Dans le but de lutter contre la corruption et le détournement des deniers publics, le président de la république a signé un décret le 13 novembre dernier relatif au nouveau formulaire de déclaration du patrimoine. Deux semaines après la publication de ce décret, Alpha Condé a créé une commission restreinte de recensement des biens de certains hauts cadres de l’Etat qui abuseraient les maigres ressources du pays, les recettes publiques et le budget des différents départements sectoriels. Crédit photo : METFPE.
La ministre Zenab Nabaya épinglée : son stratagème et ses complices !
Suite aux travaux menés par cette commission émanant du cabinet présidentiel, la ministre de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’emploi a été épinglée pour non justification de 28 milliards de francs guinéens et plus de 100 milliards de déficit qu’elle a laissé quand elle était directrice administrative et financière (DAF) au ministère de la santé. Sans compter un montant de plus de 56 milliards prétendument « détourné » au moment où elle était DAF au ministère de l’Agriculture. Tout ça, c’est au compte Djenab Dramé alias « Zenab Nabaya », actuelle ministre de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’emploi et directrice adjointe du directoire de campagne du candidat Alpha Condé lors de l’élection présidentielle du 18 octobre dernier.
« Pour l’organisation des examens nationaux au compte de l’année 2020, le ministère a demandé 27 milliards de francs guinéens. La ministre Zenab a majoré ce montant à 43 milliards de nos francs. Soit une augmentation de 65,38% du montant initial. Pire, sur les 43 milliards GNF débloqués des comptes du trésor public pour l’organisation des examens, elle n’a donné que 15 milliards GNF au chef service des examens et contrôle qui ne suffisaient pour l’organisation des deux semaines d’examens théorique et pratique. Elle a empoché toute seule et ses complices 28 milliards GNF au lieu de les retourner dans les caisses de l’Etat », a déclaré une source proche du dossier avant d’ajouter qu’elle a laissé un déficit de plus de 100 milliards GNF quand elle était DAF au ministère de la santé. « Au ministère de l’agriculture, l’équipe d’enquête a établi un montant de 56 milliards de francs guinéens subtilisé par Zenab Nabaya quand elle était DAF là-bas…», a ajouté notre source tout en indiquant que tous ses biens en Guinée et à l’étranger ont été recensés et remis au président de la république. Ce dernier lui aurait intimé de les vendre et rembourser les montants qu’elle a détournés à l’Etat, martèle-t-on.
Avec la complicité du ministère du budget, elle a négocié et obtenu un crédit supplémentaire de plus de 35 milliards de francs guinéens pour dit-on équiper les centres de formation professionnelle (CFP) de Kankan, Kouroussa, Kerouané, Siguiri et N’zérékoré. Sachant que cette rubrique relève du volet investissement du budget national et de facto de la ministre du plan et du développement économique Mamakany Diallo, qui semble être regardante des procédures, elle a by-passé celle-ci pour utiliser la complicité du ministère budget. Via une lettre adressée au ministère du budget dont nous détenons copie, pour contourner la direction nationale des investissements (ministère du plan), elle a indiqué dans l’intitulé de ladite lettre achat « d’autres produits spécifiques » au lieu de mentionner « achat des équipements » qui aurait exigé des justifications en la matière. À date, l’argent a été décaissé, la liste des entreprises au nombre de 9 via un contrat de gré-à-gré existe mais aucun équipement n’a été acheté ; pour l’argent, seule la ministre Zenab pourra dire où les 35 milliards sont partis, rapportent nos sources d’information.
En outre, dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, l’agence française de développement (AFD) a donné via l’agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS) plus d’un milliard trois cent millions de francs guinéens au département de l’enseignement technique montant qui devrait être distribué aux CFP dans le cadre des mesures préventives de lutte contre la COVID-19. Mais, à en croire nos sources d’informations, aucun enseignant ni CFP n’a reçu une prime de cet argent, parti directement dans les poches de la ministre.
À lire aussi
Toujours avec la complicité du ministère du budget, un autre montant de 15 milliards de francs guinéens a été décaissé et payé à la ministre au compte du ministère de l’enseignement technique au titre de « primes de séparation » dont aucun cadre du département n’a entendu parlé d’une telle prime. Toutefois, précisent nos sources, ça ne vient pas du budget du département. Seule la minsitre pourra justifier cet autre montant avec ses complices au ministère du budget. On nous a fait savoir que le ministre du budget Ismaël Dioubaté n’était pas disponible pour répondre à nos questions ; qu’il était devant les députés ce mercredi 25 novembre au Palais du peuple pour présenter la loi initiale des finances 2021
Interrogée par Guineenews© pour connaître sa version des faits concernant ces allégations, la ministre de l’enseignement technique Zenab Nabaya a déclaré : « La pratique est courante dans l’administration d’accuser et de diffamer. Là, il s’agit d’honneur, celui d’une jeune femme coupable d’avoir bénéficié de la confiance du chef de l’Etat à une haute fonction. Le moment venu, nous en parlerons. Je n’ai rien à me reprocher, ni à cacher. La vérité sera connue de tous. »
La colère du président Alpha Condé…
Pendant la période pré-électorale et celle électorale, Guineenews© a appris que beaucoup de cadres issus de la mouvance ont estimé que nous étions dans une ambiance de fin de règne du régime d’Alpha Condé et que selon les propos attribués au chef de l’Etat « les militaires allaient prendre le pouvoir » au regard de la crise politique aiguë qui sévissait dans le pays et qui perdure encore malgré un climat d’accalmie précaire. Étant mis au courant de cette situation avec de mémos techniques et des interrogations des cadres du département ça et là, le chef de l’Etat n’en revenait pas. « Ce qui a exacerbé sa colère, c’est que l’AFD devait accompagner la Guinée pour combler le déficit avec une enveloppe de 62 millions d’euros. Mais l’agence française de développement ayant su que le montant initial d’un milliard 300 millions octroyé au département de l’enseignement technique avait été détourné, a pour l’instant, refusé de donner cette enveloppe d’aide budgétaire à la Guinée », a fulminé notre source précisant que le président a instruit l’accusée présumée de rembourser toutes les sommes qu’elle semble avoir détourné.
Se sentant désormais dans le collimateur du chef de l’Etat, Zenab a demandé aux membres de son cabinet de bien vouloir trouver des justificatifs par rapport aux montants détournés. Cependant, ceux-ci à part les 15 milliards qu’elle a donnés dans le cadre de l’organisation des examens ont refusé de jouer à un tel jeu rappelant la ministre à faire des devoirs conformément aux montants détournés…
Par ailleurs, nos sources précisent qu’elle n’est pas la seule qui est visée par une enquête de ce genre. Au compte de nombreux ministres, DAF et autres directeurs des établissements publics à caractère industriel et commercial reconvertis en sociétés anonymes, les enquêteurs ont recensé plus d’une centaine de maisons en Guinée et à l’étranger qui leur appartiendraient dont ils doivent justifier l’origine des fonds. D’autres directeurs des postes de régie concernés par les enquêtes ont eux-aussi des biens qui ont été recensés (y compris des comptes bancaires) soumis à l’appréciation du chef de l’Etat qui semble être « déçu » de ces abus des deniers publics. Jusqu’où ira-t-il ?
Les prochains jours nous édifieront…