Cela fait 34 ans, jour pour jour, que le premier président de la Guinée indépendante, Ahmed Sékou Touré, disparaissait. Depuis sa mort, la Guinée et d’autres pays dans le monde se souviennent de lui le 26 mars de chaque année. Mais, il y a belle lurette que les cérémonies commémoratives de cette date historique étaient négligées et ne suscitaient pas d’engouement particulier dans le pays, même dans sa ville natale, Faranah. Le lundi 26 mars 2018, dans une atmosphère pleine d’émotion, la jeunesse de Faranah a décidé de célébrer et de rendre un hommage mérité au grand panafricaniste que fut Sékou Touré. Une initiative vivement saluée par les filles et fils de Faranah qui se sont activés pour se souvenir de leur fils en lui rendant un vibrant hommage. A la devanture, comme dans la cour de la résidence privée de Sékou Touré, sont arborées les images de Sékou Touré, comme pour dire que les souvenirs lointains du Responsable suprême de la Révolution sont encore gravés dans les mémoires. La forte mobilisation des citoyens de Faranah à cette occasion sonne comme un réveil ou une prise de conscience. Présidée par le Gouverneur de Faranah, la célébration de ce 34ème anniversaire a connu une mobilisation des populations, des autorités à tous les niveaux, des confessions religieuses et des organisations de la société civile.
Dès 6 heures, tout de blanc vêtues et bien parfumées, les populations se sont rendues à la concession de la famille Touré pour se souvenir du Responsable suprême de la Révolution et donner à l’évènement toute sa signification. Sur leur visage se lisait une réelle émotion. Certains sont allés jusqu’à verser des larmes.
Dans leur ensemble, ils disent retenir de l’homme, l’image d’un grand panafricanitse qui s’est battu pour la dignité de l’homme noir. Sékou Touré a, en effet, été de ceux qui ont été à l’avant-garde du combat pour libérer son pays, la Guinée. Son rôle fut primordial dans l’acquisition de l’indépendance de la Guinée le 02 Octobre 1958. Quatre jours plutôt, alors que le président français De Gaulle faisait escale à Conakry pour promouvoir et faire adhérer les colonies françaises au concept de communauté franco-africaine, Sékou Touré, prononçant un discours resté gravé dans les annales de l’histoire, lancera : « Nous préférons la liberté dans la dignité à l’opulence dans l’esclavage ». Une phrase restée en travers de la gorge de De Gaulle jusqu’à sa mort, se souviennent-ils.
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Le président de la fondation internationale Ahmed Sékou-Touré, Fodé Mandiaye Magassouba, invite les citoyens de Faranah à maintenir la notion de la révolution et non l’extrémisme pour préserver l’unité nationale et la concorde.
Quant au président du conseil national des organisations de la société civile guinéenne, Dr Dansa Kourouma, il a dit ceci : « la jeunesse c’est la locomotive du futur. C’est à elle qu’il revient la responsabilité de porter et de gagner toutes les compétitions sur le plan économique, social, politique. Mais à condition qu’elle soit servie par de bons exemples et motivée pour défendre les causes justes. La jeunesse guinéenne, africaine, était orpheline par ce qu’il n’y a pas d’homme visionnaire. Sékou Touré est un symbole. Peut-être l’homme avait des détracteurs mais je dis une fois encore aujourd’hui que tous ceux qui ont été vexés, touchés, agressés par le régime de Sékou Touré, pardon. Mais les valeurs de l’homme dépassent les dégâts qu’il a causés. Une fois encore, nous plaidons en tant que jeunes de Faranah pour que Sékou Touré soit reconnu comme héro national, comme symbole de la libération du continent africain et de notre chère Guinée.
De son côté, le Directeur de cabinet du gouvernorat de Faranah, représentant le Gouverneur, Mohamed Lamine Keita, a souligné : « je suis très heureux de partager ces moments de reconnaissance et de recueillement à l’endroit de feu président Ahmed Sékou Touré qui a consacré toute sa vie à l’émancipation des peuples africains en général et de notre pays la Guinée en particulier. »
En ce 26 mars 2018, les activités ont été marquées par l’inauguration de la statue de l’éléphant, symbole de Sékou Touré. Un carnaval imposant s’est ébranlé de la résidence de Sékou Touré pour la place des martyrs et la place Ahmed Sékou Touré. Il y a eu aussi la lecture du Saint Coran au domicile de l’illustre disparu, une cérémonie de recueillement à la place des martyrs, une conférence-débat sur la vie et les idéaux de l’homme, la projection d’un film documentaire sur le père de l’indépendance guinéenne.