Beijing, la capitale chinoise a été, courant de ce mois d’octobre 2023, l’une des places fortes de la diplomatie économique mondiale. Avec l’organisation, coup sur coup, de la Conférence d’une trentaine de Chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de ‘’Belt and Road initiative (BRI) ou de ‘’la Ceinture et la Route’’. Qui correspondait à la première décennie d’existence de cette initiative plurisectorielle de développement tout au long de l’ancienne route maritime de la soie. Sans oublier, la tenue, dans la foulée, de la sixième session du Forum de coopération des médias sur la ‘’Ceinture et la Route’’. Celle-ci a connu la participation de 238 acteurs majeurs des médias du monde issus de 109 pays.
Ces deux sommets, en dépit d’un contexte géopolitique international particulièrement tendu entre l’occident et le sud global, ont connu une participation record cette année, plus que lors des éditions précédentes.
Plusieurs continents y étaient représentés. Et naturellement l’Afrique dont le volume des échanges avec l’Empire du Milieu a enregistré sur les sept premiers mois de l’année 2023, une hausse de 7,4%. Correspondant à une valeur marchande de 158,36 milliards de dollars Us. D’autres secteurs porteurs de croissance notamment les infrastructures (routières, aéroportuaires, portuaires et ferroviaires…) reçoivent des investissements massifs de la Chine. Ce qui fait d’elle et de loin, le premier partenaire commercial et économique de l’Afrique depuis plus de dix ans.
Le gouvernement chinois, depuis quelques années et jusqu’à l’horizon 2035, envisage d’investir 60 milliards de dollars. Rien que dans le financement de ces infrastructures sur le continent. Un partenariat dont les résultats commencent à fortement impacter l’essor économique des pays africains l’ayant déjà bénéficié. D’Egypte à l’Angola, en passant par le Kenya, la Tanzanie, le Djibouti, l’Ethiopie, la Zambie, la Namibie, le Mozambique, le Zimbabwe, le Madagascar, la Guinée, le Nigeria…, les réalisations de mégaprojets ont entrainé des mutations physique et économique profondes de ces pays vers un développement accéléré et durable.
Entre 2000 et 2020, rapporte People’s Daily, la Chine a contribué, par exemple, à construire plus de 13 mille Km de chemins de fer, environ 100 mille km d’autoroutes, près de 1000 ponts, 100 ports et plus de 80 grandes centrales hydroélectriques.
En Guinée, grâce à cette coopération, le pays a pu se doter, en dix ans, de deux centrales énergétiques : les barrages Kaléta et Souapiti d’une capacité totale de 690 Mégawatts. Dans la même lancée de l’aménagement d’infrastructures, les travaux de bitumage de la route nationale numéro un (RN1), qui va de Coyah jusqu’à Kouroussa sur plus de 520Km, sont presque achevés.
Ces infrastructures exécutées et loin d’être exhaustives, témoignent éloquemment de la vitalité des relations bilatérales entre l’Afrique et la Chine. Contrairement aux relations que le continent entretient traditionnellement avec l’occident qui semble perdu dans ses ‘’aides au développement ou budgétaires ’’, plus contraignantes, de plus en plus pâlissantes et décriées.
Alors que l’initiative de la ‘’Ceinture et la Route’’, avec tous les procès que ses détracteurs pourraient lui faire, est aujourd’hui perçue singulièrement en Afrique et d’un point de vue plus large, dans le Sud global comme une véritable plateforme, un réseau, un espace alternatif crédible et pragmatique. Elle bâtit son succès à partir des valeurs fondamentales de solidarité, de l’inclusivité, du multilatéralisme, de l’interconnectivité, la réciprocité, le mutualisme entre les peuples, les pays dans le respect de leurs réalités respectives. Afin d’améliorer le système de gouvernance économique et la coopération mondiale.
Quoiqu’il en soit, lors de ce dernier sommet, le président Xi a annoncé que de nouveaux mécanismes devraient être pensés pour performer cette coopération multilatérale tout en l’élargissant à d’autres nouveaux secteurs comme les finances, la culture (le théâtre et les festivals).
Une nouvelle opportunité ou un nouveau départ pour les médias africains ?
Rarement, une institution ou organisation mondiale dévolue au développement économique n’a aussi fait la part belle aux médias que l’initiative de ‘’Belt and Road’’.
En marge de chacun de ses congrès de haut niveau, elle tient parallèlement un forum qui, dans le cadre d’une coopération interprofessionnelle, rassemble des acteurs médiatiques. Parce que le président chinois entend placer les médias des différents pays membres au cœur de ‘’la Ceinture et la Route’’ comme un puissant vecteur devant aider à accomplir d’une manière accélérée et réussie cette l’initiative.
Des opportunités de perfectionnement, de formation et de stage sont envisagées. Afin de permettre aux journalistes d’être professionnellement mieux outillés pour faire des reportages, investigations et analyses concrets sur les projets financés et leur évolution. Histoire d’éviter que les stéréotypes et autres infox, sciemment conçues et distillées, ne prennent le pas sur les valeurs cardinales d’inclusivité, de coopération, d’amélioration de la gouvernance planétaire…, qui sous-tendent la mise en œuvre des infrastructures.
Les médias africains devraient s’engouffrer par cette nouvelle opportunité offerte par la BRI pour jouer pleinement le rôle qui est le leur dans le cadre de la réalisation de ces infrastructures, nécessaires au décollage économique et à la croissance de l’Afrique. Quand on sait que celle-ci, depuis l’assassinat du président libyen, Mouammar Kadhafi en 2011, n’a plus de canaux médiatiques capables (Africa No 1, PANA…) de produire et porter sa vision, sa voix reflétant ses propres réalités.
Aujourd’hui et très souvent, les clichés que certains médias non-africains envoient sur l’Afrique, sont caricaturaux (calamité, famine, guerre, épidémie…).
Alors pourquoi ne devraient-ils se saisir de cette embellie économique qui pointe à l’horizon via l’initiative de ‘’la Ceinture et Route’’ pour inverser le paradigme et faire renaître le continent de ses cendres ?
En entendant l’éveille des consciences dans le microcosme médiatique africain, la marche existentielle vers un »nouvel ordre mondial des médias », a été annoncée avec solennité à l’occasion des travaux du récent forum de coopération des médias sur ‘’la Ceinture et la Route’’, organisés le 19 octobre à Beijing, en Chine.