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Expulsé de sa résidence, l’ancien ministre Mohamed Tall réagit : «c’est un coup d’épée dans l’eau»

Expulsé de son domicile, sis au quartier Minière, lundi 26 mars par des gendarmes, l’ancien ministre de l’Elevage, Mohamed Tall, est revenu sur les circonstances de ce déguerpissement musclé qu’il met au compte d’un règlement de compte et de persécution dirigés contre des personnes gênantes dont lui.

« Je commence mon propos en insistant sur une idée qui me parait fondamentale. On est entré dans une phase de règlement de compte, de persécution, de destruction des personnes qu’on trouve gênantes. C’est une idée fondamentale qu’il faudrait comprendre par rapport à ce qui s’est passé lundi et d’une manière générale dans notre pays depuis quelque temps», a-t-il déclaré à la presse à son bureau, sis au quartier Coléah.

Mohamed Tall fustige le système actuel qui, à son avis, ne respecte ni les textes de loi ni l’être humain. «Pourquoi je le dis ? C’est le patrimoine bâti qui a initié une procédure en justice, elle a fait une assignation en expulsion. Dans l’assignation, ce n’est pas Mohamed Tall ancien ministre ou ministre, mais le citoyen Mohamed Tall qui est concerné. C’est d’ailleurs à ce titre que le contrat signé avec le patrimoine bâti a été signé. Et dans l’assignation, il est dit pour cause d’utilité publique. Mais ce sont des mensonges primaires», a-t-il fustigé.  

L’ancien ministre regrette qu’avant même que la décision de justice ne tombe, on assiste à la présence des gendarmes à son domicile pour barricader les lieux. «J’étais en réunion politique lorsqu’on m’a informé de cela. J’ai continué ma réunion. A la fin, je me suis rendu sur les lieux, j’ai constaté la présence de trois gendarmes. Ceux qui étaient à la maison m’ont expliqué comment les choses se sont passées en réalité. Il parait que ce sont trois pick-up qui ont été préparés qui font au moins une trentaine d’hommes en uniforme. On a fait sortir ceux qui étaient à l’intérieur manu militari. J’ai pu récupérer les affaires personnelles », a-t-il expliqué avant de s’interroger: «alors la question fondamentale qu’on doit se poser aujourd’hui, c’est celle de savoir où est l’Etat de droit ? Où est la République ? Nous avons à la tête de notre pays aujourd’hui un professeur de droit qui, apparemment, n’a pas de considération pour les institutions puisqu’on n’attend pas que la justice se prononce ».

A-t-il reçu un préavis de la part du patrimoine bâti public ? « Il y a eu des délais farfelus, trois jours, un mois, bref, les délais étaient changeant en fonction des courriers. Mais ce qui est fondamental, l’action était pendante devant la justice. Alors je ne comprends pas comment on peut saisir la justice et en même temps se faire justice », s’est interrogé M. Tall.

Pour lui, l’acharnement contre sa personne n’est qu’un coup d’épée dans l’eau. «Quand vous avez un système qui devient moribond, qui n’a plus de capacité à répondre aux besoins des populations, voilà des choses qu’il fait. Il s’attaque à des individus en pensant les détruire. Mais me voilà devant vous. Je ne suis pas défait, je suis là, combatif et toujours ferme sur mes positions. Donc, c’est un coup d’épée dans l’eau. Ils ont cru m’atteindre, mais me voilà aujourd’hui et le combat continue», a-t-il lancé.

L’ancien ministre de l’Elevage n’a pas manqué d’égratigner de passage le chef de l’Etat : «en Guinée, désormais, personne ne doit se sentir protéger contre quoi que ce soit. Parce que si en 2010, certains ont dit qu’ils ont hérité d’un pays, aujourd’hui, il ne reste plus rien de rien. Il n’y a pas d’Etat, il n’y a pas de pays,  il n’y a vraiment plus rien. On est un peu comme dans une jungle. C’est cela la réalité. Donc ça pose fondamentalement le problème de protection des citoyens », a-t-il interpellé.

Du cas du 3ème mandat

Pour lui, tous ces agissements vont dans le sens du projet d’un 3ème mandat pour le Président Alpha Condé. Ce à quoi il se dit opposé. «Nous avons une ambiance qui prévaut aujourd’hui en Guinée, c’est cette histoire de 3ème mandat. On doit dire haut et fort que le 3ème mandat ne marchera pas. Parce que ça n’a pas de sens. Je l’avais dit, je le réitère, je ne sais pas maintenant quelles sont les représailles que je peux subir, mais ça ne peut pas marcher et ça aucun sens», a dénoncé Tall.

Il n’est pas tendre avec le chef de l’Etat en ce qui concerne le 3ème mandat. « C’est quand même extraordinaire. On voudrait bien poser la question au principal concerné. Qu’est-ce qu’il propose aux Guinéens pour le 3ème mandat qu’il n’a pas pu réaliser dans son premier et second mandat. Vous pouvez écouter toutes les interventions, vous ne trouverez jamais un discours cohérent dans un secteur pour expliquer comment on va améliorer les choses. Toujours des discours assez abstraits qui ne servent à rien et qui n’apportent rien », attaque l’ancien ministre.

 Pour Mohamed Tall, le président Alpha Condé est pris en otage par un groupe de personnes. « Le Président est pris otage par un petit groupe de personnes qui ont tous à peu près le même profil. Des gens qui n’ont aucune moralité, des gens qui n’ont aucune conviction, qui ne représentent rien du tout, qui sont là pour profiter de l’occasion et sortir de l’argent en faisant croire au président qu’ils peuvent lui donner le 3ème mandat. C’est faux! De Conakry jusqu’à Lola, Yomou et même à l’étranger, personne n’est d’accord avec cette idée ».

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