Mais la comptable a encore des choses à dire, même si elle avait des choses à cacher avec la fille de Liliane qui voyait sa mère spoliée par son ami-amant.
Edwy Plenel, le manitou de Mediapart était avec nous au 20 ans de Guinéenews, on a eu à le lui rappeler, devrait pouvoir nous parler de ce qu’est devenue effectivement cette Claire Thibaut, si elle est complètement out, et si rien n’est irrégulier dans cette mise à l’écart de l’un des maillons essentiel dans cette traque contre les fonds secrets de campagne de 2007.
Hormis cette affaire significative mais peu signifiante par son ampleur, il y un autre morceau plus gros et consistant, celui du financement de cette campagne par les fonds d’un certain Mouammar El-Kadhafi, le montant de 5 millions de dollars revient sans cesse.
L’énigme existe et fait polémique. La raison pour laquelle Nicolas Sarkozy a modifié la résolution 1973, qui ne parlait que de l’exclusion aérienne, pour une résolution d’intervention militaire directe de destruction et de destitution par les armes de la personne de Kadhafi. Avait-il une autre raison d’éliminer Kadhafi à part la répression de la révolte de 2011 ? Ce qu’on cherche à comprendre, c’est pourquoi l’élimination physique de Kadhafi était dans le leitmotiv de Nicolas Sarkozy et pas forcément dans celui de Barack Obama, de Silvio Berlusconi et de Tony Blaire, qui ont traîné les savates dans les bombardements, alors que Kadhafi pouvait être capturé et livré à la justice internationale. On ne saura jamais pourquoi Kadhafi n’avait pas parlé du financement occulte de la campagne de 2007 puisqu’il a été invité après l’élection à l’Elysée et que Sarkozy avait semblé un peu gêné et Kadhafi voulait pauser plus longtemps pour la presse sur le perron de l’Elysée, mais il a été entraîné par les papouilles de Sarkozy à l’intérieur. Que se sont-ils dit, à deux ? Sarkozy a-t-il eu l’impression que le Guide libyen ne tiendra pas sa langue, allez savoir.
Une chose était certaine, à cette époque, Kadhafi avait tourné tous les Occidentaux en bourriques en allant planter sa tente bédouine au cœur de l’Europe et de les obliger à venir faire affaires avec lui en ôtant les souliers à l’entrée. Kadhafi leur a fait signer des contrats faramineux sans jamais les honorer, il a même profité de l’occasion de les égratigner sur le manque de respect des femmes en Occident. Cela parait si évident que des voix s’élèvent actuellement, un peu tard, pour condamner des publicités sexistes. En ce temps, on s’était demandé pourquoi les femmes paraissent toujours à demi-nues lors grands évènements sportifs ou de marketing divers.
Dans des combats de boxe, par exemple, on voyait des « sauterelles » minces et décharnées comme des bâtons en bikini porter les ardoises. Si l’une d’elle avait allumé Mike Tison pour des attouchements, à qui la faute ?
Tout le monde est d’accord que Kadhafi n’était pas stable, il est comme Trump, deux terribles compagnons qui n’hésitent pas de taper sur les alliés les plus proches. Pour Sarkozy, faire taire une telle voix serait éviter tout pépin derrière mais l’ombre du Guide libyen plane toujours au-dessus de lui comme l’œil d’Abel sur Caïn…
Les interrogatoires de l’ancien président français diront ce qui retourne dans cette affaire. Il est à noter que si tous, ou presque tous les chefs d’Etat d’Afrique ont condamné en leur temps cet assassinat, par contre, on n’a pas entendu un chef d’Etat du monde occidental lever le petit doigt à ce sujet. La solidarité de ce qu’on appelle la Communauté internationale était passée par là. C’est dire à quel point l’une des faces de la médaille de la démocratie peut-être hideuse.
L’autre face, par contre, plus reluisante, est que si la justice française a lanterné assez longtemps dans cette affaire, puisqu’il a fallu que la justice sud-africaine se mette en branle dans l’affaire de Jacob Zuma pour qu’elle aussi se décide de rattraper le temps perdu pour doubler celle de l’Afrique du sud. Cette émulation judiciaire, il faut la juger plus tard. Le fil d’Ariane est en train de remonter la filière jusqu’à Mugabe dans les affaires de diamants, au Zimbabwe. On espère que les instillations iront jusqu’en Angola…
Les adeptes de Nicolas Sarkozy sont très affectés comme ceux de Chirac ou ceux de Lula da Silva. Les hommes politiques doivent savoir que la popularité ne soustraie personne de la rigueur de la loi. Ce côté de la démocratie occidentale est bien à prendre.
Il en est déjà ainsi à Pékin, puisqu’on dit que plus d’un million de corrompus chinois ont déjà été épinglés ; à Moscou, des oligarques et des magnats dans divers domaines qui se sont enrichis illicitement pendant les réformes post-URSS ont été contrés dans la lutte pour le pouvoir. L’Afrique, pour qu’elle soit le continent d’attraction de demain, il faut faire rendre gorge à tous ceux qui l’ont spolié et qui ne planquent leurs magots dans les paradis fiscaux traditionnels en démantèlement.
Il est temps que les pays qui gardent les biens mal acquis les rendent à leur propriétaire. On le voit bien, les supposés 5 millions de Kadhafi sont comme l’enfer avant la mort pour Nicolas Sarkozy, qui va se rendre compte que les conseillers qui lui ont suggéré d’aller à Misrata ne prennent pas les conséquences des turpitudes. L’arrogance est toujours suivie de l’humiliation. Cela, on l’avait objurgué çà cor et à cri de ne pas le faire, le père Wade, aussi ; mais hélas !