Lors de la présentation du budget du gouvernement devant les conseillers nationaux de la transition le vendredi 22 décembre, le gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG), Dr. Karamo Kaba, est revenu sur les conséquences néfastes que la crise liée à l’incendie récemment survenu au dépôt principal d’hydrocarbures à Kaloum.
Selon Dr Karamo Kaba, l’incendie qui s’est déclenché dans l’entrepôt de carburant de Kaloum, entraînant l’explosion des compartiments des cuves à essence et de lubrifiants, a conduit le gouvernement à prendre des mesures conservatoires et de sécurité qui ont consisté en la fermeture des stations-service, des écoles et l’arrêt du travail dans les secteurs public et privé à Kaloum.
Ce drame, a-t-il expliqué, a entraîné des pertes en vies humaines et la destruction des installations de la Société Guinéenne des Pétroles (SGP) ainsi que des édifices publics et privés situés dans les environs.
« Soyons clairs et lucides, cet incendie aura des répercussions économiques et sociales importantes. Au plan économique, la croissance sera affectée. En effet, si la destruction des installations de la SGP entraîne à moyen terme une rupture de l’approvisionnement du pays en carburant, cela risque de perturber les secteurs des transports, de l’industrie, du commerce, des services, etc. », a-t-il alerté.
Au niveau de l’inflation, a déclaré Karamo Kaba, cette perturbation pourrait vraisemblablement occasionner une flambée des prix à la consommation.
« A ce jour, les transports interurbains ont augmenté de plus de 60% dans l’ensemble du pays et ont triplé par endroits. Si cette tendance se poursuit, l’inflation en glissement annuel au niveau national pourrait se situer à plus de 10% en décembre 2023 contre une prévision de moins de 5% », a-t-il expliqué avant d’ajouter qu’elle pourrait dépasser 15% dans la région de Conakry alors qu’elle se situait à 8% en novembre 2023.
En termes de finances publiques, poursuit-il, le budget de l’État sera affecté par la baisse des recettes liées au ralentissement des activités, et par la hausse des dépenses sociales liées à la prise en charge des sinistrés et à la reconstruction des infrastructures endommagées.
Compte tenu de la situation d’urgence, a commenté Dr Karamo Kaba, le gouvernement pourrait envisager l’élaboration d’un plan de riposte, avec l’appui des partenaires au développement.
« Il pourrait également solliciter le soutien des pays voisins pour assurer l’approvisionnement continu du pays en carburant jusqu’à la construction de nouvelles infrastructures pétrolières. En attendant la construction de ces infrastructures, le gouvernement pourrait envisager la transformation de certaines cuves à gasoil en cuves à essence », a-t-il précisé.
Poursuivant, Dr Karamo Kaba a affirmé que les nouvelles infrastructures pétrolières devraient être construites sur des sites éloignés des habitations, avec les mesures de sécurité appropriées. « C’est ce que la SONAP avait commencé à faire suivant les instructions du président de la République à Mandiana et à Morybaya », a-t-il annoncé.
En plus de l’objectif de stabilité des prix, a déclaré Dr Kaba, la BCRG œuvre également au soutien de l’activité économique guinéenne tout en évitant de raviver l’inflation.
« C’est la raison pour laquelle le Comité de Politique Monétaire de la BCRG a décidé, à l’unanimité, lors de sa réunion ordinaire du 22 septembre 2023, d’assouplir les conditions monétaires. Une baisse du taux directeur de 50 points de base, passant ainsi de 11,5% à 11,0% ; une baisse du taux des réserves obligatoires de 200 points de base pour se situer à 13,0%, contre 15,0% auparavant », a-t-il ajouté.
Avant de rassurer sur le fait que cette décision ait permis d’insuffler à l’économie l’équivalent de 5 000 milliards de GNF, ce qui se traduira dans les mois à venir par une libération de ressources financières additionnelles qui seront destinées au financement aussi bien du secteur privé que du secteur public, et par ricochet contribuerait à générer une croissance économique.
Pour terminer, le gouverneur de la BCRG a laissé entendre que l’instruction présidentielle sur le rapatriement de 50% des recettes d’exportation est déjà entrée en vigueur depuis le 1er septembre 2023.
« Cela permettra, sans nul doute, de renflouer davantage nos réserves de changes pour défendre notre monnaie et ainsi réduire davantage les pressions inflationnistes pour le bonheur de nos populations », a-t-il conclu.