Quatre des principaux accusés dans le massacre du 28 septembre ont été exfiltrés le week-end dernier avant qu’on ne réussisse à en retourner trois. Il s’agit notamment du Capitaine Moussa Dadis Camara, du Colonel Moussa Tiégboro Camara et du Colonel Blaise Goumou.
Au regard de cette scène digne d’un film hollywoodien, l’ancien ministre de la Réconciliation nationale, Bah Oury, qui s’exprimait sur les antennes de FIM FM ce lundi, lance une alerte avant d’interpeller les actuelles autorités du pays sur la prise en compte des recommandations des Assises nationales. Verbatim !
« La République est fragile. Et cette fragilité de la République, dans les circonstances actuelles, doit amener tous les responsables [que ce soient les autorités de la transition, que ce soient les autres acteurs, que ce soient le Barreau, les magistrats, les citoyens, les acteurs politiques et de la Société civile] à faire preuve de responsabilité et de sens de retenue dans des circonstances exceptionnelles dans l’histoire de la Guinée. Nous sommes sur une corde raide, il suffit que ça balance d’un côté de manière brusque pour que tout chavire. Donc, il faut prendre conscience de ce fait.
Deuxièmement, le procès du 28 septembre 2009, l’organisation de ce procès est un acte courageux de la part du CNRD et des autorités actuelles de la transition. C’est un courage et c’était quelque chose d’historique qu’il faut maintenir dans le sens de la primauté du droit au-delà de toute autre considération et qui peut impacter négativement le processus de ce procès. Et donc, comme il y a des processus de recherche en cours, il est important de souligner, dans le contexte actuel, il faut que les autorités des forces de défense et de sécurité qui sont à la recherche du fugitif ou des fugitifs, de faire en sorte que l’intégrité physique de ceux-là, dans des circonstances susceptibles de pouvoir être réalisées, que leur intégrité physique soit protégée, parce qu’en fin de compte, ce qui pourra faire grandir la République, ce qui pourra nous faire aller dans un sens positif, c’est que le droit triomphe quelle que soient les intempéries, quelles que soient les bourrasques qui peuvent intervenir.
La troisième chose, c’est de dire, de manière globale, que dans notre pays, on frôle des dangers. Mais des dangers doivent nous alerter et nous remettre sur les bons rails, dans le bon sens, pour remettre les fondamentaux dans le sens de consolider le processus actuel, d’aller dans le sens de la transition, pour que cela débouche dans des conditions idoines et favorables pour tous.
Quatrièmement, la gestion d’une transition, indépendamment de la Guinée, dans n’importe quel pays du monde, c’est la gouvernance la plus dangereuse, la plus difficile et la plus complexe. Donc, il faut à chaque fois faire attention à ce qu’on fait, à la manière dont on le fait pour maintenir le cap, maintenir la cohésion, maintenir la paix civile, maintenir un consensus général qui puisse permettre d’aboutir, parce qu’il y va de l’intérêt de la Guinée.
Des pays comme l’Espagne, la sortie du régime de Franco n’a pas été facile. Il y a eu beaucoup de tentatives pour faire revenir les choses en arrière, mais vaille que vaille, ils ont réussi à aller de l’avant. Nous aussi, en Guinée, ce sera le cas. Donc, il faut être alerte, il faut être vigilant, il ne faut pas négliger quoi que ce soit, et il faut aller dans le sens de la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales pour ne plus qu’on revienne en arrière, pour qu’on aille de l’avant. Et ça, c’est de la responsabilité des autorités du gouvernement actuel d’accélérer la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales dans le sens de consolider et réaffirmer la réconciliation nationale en Guinée. Ne rien faire, retarder, c’est préparer plus ou moins des bombes qui risquent d’exploser à tout moment. Et ça, le gouvernement actuel a une part de responsabilité dans certaines lenteurs qui sont dommageables à la sécurité civile et à la sécurité nationale« .