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Faya Millimono : « Le temps que j’ai fait en prison a été une autre école »

Dans une interview qu’il vient d’accorder à votre quotidien en ligne, Dr Faya Millimono, président du Bloc Libéral (BL), est largement revenu sur l’actualité politique mais aussi la situation des détenus de la Maison centrale et les attaques rebelles de 2020 contre la Guinée. Dans cet extrait que nous vous proposons, le leader du BL parle du constat qu’il a fait des conditions dans lesquelles vivent les prisonniers  durant son séjour à la Maison centrale.

 « Le temps que j’ai fait en prison a été une autre école. Je suis d’abord enseignant. La première chose qui m’a frappée c’est quand j’ai vit des enfants à l’âge de 5 à 6 ans là-bas passer de cale en cale, ils se promènent, mais ils sont en prison. Quel environnement peut leur permettre de se préparer à une vie au sein d’une société ? Une autre chose qui m’a frappée, c’est quand j’ai vu des enfants emprisonnés à la Maison centrale au contact de ceux à qui on a reproché des crimes de sang. Qu’est-ce qu’on fait de l’influence de ces adultes sur ces enfants ? Est-ce que la Guinée ne peut pas se doter d’un centre pénitencier pour les enfants, avec un dispositif éducatif qui permette à ces enfants à qui on a reproché des infractions qui devaient les conduire à avoir leur liberté restreinte, mais qu’on leur réserve encore la chance de pouvoir continuer leur éducation et s’insérer dans la société. On dirait que dans notre système la présomption d’innocence n’existe pas. Lorsqu’on accuse quelqu’un d’avoir tué, d’avoir volé, d’avoir calomnié et on le met sous mandat de dépôt, son jugement devient un droit. Mais qu’est-ce j’ai constaté ? C’est qu’il y a des compatriotes qui sont en prison depuis un an, deux ans, certains depuis trois ans, il y en a même depuis bientôt dix ans, qui n’ont pas encore été présenté à un juge. Il y en a même dont on déclare que les dossiers sont perdus, il faut les reconstituer. Pendant ce temps, ils sont en train de continuer à végéter à la Maison centrale. Ça c’est abusif, çà, ça va au-delà du respect des droits pour lesquels nous sommes en train de nous battre. J’ai rencontré des gens qui n’ont même plus l’usage des membres inférieurs, parce que c’est exigu. La Maison centrale c’était peut-être pour 300 ou 400 prisonniers. On en compte 1 500 au moins. Et de ce nombre pléthorique, il n’y a pas plus de 200 qui ont été jugés, condamnés et qui savent pour combien de temps et pour quelle raison ils sont là. J’ai appris beaucoup de choses au cours de mon séjour à la Maison centrale. Le système judiciaire guinéen a beaucoup à faire. Et cela a  renforcé d’avantage notre conviction que ce combat-là vaut la peine d’être menée, parce que ce sont des injustices que nous arrivons à des cas d’affrontement. Parce que la paix ne peut être construite que lorsque tout le monde travaille à créer une atmosphère de justice. Ça, ça manque dans notre pays ».

 Parlant de ses conditions de détention, il qualifie les « d’acceptable » par rapport à celle des autres prisonniers.

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