Tout puissant ministre d’Etat chargé des Affaires présidentielles et de la coordination de l’action gouvernementale de Lansana Conté, Fodé Bangoura et d’autres proches du défunt Président commémorent cette année les 13 ans de son décès sous un nouveau régime, celui du colonel Mamadi Doumbouya.
Le 22 décembre coïncide aussi au retour au pays de Moussa Dadis Camara, un des successeurs du Président-paysan. Alors que l’actualité est marquée entre autres par la polémique autour du nouveau nom de l’aéroport de Conakry désormais dénommé ‘’Aéroport International Ahmed Sekou Touré ‘’. Nous avons posé cinq questions à Fodé Bangoura sur tous ces sujets.
Guineenews : il y a maintenant 13 ans jour pour jour, Lansana Conté, deuxième Président de la Guinée indépendante, a quitté les Guinéens. Quelles sont les activités qui marquent la commémoration de cette année ?
Fodé Bangoura : Depuis avant le 20 décembre, nous sommes en activités. Nous avons commencé la lecture du Saint Coran dans l’après-midi du lundi 20 décembre. Mardi, nous avons également poursuivi la lecture du Saint Coran, suivi d’une conférence islamique. Et, nous avons fait des prières pour le repos de l’âme de l’illustre défunt. Nous avons aussi prié pour les Guinéennes et les Guinéens pour qu’il y ait la paix et la prospérité dans notre cher pays, la Guinée.
La commémoration du décès de Lansana Conté intervient cette année sous un nouveau régime celui du colonel Mamadi Doumbouya. Certains proches de l’ancien Président font le parallèle entre lui et l’actuel Président. Estimez-vous qu’ils aient des points communs ?
Le premier point commun, c’est que quand le Général Lansana Conté prenait le pouvoir, il était colonel. Le colonel Doumbouya a pris le pouvoir avec le même grade. Le deuxième point commun, c’est le respect des aînés. Le feu Général Lansana Conté respectait ses aînés, il appelait même certains doyens. Au lendemain de sa prise du pouvoir, le colonel Doumbouya a fait une sorte de pèlerinage. Il est venu se recueillir sur la tombe du Général Lansana Conté. Il a fait de même sur la tombe du feu Président Ahmed Sekou Touré. Cela est aussi un autre point commun aux deux hommes. L’autre point commun, c’est l’aspiration à la démocratie. Lansana Conté fut le père fondateur de la démocratie en Guinée, le colonel Mamadi Doumbouya est également sur cette lancée. On ne finira pas de citer leurs points communs en 10 ou 15 minutes.
En parlant de Sékou Touré, il se trouve que le fait de donner son nom l’aéroport de Conakry a créé une polémique au sein de l’opinion. Au nom des victimes de la première République, une partie de la population s’oppose à la décision du colonel Mamadi Doumbouya…
J’aimerais que les Guinéens révisent de temps en temps leur histoire. Il y a un boulevard à Conakry, quand on était très jeune, on l’appelait huitième boulevard. Après, il a été baptisé boulevard Diallo Telly. Après il y a une avenue, je ne sais pas comment elle a été baptisée, mais à notre tendre enfance on l’appelait avenue Tobman, c’est vers la Caisse de Sécurité Sociale. Ensuite, il y a eu Sékhoutouréya. Est-ce que c’est un autre Sékou Touré ou c’est le même ? Je crois que c’est le même. Et quand Conté a trouvé le nom Sékhoutouréya, quelqu’un a dit : ‘’ Eh, Président ! ‘’. Il (Lansana Conté) lui a dit que Sékou Touré est le plus méritant. Il n’y a pas eu polémique. Pourtant, à ce moment, les mêmes victimes étaient là. Pourquoi cette fois-ci, les victimes parlent. Peut-être qu’il y a un certain nombre de problèmes qui n’ont pas été réglés. Notre souhait est que les Guinéens s’asseyent, revisitent de temps en temps leur histoire, se pardonnent, s’acceptent et parlent d’une même voix.
Cette commémoration coïncide également au retour d’un des successeurs de Lansana Conté au pays. Je veux parler de Moussa Dadis Camara. Il y a également Sékouba Konaté qui est revenu au pays. Que dites-vous de tous ces retours au bercail ?
Dadis ou Sékouba, je crois qu’il faut tout d’abord généraliser. La Guinée appartient aux Guinéens et aux Guinéennes. Tout fils qui regagne sa terre natale, je m’en réjouis. Ils sont venus chez eux, c’est ici qu’ils doivent résider. Ils peuvent être ailleurs pour des raisons diverses. Quoi qu’il en soit, je salue vivement leur retour au pays et je remercie vivement tous ceux qui ont permis à ces deux personnalités de regagner leur terre natale.
L’un des héritages laissés par le Général Lansana Conté est le PUP, le Parti de l’Unité et du Peuple. Sauf que depuis son décès, ce parti a du mal à s’affirmer sur l’échiquier politique national. Que faites-vous pour relever le PUP ?
Montrez-moi un parti qui n’a pas de difficultés dans le monde. Pas seulement en Guinée. Vous remarquerez tous les mouvements politiques ont des difficultés. Ça dépend de la nature de la difficulté. Le baobab est décédé, l’arbre est tombé et les arbustes qui étaient au-dessus ont eu des difficultés pour monter. Ils finiront par se retrouver et si vous vivez la réalité, vous comprendrez qu’ils sont en train de se retrouver, ils sont en train de se battre pour reprendre leur place sur l’échiquier politique en Guinée.