Situé dans la préfecture de Kissidougou, le village de Télikôrô, dans la sous-préfecture d’Albadariah à environ 75 KM du centre urbain, est traversé par le fleuve Niandan. C’est sur les rives de cet important cours d’eau dans cette petite localité, qu’une entreprise chinoise dénommé CDM Chine, chargée des travaux de construction des chemins de fer de Simandou, a entamé il y a de cela quelques semaines d’importants travaux d’extraction de sable.
Ces travaux pouvant avoir d’énormes impacts à l’avenir sur l’environnement, ne laissent pas indifférentes les populations riveraines. Ce weekend, des jeunes ressortissants du village mécontents se sont rendus sur le site, pour arrêter les travaux.
Bangaly Mara, est l’un de ses jeunes qui exprime sa colère : « On a constaté ces derniers jours qu’une société étrangère est en train de vider activement notre fleuve de son sable. Nous sous sommes renseignés, et on nous a fait savoir qu’il s’agit d’une entreprise chinoise qui doit construire le chemin de fer de Simandou et que c’est dans le cadre de la construction de leur base vie dans la localité de Douako dans Kouroussa, qu’ils viennent chercher le sable ici. Il nous a été rapporté aussi que c’est le maire de la commune rurale d’Albaderiah Lamine Tounkara et le sous préfet, lieutenant Moussa Doumbouya qui à la solde des responsables de l’entreprise chinoise, sont venus soudoyés les vieux du village en leur disant que ce fleuve appartient à l’Etat et que les chinois qui sont venus pour extraire le sable, travaillent avec l’Etat. A ces vieux, ils n’ont pas manqué de remettre une somme de 15 millions GNF en disant que ça, c’est leur prix de colas et ils ont signé des papiers qu’ils disent n’avoir aucune connaissance de leur contenu. Mais nous en tant que jeunes, nous avons constaté que les impacts de ces travaux sur l’environnement sont énormes. Donc c’est pourquoi nous sommes tous venus pacifiquement aujourd’hui pour stopper les travaux afin que les choses se clarifient et que surtout des dispositions idoines soient prises pour préserver la vie de ce cours d’eau », a expliqué bangaly Mara, l’un des jeunes en colère.
Apportant plus de précision sur cette affaire, Sidiki Mara, président de la jeunesse et par ailleurs, l’un des représentants de la communauté ayant signé ce fameux contrat d’extraction de sable dans le village de Télikôrô, nous explique comment selon lui « ils ont été piégés » : « Nous avons été trompés. Le maire de la commune rurale et le sous-préfet sont venus nous donner 15 millions GNF en disant que le fleuve est un domaine étatique et qu’on doit tous signer le papier pour le début des travaux jusqu’à une durée illimitée. Aucun de nous n’est instruit donc, on a signé le papier. Aujourd’hui, ce sont des jeunes ressortissants du village qui se sont imprégnés du dossier et qui ont décidé de nous venir en aide en exigeant que le contrat soit revu à l’avantage du village qui est impacté par les travaux. Nous demandons aussi que les jeunes du village qualifiés dans tous les secteurs d’activité soient employés», a-t-il réclamé.
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A défaut d’avoir un responsable de la société sur place, nous avons pu rencontrer le maire et le sous préfet de la commune rurale d’Albadariah qui reconnaissent tous les deux avoir servi d’interface entre la communauté et l’entreprise Chinoise en charge de la construction du chemin de fer du projet Simandou.
« J’étais à Kissidougou quand j’ai été alerté que des jeunes de Télikôrô sont venus arrêter les travaux de la société. Après les avoir entendus, nous avons décidé ensemble que les travaux ne seraient jamais redémarrés tant que tout ne sera pas clair. Nous allons transmettre votre message à la société et ensuite on reviendra vous rendre fidèlement compte. Tant que vous ne serez pas satisfaits et qu’un protocole d’accord ne sera pas trouvé, les travaux resteront bloqués, en attendant ce que diront mes chefs hiérarchiques », nous a exprimé le sous préfet, le lieutenant Moussa Kourouma.
Pour sa part, le maire de la commune rurale d’Albadariah Lamine Tounkara s’est expliqué en ces termes : « Effectivement, c’est vers moi que la société s’est dirigé pour exprimer, leurs désirs de venir extraire dans ce village du sable devant servir pour la construction d’une base pour le projet Simandou. Nous sommes tous partis trouver les sages du village pour leur expliquer cela. Après les quinze millions qu’ils nous ont octroyés pour la communauté, nous leur avons remis cela. Les sages nous ont donné par la suite leur accord. C’est pourquoi les travaux ont pu démarrer. Certains ressortissants m’ont appelé pour me faire part de leurs préoccupations. Je leur ai dit qu’on peut stopper les travaux pour revoir la situation ensemble. On va discuter pour voir comment toutes les parties peuvent être satisfaites avant de relancer les travaux. En tant que maire, c’est l’intérêt de ma communauté que je suis censé défendre. Nous avons reçus toutes les revendications. A notre tour, nous allons échanger avec les responsables de l’entreprise pour trouver un terrain d’entente afin que les jeunes puissent avoir du travail et que la communauté perçoit des indemnités à cause des impacts néfastes que ces travaux engendrent », a-t-il promis.