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Exclusif – Finances publiques : deux ministres en désaccord bloquent les dépenses d’investissement (près de mille milliards GNF)

Ce qui se passe en Guinée est vraiment inusité.  Car, le fonctionnement de tous les ministères est bloqué, les activités gouvernementales au ralenti, rien ne marche en ce moment, a-t-on appris de plusieurs sources crédibles. Et pour cause !

Les ministres de l’économie et des finances Mamadi Camara et du plan Mamakani Diallo sont en farouche désaccord par rapport à la procédure de décaissement relative aux dépenses d’investissement estimées à près de mille milliards (1000.000.000.000 GNF), tous les départements confondus.

Ordinairement, les dossiers liés aux dépenses d’investissement suivent le circuit traditionnel, apprend-on. « Généralement, le circuit pour le décaissement des fonds relatifs aux dépenses d’investissement commence au ministère du plan, du ministère du budget puis aux grands projets avant de finir au ministère de l’économie et des finances puisque c’est ce dernier qui est habileté à effectuer l’exécution desdites dépenses. Mais la ministre du plan voudrait, désormais que ce circuit soit un peu modifié. C’est-à-dire, lorsque celui de décaissement commence au ministère du plan, Mamakani Diallo, souhaiterait que les dossiers retournent encore au plan après le budget, les grands-projets, les finances pour qu’elle puisse leur accord avant qu’ils ne retournent encore aux finances pour procéder au paiement », affirment en chœur des hauts cadres en charge de la gestion de l’économie guinéenne.

Au moment où nous oublions cette dépêche, nous n’avons pas été en mesure de joindre les deux ministres, qui, selon les membres de leur cabinet seraient au conseil des ministres.

Par ailleurs, dans le cadre son avant dernière mission d’évaluation des finances publiques en Guinée (PEFA), en juin 2018, le fonds monétaire international (FMI) avait suggéré à la Guinée de prioriser les dépenses d’investissement compte tenu de leur faible capacité d’exécution qu’elle a constatée sur le terrain. Mais malheureusement, le retard continue dans les décaissements pour les dépenses d’investissement.

« L’analyse des résultats de l’évaluation 2018 au regard des trois principaux objectifs financiers et budgétaires se présente comme suit : 

• La discipline budgétaire : la procédure de formulation du budget annuel s’appuie sur des plafonds de dépenses à moyen terme liés à la stratégie du DPBP, mais leur qualité est affectée par des prévisions macroéconomiques et budgétaires de fiabilité peu assurée, et ne résultant pas d’une analyse rigoureuse des effets à court terme et moyen terme. Le suivi des risques budgétaires n’est pas encore effectif. L’exécution du budget annuel est insuffisamment maîtrisée.

• L’allocation stratégique des ressources : si l’examen des budgets par l’Assemblée nationale est satisfaisant, les prévisions et la stratégie DPBP élaborée au moment de la préparation du budget ne reposent pas sur des fondements suffisamment détaillés, notamment en termes de mesure d’impact budgétaire des politiques proposées, pour définir une trajectoire fiable. Les plafonds de dépenses à moyen terme par ministères sont communiqués tardivement pour orienter l’allocation des ressources. La gestion peu efficace des grands projets financés sur ressources propres de l’État ne permet pas d’en maximiser les effets et de soutenir les objectifs du Plan national de développement économique et social (PNDES).

• L’efficacité des services fournis : si la gestion des marchés publics hors PPP est relativement transparente, l’exécution des PPP suite à des ententes directes, combinée avec la gestion inefficace des grands projets d’investissement ne permettent pas d’optimiser l’utilisation des ressources. A ces faiblesses s’ajoutent les données financières incomplètes et de faible fiabilité et l’information très partielle sur les résultats obtenus des services fournis et l’inefficacité de l’audit externe », notait la mission du FMI dans son rapport sur la performance de la gestion des finances publiques (PEFA).

Aux dernières nouvelles, l’arbitrage du premier ministre ou du président de la République est attendu pour débloquer la situation.

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